etc.
--Non, non! cela est disgracieux, cela ne parle pas �� l'esprit.
--Je donnerai donc �� ma Dulcin��e le nom d'un hameau o�� j'ai pris hier un bol de lait et qui s'appelle les Noullis.
--Va pour madame des Noullis!
--Vous savez, messieurs, que je me suis, comme le vicomte d'Espluchard, beaucoup occup�� d'automobile, surtout dans les d��buts de ce sport. Mon histoire se place un peu plus tard que celle de Bri?onnet. Pour moi ?le si��cle avait deux ans?. C'��tait apr��s ce qu'on nomme en termes d'automobilisme ?l'ann��e de Berlin?, �� savoir lors du grand ?Circuit de Vienne?, un fameux tournoi international o�� notre industrie tenait le premier rang. Je suivais avec un vif int��r��t les ��preuves. Nous ��tions, sur le chemin de feu l'Autriche-Hongrie, un certain nombre de Fran?ais. Pendant la toute premi��re partie du voyage vertigineux, j'avais fait la connaissance d'une jeune femme tout �� fait selon mon go?t, une ?sportive? que nulle difficult�� du raid n'avait priv��e de son heureuse humeur. Je n'ai pas rencontr�� depuis lors une femme anim��e �� ce degr�� de l'ivresse du mouvement. Elle ne conduisait pas elle-m��me, il est vrai, car cela n'��tait gu��re encore d'usage chez les dames, mais il lui suffisait d'��tre en voiture pour se d��clarer satisfaite. Jolie? Ah! messieurs, �� tel point que, jusque sous les horribles lunettes, elle vous e?t s��duits, d��s le premier abord.
--Grande? fit M. Bri?onnet.
--Bri?onnet, vous nous avez cach�� la taille de madame des Gaudr��es; je r��serve celle de madame des Noullis. Vous savez d��j�� que cette femme s��duisante ��tait blonde; elle ��tait blonde comme les bl��s. D'instinct, j'avais ��t�� attir�� vers elle, et cela, d��s le premier relais. Je la perdis au second, mais le troisi��me jour, durant la travers��e de la Suisse, je reconnus ses cheveux d'or sur le bord de la route. La voiture qui la portait ��tait en panne. Les pannes, fr��quentes �� cette ��poque, ��taient l'occasion de maints ��pisodes romanesques. Je stoppai, et offris mes services. Par hasard, ils ne se trouvaient pas superflus. On travailla donc; on causa; puis, comme on se lavait les mains dans l'eau glac��e d'un torrent, on se pr��senta.
?Madame des Noullis avait pour mari un homme ni grand ni petit, ni bien ni mal. Je regrette de ne vous point offrir un mari aussi affreux que celui qui exasp��ra Bri?onnet... Les Noullis ��taient accompagn��s d'un autre couple, celui-l�� compos�� d'un homme ��videmment beaucoup mieux que M. des Noullis, et d'une personne nettement disgracieuse, �� figure de ch��vre; et c'est �� cause de ce d��tail que je les appellerai, si vous n'y voyez pas d'inconv��nients, monsieur et madame de la Biquerie. Je leur octroie la particule pour ne pas demeurer en reste sur le pr��c��dent narrateur.
?Je ne m'occupai pas beaucoup de toute cette Biquerie, mais je fis aussit?t la cour �� madame des Noullis qui, sur ma foi, ne fut pas d��courageante.
?Une fois remis en marche, nous ne nous perd?mes presque pas de vue. Je voyageais seul avec un m��canicien qui put, �� plusieurs reprises, donner un coup de main �� mes nouveaux amis, ces messieurs n'��tant point second��s. Des Noullis ��tait maladroit et paresseux; la Biquerie, lui, tr��s rompu �� toutes les exigences de l'automobile, mais ayant oubli�� quelques outils indispensables, lors de sa premi��re ��tape, �� Dijon. Ma grande surprise fut, �� un relais, de trouver madame des Noullis les mains �� la pate, si l'on peut s'exprimer ainsi en parlant d'une femme qui a retrouss�� ses manches sur ses bras charmants, qui a endoss�� la salopette ouvri��re, et qui, pench��e sur le capot b��ant, tripote et tourne les ��crous �� l'aide de ses petits doigts noircis et poisseux, qui de plus, au moment o�� je fais halte, quelques pas derri��re sa voiture, crie �� son mari d'un ton r��solu: ?Allons, ouste! tu n'y entends rien!? A la v��rit��, elle et la Biquerie ��taient seuls dignes d'entreprendre un voyage de cette sorte; eux seuls le paraissaient appr��cier. Quand j'arrivais avec mon m��canicien, madame des Noullis n'acceptait pas toujours volontiers de se faire suppl��er dans sa tache, mais elle se montrait aimable, extr��mement. Je passe sur des incidents de route o�� vous verriez, entre autres choses, s'accro?tre mon intimit�� avec l'adorable blonde, mais qui allongeraient inutilement mon r��cit.
?A Vienne, nous descend?mes, les Noullis, les la Biquerie et moi, au m��me h?tel. On ��tait au milieu de juillet. Il faisait une chaleur accablante. Ces messieurs, qui dormaient mal la nuit, se rattrapaient le jour. Ce n'��tait pas que je n'eusse grand besoin de faire comme eux, mais j'��tais agit�� �� l'exc��s par la pr��sence, si proche de moi, de madame des Noullis, et je m'��vertuais �� d��couvrir le stratag��me qui me perm?t un rapprochement plus ��troit encore. Il devenait ��vident que nous nous entendions, elle et moi, �� merveille. Nous nous entendions si bien, que j'en vins, un
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