Le comte de Monte-Cristo, Tome I | Page 6

Alexandre Dumas, père
table ses poches, qui contenaient une douzaine de pi��ces d'or, cinq ou six ��cus de cinq francs et de la menue monnaie.
Le visage du vieux Dant��s s'��panouit.
?�� qui cela? dit-il.
--Mais, �� moi!... �� toi!... �� nous!... Prends, ach��te des provisions, sois heureux, demain il y en a d'autres.
--Doucement, doucement, dit le vieillard en souriant; avec ta permission, j'userai mod��r��ment de la bourse: on croirait, si l'on me voyait acheter trop de choses �� la fois, que j'ai ��t�� oblig�� d'attendre le retour pour les acheter.
--Fais comme tu voudras; mais, avant toutes choses, prends une servante, p��re; je ne veux pas que tu restes seul. J'ai du caf�� de contrebande et d'excellent tabac dans un petit coffre de la cale, tu l'auras d��s demain. Mais chut! voici quelqu'un.
--C'est Caderousse qui aura appris ton arriv��e, et qui vient sans doute te faire son compliment de bon retour.
--Bon, encore des l��vres qui disent une chose tandis que le coeur en pense une autre, murmura Edmond; mais, n'importe, c'est un voisin qui nous a rendu service autrefois, qu'il soit le bienvenu.?
En effet, au moment o�� Edmond achevait la phrase �� voix basse, on vit appara?tre encadr��e par la porte du palier, la t��te noire et barbue de Caderousse. C'��tait un homme de vingt-cinq �� vingt-six ans; il tenait �� sa main un morceau de drap, qu'en sa qualit�� de tailleur il s'appr��tait �� changer en un revers d'habit.
?Eh! te voil�� donc revenu, Edmond? dit-il avec un accent marseillais des plus prononc��s et avec un large sourire qui d��couvrait ses dents blanches comme de l'ivoire.
--Comme vous voyez, voisin Caderousse, et pr��t �� vous ��tre agr��able en quelque chose que ce soit, r��pondit Dant��s en dissimulant mal sa froideur sous cette offre de service.
--Merci, merci; heureusement, je n'ai besoin de rien, et ce sont m��me quelquefois les autres qui ont besoin de moi. (Dant��s fit un mouvement.) Je ne te dis pas cela pour toi, gar?on; je t'ai pr��t�� de l'argent, tu me l'as rendu; cela se fait entre bons voisins, et nous sommes quittes.
--On n'est jamais quitte envers ceux qui nous ont oblig��s, dit Dant��s, car lorsqu'on ne leur doit plus l'argent, on leur doit la reconnaissance.
--�� quoi bon parler de cela! Ce qui est pass�� est pass��. Parlons de ton heureux retour, gar?on. J'��tais donc all�� comme cela sur le port pour rassortir du drap marron, lorsque je rencontrai l'ami Danglars.
?--Toi, �� Marseille?
?--Eh oui, tout de m��me, me r��pondit-il.
?--Je te croyais �� Smyrne.
?--J'y pourrais ��tre, car j'en reviens.
?--Et Edmond, o�� est-il donc, le petit?
?--Mais chez son p��re, sans doute, r��pondit Danglars; et alors je suis venu, continua Caderousse, pour avoir le plaisir de serrer la main �� un ami.
--Ce bon Caderousse, dit le vieillard, il nous aime tant.
--Certainement que je vous aime, et que je vous estime encore, attendu que les honn��tes gens sont rares! Mais il para?t que tu deviens riche, gar?on?? continua le tailleur en jetant un regard oblique sur la poign��e d'or et d'argent que Dant��s avait d��pos��e sur la table.
Le jeune homme remarqua l'��clair de convoitise qui illumina les yeux noirs de son voisin.
?Eh! mon Dieu! dit-il n��gligemment, cet argent n'est point �� moi; je manifestais au p��re la crainte qu'il n'e?t manqu�� de quelque chose en mon absence, et pour me rassurer, il a vid�� sa bourse sur la table. Allons, p��re, continua Dant��s, remettez cet argent dans votre tirelire; �� moins que le voisin Caderousse n'en ait besoin �� son tour, auquel cas il est bien �� son service.
--Non pas, gar?on, dit Caderousse, je n'ai besoin de rien, et, Dieu merci l'��tat nourrit son homme. Garde ton argent, garde: on n'en a jamais de trop; ce qui n'emp��che pas que je ne te sois oblig�� de ton offre comme si j'en profitais.
--C'��tait de bon coeur, dit Dant��s.
--Je n'en doute pas. Eh bien, te voil�� donc au mieux avec M. Morrel, calin que tu es?
--M. Morrel a toujours eu beaucoup de bont�� pour moi, r��pondit Dant��s.
--En ce cas, tu as tort de refuser son d?ner.
--Comment, refuser son d?ner? reprit le vieux Dant��s; il t'avait donc invit�� �� d?ner?
--Oui, mon p��re, reprit Edmond en souriant de l'��tonnement que causait �� son p��re l'exc��s de l'honneur dont il ��tait l'objet.
--Et pourquoi donc as-tu refus��, fils? demanda le vieillard.
--Pour revenir plus t?t pr��s de vous, mon p��re, r��pondit le jeune homme; j'avais hate de vous voir.
--Cela l'aura contrari��, ce bon M. Morrel, reprit Caderousse; et quand on vise �� ��tre capitaine, c'est un tort que de contrarier son armateur.
--Je lui ai expliqu�� la cause de mon refus, reprit Dant��s, et il l'a comprise, je l'esp��re.
--Ah! c'est que, pour ��tre capitaine, il faut un peu flatter ses patrons.
--J'esp��re ��tre capitaine sans cela, r��pondit Dant��s.
--Tant mieux, tant mieux! cela fera plaisir �� tous les anciens amis, et je sais quelqu'un l��-bas, derri��re la citadelle
Continue reading on your phone by scaning this QR Code

 / 151
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.