votre m��re.
Ravanne, quelle que f?t sa pr��sence d'esprit, ne trouva rien �� r��pondre au capitaine; il se contenta de le saluer, et s'approcha de Lafare, qui lui parut le plus malade des deux bless��s.
Quant �� d'Harmental, �� Valef et au capitaine, ils gagn��rent l'all��e o�� ils retrouv��rent le carrosse de louage, et dans le carrosse le chirurgien qui faisait un somme. D'Harmental le r��veilla et lui annon?a, en lui montrant le chemin qu'il devait suivre, que le marquis de Lafare et le comte de Fargy avaient besoin de ses services. Il ordonna en outre �� son valet de descendre de cheval et de suivre le chirurgien, afin de lui servir d'aide; puis, se retournant vers le capitaine:
--Capitaine, lui dit-il, je crois qu'il ne serait pas prudent d'aller manger le d��jeuner que nous avions command��; recevez donc tous mes remerciements pour le coup de main que vous m'avez donn��, et, en souvenir de moi, comme vous ��tes �� pied, �� ce qu'il me para?t, veuillez accepter un de mes deux chevaux. Vous pouvez prendre au hasard: ce sont de bonnes b��tes; la plus mauvaise des deux ne vous laissera pas dans l'embarras quand vous n'aurez besoin que de lui faire faire huit �� dix lieues en une heure.
--Ma foi! chevalier, r��pondit le capitaine en jetant de c?t�� un regard sur le cheval qui lui ��tait offert si g��n��reusement, il ne fallait rien pour cela; entre gentilshommes, le sang et la bourse sont choses qui se pr��tent tous les jours. Mais vous faites les choses de si bonne grace que je ne saurais vous refuser. Si vous aviez jamais besoin de moi pour quelque chose que ce f?t, souvenez-vous, en revanche, que je suis �� votre service.
--Et le cas ��ch��ant, monsieur, o�� vous retrouverai-je? demanda en souriant d'Harmental.
--Je n'ai pas de domicile bien arr��t��, chevalier; mais vous aurez toujours de mes nouvelles en allant chez la Fillon, en demandant la Normande, et en vous informant �� elle du capitaine Roquefinette.
Et comme les deux jeunes gens remontaient chacun sur son cheval le capitaine en fit autant, non sans remarquer en lui-m��me que le chevalier d'Harmental lui avait laiss�� le plus beau des trois.
Alors, comme ils ��taient pr��s d'un carrefour, chacun prit sa route et s'��loigna au grand galop.
Le baron de Valef rentra par la barri��re de Passy et se rendit droit �� l'Arsenal, prit les commissions de la duchesse du Maine, de la maison de laquelle il ��tait, et partit le m��me jour pour l'Espagne.
Le capitaine Roquefinette fit trois ou quatre tours au pas, au trot et au galop dans le bois de Boulogne, afin d'appr��cier les diff��rentes qualit��s de sa monture, et ayant reconnu que c'��tait, comme l'avait dit le chevalier, un animal de belle et bonne race, il revint fort satisfait chez ma?tre Durand, o�� il mangea �� lui seul le d��jeuner qui ��tait command�� pour trois.
Le m��me jour, il conduisit son cheval au march�� aux chevaux, et le vendit soixante louis. C'��tait la moiti�� de ce qu'il valait, mais il faut savoir faire des sacrifices quand on veut r��aliser promptement.
Quant au chevalier d'Harmental, il prit l'all��e de la Muette, regagna Paris par la grande avenue des Champs-��lys��es, et trouva en rentrant chez lui, rue de Richelieu, deux lettres qui l'attendaient.
L'une de ces deux lettres ��tait d'une ��criture si bien connue �� lui qu'il tressaillit de tout son corps en la regardant, et qu'apr��s y avoir port�� la main avec la m��me h��sitation que s'il allait toucher un charbon ardent, il l'ouvrit avec un tremblement qui d��celait l'importance qu'il y attachait. Elle contenait ce qui suit:
?Mon cher chevalier,
On n'est pas ma?tre de son coeur, vous le savez, et c'est une des mis��res de notre nature que de ne pouvoir longtemps aimer ni la m��me personne ni la m��me chose. Quant �� moi je veux au moins avoir sur les autres femmes le m��rite de ne pas tromper celui qui a ��t�� mon amant. Ne venez donc pas �� votre heure accoutum��e car on vous dirait que je n'y suis pas, et je suis si bonne que je ne voudrais pas risquer l'ame d'un valet ou d'une femme de chambre en leur faisant faire un si gros mensonge.
Adieu, mon cher chevalier; ne gardez point de moi un trop mauvais souvenir, et faites que je pense encore de vous dans dix ans ce que j'en pense �� cette heure, c'est-��-dire que vous ��tes un des plus galants gentilshommes de France.
Sophie d'Averne.?
--Mordieu! s'��cria d'Harmental en frappant du poing sur une charmante table de Boulle qu'il mit en morceaux, si j'avais tu�� ce pauvre Lafare, je ne m'en serais consol�� de ma vie!
Apr��s cette explosion, qui le soulagea quelque peu, le chevalier se mit �� marcher de sa porte �� sa fen��tre d'un air qui prouvait que le pauvre gar?on avait encore besoin de quelques
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