mariage:
--Je vais parler!
La joie revenue au coeur de Jasmin encourageait l'amoureuse. Le gar?on s'��gayait le long de la Seine. Il voulut cueillir une branche de salicaire et s'approcha de l'eau, parmi les joncs du bord: le reflet de la rivi��re illumina son visage d'un or fluide.
--Est-il joli!
Il rappela �� Martine ces jeunes satyres aux chairs roses ou hal��es qu'on voit �� ��tioles dans certains tableaux: ils penchent sur des urnes ou des conques, parmi des plantes aquatiques, leurs t��tons bruns qui fr?lent les p��tales des nymph��as.
Jasmin revint, offrant �� Martine la vergette empourpr��e de la fleur tardive.
--Merci, dit-elle. Je la porterai dans ma chambre en souvenir de toi.
Puis le jardinier interpella le sacristain Euph��min Gourbillon, qui promenait dans un clos son maigre personnage:
--La belle r��colte, Euph��min! Il y a de quoi rougir le nez �� tous les sonneurs de cloches de notre capitainerie de Sens!
Il en interpella d'autres encore et se laissa accoster par maint villageois, au grand d��pit de Martine.
Elle n'osa et ne put rien dire �� Jasmin, moiti�� par timidit�� de jeunesse, moiti�� �� cause des bavards de la route, et ils se trouv��rent ainsi pr��s de la tannerie de Gillot.
--Ah! Martine! s'��cria la tante, c'est gentil de venir nous aider! Va de ce c?t��, o�� se trouvent les fillettes.
Voici l'oncle Gillot! Il est charg�� de paniers d��bordants de grappes encore froides de ros��e. Il s'en d��barrasse. Puis il s'essuie le front et tape sur l'��paule de Jasmin:
--Je suis content que tu sois venu, mon neveu! Eustache Chatouillard nous est aussi arriv��.
Pr��s de la porte du vendangeoir, Eustache, la culotte relev��e mi-cuisse, dans une cuve emplie de raisins, foule, le torse nu.
--Bonjour, Jasmin! s'��crie-t-il. On ne s'est pas revu depuis le jour de la chasse.
Gillot intervient:
--Vous causerez tout �� l'heure. Mon neveu, je t'emm��ne au-dessus des roches.
Buguet dispara?t avec l'oncle et plonge dans la mer des ceps.
Il cueille. Sa serpette habile coupe le p��doncule des grappes au bon endroit. Gillot bavarde. Buguet l'��coute d'une oreille. L'air qui passe, charg�� de fr��missement d'or des coteaux, les tons de turquoise du ciel, le calme du fleuve qui dort son sommeil de grand serpent d'azur, tout le fait songer �� ce qui le tourmente. La vision de Mme d'��tioles r��appara?t au-dessus des ��chalas. Le sentiment qui s'est empar�� de Buguet sur la route de Lieusaint et n'a cess�� de chanter en lui redouble en ce moment. Pour cet amoureux des fleurs, peut-il ��tre plus attirant objet que cette grande dame? Mme d'��tioles para?t au jardinier sortie du plus odorant promenoir d'orangers, d'un cabinet de gard��nias. Le gar?on se penche vers le sol, comme les autres vendangeurs, mais quand il rel��ve la t��te il la sent pleine de gloire: le d��cor encombr�� de rustres, qui semblent traire les vignes, se mue pour lui en parterre de sourires ail��s. La Seine devient le fleuve complaisant: elle doit mener Jasmin vers il ne sait quelle cour o�� Mme d'��tioles tr?nerait comme la statue d'or qui se dresse au fond des grands bassins de Vaux-Pralin, o�� chaque ann��e Buguet va tailler les tilleuls et fa?onner le labyrinthe.
A onze heures, Jasmin et Gillot descendent; ils rencontrent la tante qui porte un pat�� de grives, mis au four d��s patro-minette. Eux-m��mes reviennent de la cave du tanneur, une cave naturelle creus��e dans le tuf: ils sont charg��s de grosses bouteilles cachet��es de cire rouge; Gillot en l��ve une, le sang des grappes flambe dans le verre comme sous la peau des grains et para?t heureux de revivre au soleil.
Les vendangeurs s'assoient �� l'ombre d'une charrette. La m��re Gillot entame le pat��, tandis que Martine distribue les miches.
--Arrivez, les enfants! crie la soubrette.
Elle est saisie et dor��e par le grand air comme les pains qu'elle tend l'ont ��t�� par le four.
Trois vignerons, deux filles, Tiennette s'avancent pour recevoir leur part. Eustache se roule sur l'herbe en riant et l��ve ses pieds et ses mollets rougis par le foulage. Chaque flacon que Buguet d��bouche fait sonner, ainsi qu'un pistolet qu'on d��charge, le creux de son goulot. Le bruit attire Euph��min Gourbillon. Il a d��j�� trinqu�� avec maint vendangeur et sa figure s'allume, barbouill��e du tabac qui tache son casaquin en ratine noire. L'oncle Gillot l'invite et il s'installe.
Le premier coup de dents se donne avec app��tit.
--Les grives sentent le verjus, dit Gillot.
--Elles en ont au cul avant que les autres en aient au bec!
Tiennette interpelle Gourbillon:
--Comme vous buvez, sacristain! On voit que vous n'��tes pas chez vous!
--Effront��e! Quand le marquis d'Orangis t'offre de la citronnelle, tu t'en fourres plein le gosier.
Tiennette ��clate de rire.
--Le marquis d'Orangis! Ah! non! Je n'aime point ses drogues!
La garcette prend un air malicieux:
--Je suis trop paysanne, avec mes sabots! M. d'Orangis aime les pieds bien chauss��s! Il m'a promis une paire de souliers en me disant qu'il mettrait lui-m��me les bas.
--Ta fortune commencerait par
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.