Le fils du Soleil | Page 8

Gustave Aimard
quelque chose d'extraordinaire �� lui ou sa fille dona Linda, vous allumerez imm��diatement deux feux, l'un sur la falaise des Urubus, l'autre sur celle de San-Xavier, et au bout de quelques heures vous aurez de mes nouvelles. Chacun de mes ordres si incompr��hensible qu'il soit, me promettez-vous de l'ex��cuter avec promptitude et d��vouement.
--Nous le jurons!
--C'est bien. Un dernier mot! Liez-vous avec le plus de gauchos que vous pourrez: tachez, sans ��veiller le soup?on qui ne dort jamais que d'un oeil, de r��unir une troupe d'homme d��termin��s. A propos, m��fiez-vous de Pavito: c'est un tra?tre.
--Faut-il le tuer? demanda Mato.
--Peut-��tre serait-ce prudent, mais il faudrait s'en d��barrasser adroitement.
Les deux gauchos se lanc��rent un regard �� la d��rob��e; don Juan feignit de ne pas les voir.
--Avez-vous besoin d'argent?
--Non, ma?tre.
--N'importe! prenez cela.
Il jeta dans la main de Mato une longue bourse en filet; un grand nombre d'onces d'or ��tincelaient �� travers les mailles.
--Chillito, mon cheval.
Le gaucho entra dans le bois et reparut presque aussit?t, tenant en bride un magnifique coureur sur lequel don Juan s'��lan?a.
--Adieu, leur dit-il, prudence et fid��lit��! Une indiscr��tion vous co?terait la vie.
Et, ayant fait un salut amical aux deux gauchos, il donna de l'��peron dans les flancs du cheval et s'��loigna dans la direction du Carmen. Mato et Chillito reprirent le chemin de la Poblacion-del-Sur.
D��s qu'ils furent �� une certaine distance, dans un coin de clairi��re s'agit��rent les broussailles, d'o�� s'avan?a par degr��s une t��te palie par la peur. Cette t��te appartenait au Pavito, qui, un pistolet d'une main et son couteau de l'autre, se dressa sur ses pieds en regardant autour de lui d'un air effar�� et en murmurant �� mi-voix:
--Canario! me tuer adroitement! nous verrons, nous verrons. Santa Virgen del Pilar! quels d��mons! Eh! eh! on a raison d'��couter.
--C'est le seul moyen d'entendre, dit quelqu'un d'un ton railleur.
--Qui va l��? s'��cria le Pavito, qui fit un bond de c?t��.
--Un ami, reprit Jos�� Diaz qui sortit de derri��re l'��rable et joignit le gaucho, auquel il serra la main.
--Ah! ah! capataz (majordome) soyez le bienvenu. Vous ��coutiez donc aussi?
--Tudieu! si j'��coutais? J'ai profit�� de l'occasion pour m'��difier sur don Juan.
--Eh bien?
--Ce caballero me parait un assez t��n��breux sc��l��rat: mais, Dieu aidant, nous ruinerons ses trames pleines d'ombre.
--Ainsi soit-il!
--Et d'abord, que comptez-vous faire?
--Ma foi! je l'ignore. J'ai des bourdonnements dans les oreilles. Me tuer adroitement! Mato et Chillito sont bien les plus hideux sacripants de la pampa.
--Caramba! je les connais de longue date; �� cette heure ils m'inqui��tent m��diocrement.
--Mais moi?
--Bah! vous n'��tes pas encore mort.
--Je n'en vaux gu��re mieux.
--Auriez vous peur, vous le plus hardi chasseur de panth��re que je sache?
--Une panth��re n'est, apr��s tout, qu'une panth��re, on en a raison avec une balle; mais les deux gaillards que don Juan a lach��s apr��s moi sont des d��mons.
--C'est vrai; donc allons au plus press��. Don Luis Munoz dont je suis le capataz, est mon fr��re de lait, c'est vous dire que je lui suis d��vou�� �� la vie �� la mort. Don Juan ourdit contre la famille de mon ma?tre quelque infernal complot que je veux faire ��chouer. Etes-vous d��cid�� �� me pr��ter main-forte? Deux hommes peuvent beaucoup qui, �� eux deux, n'ont qu'une seule volont��.
--Franchise pour franchise, don Jos��, reprit le Pavito apr��s un instant de r��flexion. Ce matin, j'aurais refus��; ce soir, j'accepte, car je ne risque plus de trahir les gauchos mes camarades. La position est chang��e. Me tuer adroitement! Vrai Dieu, je me vengerai! Je suis �� vous, capataz, comme mon couteau est �� sa poign��e, �� vous corps et ame, foi de gaucho!
--A merveille! fit don Jos��; nous saurons nous entendre. Montez �� cheval et allez m'attendre �� l'Estancia: j'y retournerai apr��s le coucher du soleil, et l��, nous dresserons le plan de contre-mine.
--D'accord. De quel c?t�� vous dirigez-vous?
--Je me rends chez don Luis Munoz.
--A ce soir, alors!
--A ce soir!
Ils se s��par��rent. Le Pavito, dont le cheval ��tait cach�� �� peu de distance, galopa vers l'estancia de San-Julian, dont Jos�� ��tait le capataz, tandis que celui-ci descendait �� grands pas le chemin de la Poblacion.
Don Luis Munoz ��tait un des plus riches propri��taires du Carmen, o�� sa famille s'��tait ��tablie depuis la fondation de la colonie. C'��tait un homme d'environ quarante-cinq ans. Originaire de la vieille Castille, il avait gard�� le beau type de cette race, type qui sur son visage se reconnaissait aux grandes lignes vigoureusement accus��es, avec un certain air de majest�� fi��re auquel ses yeux un peu tristes ajoutaient une expression de bont�� et de douceur.
Rest�� veuf, apr��s deux courtes ann��es de mariage, don Luis avait enferm�� dans son coeur le souvenir de sa femme comme une relique sacr��e, et il croyait que c'��tait l'aimer encore que de se vouer tout entier �� l'��ducation de leur fille Linda.
Don Luis habitait, dans la Poblacion du vieux Carmen, �� peu de distance du fort, une
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