certain qu'�� Vannes il y a quelques rues o�� l'on peut se parler �� voix basse du rez-de-chauss��e, se prendre la main du premier, et s'embrasser du second.
La capitale des Ven��tes s'enorgueillit aussi de deux affreuses t��tes sculpt��es en bois, �� l'angle d'une vieille maison, et qu'on ne manque jamais de faire remarquer aux ��trangers. Ces deux vilaines figures s'appellent Vannes et sa femme. Y a-t-il une l��gende, je l'ignore; en tous cas, je ne vois rien d'int��ressant ni dans l'anciennet�� de ces bustes informes, ni dans la cicatrice plus r��cente qui traverse leur visage balafr�� une nuit par le sabre de jeunes officiers en trop belle humeur. Cela fit grand bruit (on s'en souvient encore), et les bons Vannetais, habitu��s �� v��n��rer leurs magots, furent fort scandalis��s de ce proc��d�� trop leste... L'��dilit�� elle-m��me s'inqui��ta de quelques r��verb��res cass��s par les m��mes sabres oisifs, et les arr��ts de rigueur furent la digne r��compense de ces joyeuset��s.
On voit encore quelques vieilles portes du temps des fortifications, entre autres la porte Saint-Vincent, dans le couronnement de laquelle on a nich�� le saint. Celui-ci le bras ��tendu et la main lev��e comme pour imposer silence, semble commander aux flots d��bord��s qui menacent d'engloutir la ville. La mer se retira bient?t, et c'est pour perp��tuer le souvenir de ce miracle que l'on a plac�� la statue de Ferrier �� la grande porte qui ouvre devant le port m��me. Sans doute, l'intention ��tait bonne, le sujet bien choisi, fait pour inspirer, et cependant l'art n'a rien �� revoir ici, car l'artiste ��tant d��testable s'est montr�� bien au-dessous de son sujet dans cette grossi��re sculpture, enlumin��e et bariol��e des couleurs les plus criardes et du plus mauvais go?t.
Revenons aux oeuvres de la belle nature: nous avons travers�� la Garenne, charmante promenade en terrasses, dont chacune est plant��e d'arbres d'essences diff��rentes, et qui domine �� gauche les hauts murs d'autrefois. �� leurs pieds serpente un frais ruisseau qui murmure sa douce chanson et remplace avantageusement l'eau noire des foss��s profonds. Il serait ravissant, s'il n'��tait le rendez-vous des lavandi��res qui, l'��maillant un peu trop de leur parole et de leur linge, lui ?tent tout charme et toute po��sie. De l��, nous nous sommes dirig��s vers la pr��fecture, qu'on nous a autoris��s �� visiter. C'est un bel ��difice qui co?te cher, les contribuables en savent quelque chose; mais ce qu'on va admirer, c'est moins le monument en lui-m��me que le parc qui l'entoure o�� l'art et la nature, rivalisent �� qui mieux mieux; ou plut?t l'art a trouv�� �� son service une nature riche, f��conde, pittoresque, qu'il a fa?onn��e sans peine �� tous ses ��l��gants caprices, �� toutes ses heureuses inspirations. Nous avons commenc�� par la serre, vrai palais de cristal, temple de fleurs �� faire r��ver des tropiques, garni de divans, de nattes, qui permettent aux ��lus de ce lieu charmant de s'enivrer tout �� l'aise de parfums et de soleil.
Nous avons ensuite circul�� dans de vastes all��es bord��es de grands arbres, de massifs de fleurs ou d'arbustes, et d��coupant gracieusement la croupe vallonn��e des pelouses. Une rivi��re, d��crivant mille arabesques, ici ruisseau qui soupire, l�� torrent qui gronde, enchasse dans son ��crin liquide les joyaux de Flore. Des ponts suspendus, des passerelles l��g��res, brillant de loin comme des rubans d'or, enlacent ces rives fleuries... Ouf! quel lyrisme, j'en suis tout ��tonn��e; serais-je une descendante de l'h?tel de Rambouillet? Assur��ment la belle Julie d'Angennes n'e?t pas mieux dit.
Enfin, un bois majestueux couronne ce beau domaine, comme un diad��me pos�� sur la t��te d'un roi. Le temps change tout ce qu'il ne d��truit pas. Jadis ces vastes jardins d��pendaient d'une abbaye, et l'on d��couvre encore aujourd'hui, cach��s dans l'herbe, �� l'ombre des ch��nes s��culaires, des granits longs et ��troits, ayant toute l'apparence de pierres tombales, des caract��res d��vor��s par les mousses s'y devinent aussi. Sans doute, de pieux abb��s, les sup��rieurs peut-��tre, ont voulu demeurer apr��s la mort dans le saint asile qui les avait abrit��s pendant la vie. Ce bois ombreux surplombe une grotte l��gendaire, un chaos o�� l'on voit �� cent pieds de haut des rochers s'escaladant les uns les autres �� faire r��ver �� l'ascension des g��ants de la Fable. Tous ces blocs sont rev��tus d'arbres, de plantes folles, de lianes flexibles, s'enla?ant de la base �� la cime, dans un fouillis inextricable. Au pied de ce mamelon d��sordonn��, deux fontaines myst��rieuses ��pandent leurs eaux limpides qui semblent sortir du rocher m��me; oui, myst��rieuses, car ces quartiers de granit, qui paraissent �� peine d��grossis, sont mobiles. La paroi int��rieure du milieu de chaque fontaine tourne sur un pivot de fer et donne acc��s �� une grotte, insondable aux regards, d'en haut comme d'en bas. C'est l�� que la charit�� de quelques fid��les sut cacher et nourrir plusieurs pr��tres proscrits par la Terreur, car alors,
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