Le gorille

Oscar Méténier

Le gorille

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Title: Le gorille
Author: Oscar M��t��nier
Release Date: August 15, 2004 [EBook #13189]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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LE GORILLE Roman Parisien
par
OSCAR M��T��NIER
1891
VICTOR-HAVARD, ��DITEUR 168, Boulevard Saint-Germain, Paris

I
Dans un fumoir ��l��gant de la rue Bellechasse, un soir de mai, se trouvaient r��unis trois hommes, trois amis d'enfance, charm��s de se retrouver apr��s une longue s��paration.
Ils n'��taient ni vieux ni jeunes. L'amphitryon ��tait un militaire de haut grade, raide comme une lance, au parler brusque et bref, mais de cordiale humeur avec ses intimes, c'est-��-dire avec peu de gens.
Le deuxi��me avait d��pens�� en voyages d'exploration le meilleur de sa vie. Il portait les insignes ordinaires de cette carri��re aventureuse; il ��tait absolument chauve et tr��s barbu.
Le troisi��me ��tait un personnage de grande taille, aux cheveux blonds m��l��s de blancs, �� physionomie expressive, douce et attrist��e. L'homme du monde dominait en lui, comme l'homme d'action dans le militaire, et le sceptique dans le voyageur.
Et c'��tait justement pour f��ter le retour de ce dernier, Adrien de Vermont, arriv�� r��cemment de la c?te orientale d'Afrique, que le g��n��ral Mayran avait convoqu�� Paul de Breuilly.
M. de Vermont, emport�� par son sujet, avait ��voqu�� en po��te la vie myst��rieuse de ces pays ��tranges, ��ternellement rebelles �� la civilisation europ��enne. Il en vint �� parler chasses.
--Je me souviendrai toujours, dit-il, d'une certaine chasse au gorille qui m'a fait ��prouver une des plus fortes ��motions que j'aie ressenties.
--Raconte-nous cela, s'exclama le g��n��ral; mais d'abord ��difie-nous sur les moeurs particuli��res de cet animal-l��. Je suis un ignorant, tu sais.
M. de Vermont sourit.
--Les gorilles, dit-il, sont, suivant la science officielle, des mammif��res, des quadrumanes, famille des simiens, division des singes anthropomorphes, genre voisin des chimpanz��s, cr���� par Isidore Geoffroy Saint-Hilaire et ne renfermant qu'une seule esp��ce: le gorilla gina de Hannon, le gorgona de Pline, le pongo d'Andr�� Battel. Pour les n��gres de la Guin��e, les gorilles sont d'assez m��chants n��gres, velus comme les troncs s��culaires ou les roches o�� ils vivent, faisant des fagots, construisant des cabanes au moyen de ces fagots, enlevant des n��gresses pour leur s��rail, mais ne sachant ni parler un idiome, ni faire du feu, ces deux apanages de l'humanit��. Un peloton de gorilles, arm��s de ses dents et de simples batons, mettrait en fuite un de tes bataillons, Gustave, alors m��me que tu le commanderais en personne.
--Cette petite digression, dit le g��n��ral, pour en arriver �� nous dire que tu as tu�� tout seul une douzaine de ces colosses-l��?
--Non, un seul, et pas �� moi seul! J'��tais �� Denis, au Gabon, c?te de Guin��e. Une vaste case, au pied d'une colline, �� la lisi��re d'un h��micycle de paturages, bord�� de grands bois, ��tait habit��e par un clergyman anglais avec sa famille. Sa fille a?n��e, miss Esther, ��tait ag��e de dix-huit ans et fort belle.
Un beau jour, elle disparut. Je laissai la m��re et les autres soeurs en larmes, et je partis avec le p��re et quelques gaillards d��termin��s, pour une battue, de celles o�� une branche cass��e, o�� des empreintes de pas sont les seuls guides.
Apr��s trois jours, nous revenions plus tristes qu'en partant. Au moment de revoir fumer le toit de la case dans la plaine, nous retrouvames, sous un grand arbre, Esther gisant meurtrie, presque m��connaissable, roul��e dans ses v��tements d��chir��s et tach��s de sang. Elle semblait morte. Cependant ses yeux ��taient ouverts et ils nous regardaient. Le clergyman se prosterna, en portant vivement la main sur le coeur de son enfant. Plus m��decin que lui, j'examinai la situation, qui semblait d��sesp��r��e, et je dis au p��re quelques mots �� voix basse. Il fr��mit. La jeune fille fut relev��e et emport��e �� la maison avec des pr��cautions infinies, tandis qu'un n��gre nous devan?ait pour annoncer �� la m��re que miss Esther n'��tait pas morte. Je puis vous dire qu'elle avait ��t�� guett��e, emport��e et violent��e par un gorille.
Bris��e, an��antie, folle de peur, miss Esther n'avait pu ni fuir, ni m��me se rappeler par o�� son athl��tique ravisseur avait pass��; elle s'��tait renferm��e dans l'immobilit�� de l'oiseau surpris par la couleuvre; seulement elle avait suppli�� avec des larmes dans une langue que les gorilles n'entendent pas, et, comme le lion de Florence, le bourreau semblait avoir eu piti�� de sa victime.
La brute avait subi l'ascendant d'une race sup��rieure, en abritant la prisonni��re dans une cabane inaccessible,
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