en deux volumes.
Maintenant, disons comment le drame reparut �� son tour sur l'oc��an litt��raire, et comment le Capitaine Paul fit son chemin, quoiqu'il montat une humble p��niche, nomm��e le Panth��on, au lieu de monter cette fr��gate de soixante-quatorze que l'on appelait la Porte-Saint-Martin.
Cinqui��me phase. -- R��surrection.
Mon drame refus�� par Harel, je l'avais port�� �� mon ami Porcher.
Je n'ai pas besoin de vous dire ce que c'est que mon ami Porcher, chers lecteurs; si vous me connaissez, vous le connaissez; si vous ne le connaissez pas, ouvrez mes M��moires, ann��e 1836, et vous ferez connaissance avec lui.
Je lui avais dit:
-- Mon cher Porcher, gardez-moi ce drame-l��; Harel n'en veut pas: mademoiselle George n'en veut pas, Bocage n'en veut pas mais d'autres en voudront.
Porcher secoua la t��te.
Porcher ne pouvait pas croire que trois sommit��s comme Harel, George et Bocage se trompassent.
Il aimait naturellement mieux croire que c'��tait moi qui me trompais.
N'importe! comme le Capitaine Paul ne tenait pas grande place et ne co?tait pas cher �� nourrir, il plia proprement les cinq actes les uns contre les autres et les mit dans son armoire.
Ils y sommeillaient bien tranquillement depuis cinq mois lorsque le Si��cle annon?a le Capitaine Paul, roman en deux volumes, par Alexandre Dumas.
La premi��re fois que je revis Porcher.
-- �� propos, me dit-il, faut-il que je vous renvoie votre Capitaine Paul?
-- Pourquoi cela, Porcher?
-- Ne para?t-il pas dans le Si��cle?
-- En roman, Porcher, pas en drame.
-- C'est que, lorsqu'il aura paru en roman il sera bien plus difficile �� placer encore que lorsqu'il ��tait in��dit.
Pauvre Capitaine Paul! voyez dans quelle situation facheuse il ��tait.
-- Difficile �� placer! au contraire, dis-je �� Porcher, cela le fera conna?tre.
Porcher secoua la t��te.
-- Porcher, ��coutez bien ce que vous dit Nostradamus. Il y aura une ��poque o�� les libraires ne voudront ��diter que des livres d��j�� publi��s dans les journaux. Et o�� les directeurs ne voudront jouer que des drames tir��s de romans.
Porcher secoua une seconde fois la t��te, mais bien plus fort que la premi��re fois.
Je quittai Porcher.
Le Capitaine Paul inaugura au Si��cle, la s��rie de succ��s que nous obt?nmes depuis avec le Chevalier d'Harmental, les Trois Mousquetaires, Vingt ans apr��s et le Vicomte de Bragelonne.
Succ��s si grands, que le Si��cle, jugeant que je n'en aurais plus jamais de pareils, alla, apr��s la publication de Vingt ans apr��s, porter �� Scribe un trait��, o�� la somme ��tait rest��e en blanc.
Scribe se contenta de demander, par volume, deux mille francs de plus que moi.
Perr��e trouva la pr��tention si modeste, qu'il signa �� l'instant m��me.
Scribe publia Piquillo Alliaga.
Revenons au Capitaine Paul.
Malgr�� le succ��s du Capitaine Paul en roman, les directeurs ne mordaient pas au drame.
Porcher triomphait.
Chaque fois que je rencontrais Porcher:
-- Eh bien, disait-il, le Capitaine Paul?
-- Attendez, lui disais-je.
-- Vous voyez bien que j'attends, me r��pondait-il.
En 1838, une grande douleur me fit quitter Paris et chercher la solitude aux bords du Rhin.
J'��tais �� Francfort, je re?us une lettre d'un de mes amis, qui m'��crivait:
?Mon cher Dumas,
?On vient de jouer votre Capitaine Paul au Panth��on; est-ce de votre consentement?
?Si c'est de votre consentement, comment l'avez-vous donn��?
?Si ce n'est pas de votre consentement... comment le souffrez- vous?
?Un mot et je me charge d'arr��ter ce scandale.
?�� vous.
?J. D.
?On ajoute que, comme personne ne veut croire que la pi��ce soit de vous, le manuscrit original est expos�� dans le foyer.?
Je ne r��pondis m��me pas.
Que m'importait le Capitaine Paul, mon Dieu! Que m'importait la hi��rarchie th��atrale: Panth��on ou Com��die-Fran?aise!
Il en r��sulta que le Capitaine Paul continua le cours de ses repr��sentations sans ��tre inqui��t�� le moins du monde, et que mes amis ��plor��s lev��rent en choeur les bras au ciel en disant:
-- Pauvre Dumas! il en est r��duit �� faire jouer ses pi��ces au Panth��on.
Je puis dire que, s'il y a un homme qui fut plaint hautement, c'est moi.
J'��tais plus qu'us��, j'��tais pass��; j'��tais plus que pass��, j'��tais tr��pass��.
Personne n'avait song�� �� me plaindre pour l'irr��parable perte que j'avais faite.
J'avais perdu ma m��re.
Tout le monde me plaignait parce que ma pi��ce avait ��t�� jou��e au Panth��on.
O mon Dieu! quel admirable caract��re vous m'avez donn��, que je ne suis pas devenu plus misanthrope que le misanthrope, plus Alceste qu'Alceste, plus Timon que Timon!
Je revins �� Paris.
On ne jouait plus le Capitaine Paul. Il avait eu quelque chose comme soixante repr��sentations.
Mais on en parlait toujours.
Jamais la litt��rature contemporaine n'avait eu le coeur si pitoyable.
Porcher me croyait furieux contre lui.
Enfin il se d��cida �� venir me voir.
Je le re?us comme d'habitude, le coeur, la main et le visage ouverts.
-- Vous n'��tes donc point fach�� contre moi? dit-il.
-- Pourquoi cela, Porcher?
-- Mais �� cause du Capitaine Paul.
Je haussai les ��paules.
-- Je vais vous expliquer cela, me dit Porcher.
-- Quoi?
-- Comment la pi��ce a ��t�� jou��e au Panth��on?
-- Inutile.
-- Si fait.
-- Vous y tenez?
-- Oui, mon cher: une bonne action que vous faisiez sans
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