pour lui M. de Buffon: ce qu'il dit pourrait bien ��tre vrai.
J'��tais en train de m��diter sur la probabilit�� de l'accident, lorsque Joseph rentra, tenant l'accus��e d'une main et les balances de l'autre.
--Voyez-vous, me dit Joseph, ?a mange beaucoup, ces sortes d'animaux, pour entretenir leurs forces, et du poisson surtout, parce que c'est tr��s nourrissant; est-ce que vous croyez que, sans cela, ?a pourrait porter une voiture?... Voyez, dans les ports de mer, comme les matelots sont robustes; c'est parce qu'ils ne mangent que du poisson.
J'interrompis Joseph.
--Combien pesait la tanche?
--Trois livres: c'est neuf francs que le gar?on r��clame.
--Et Gazelle l'a mang��e tout enti��re?
--Oh! elle n'a laiss�� que l'ar��te, la t��te et la vessie.
--C'est bien cela! M. de Buffon est un grand naturaliste. Cependant, continuai-je �� demi-voix, trois livres... cela me parait fort.
Je mis Gazelle dans la balance; elle ne pesait que deux livres et demie avec sa carapace.
Il r��sultait de cette exp��rience, non point que Gazelle f?t innocente du fait dont elle ��tait accus��e, mais qu'elle devait avoir commis le crime sur un c��tac�� d'un plus m��diocre volume.
Il para?t que ce fut aussi l'avis du gar?on; car il parut fort content de l'indemnit�� de cinq francs que je lui donnai.
L'aventure des lima?ons et l'accident de la tanche me rendirent moins enthousiaste de ma nouvelle acquisition; et, comme le hasard fit que je rencontrai, le m��me jour, un de mes amis, homme original et peintre de g��nie, qui faisait �� cette ��poque une m��nagerie de son atelier, je le pr��vins que j'augmenterais le lendemain sa collection d'un nouveau sujet, appartenant �� l'estimable cat��gorie des ch��loniens, ce qui parut le r��jouir beaucoup.
Gazelle coucha cette nuit dans ma chambre, o�� tout se passa fort tranquillement, vu l'absence des escargots.
Le lendemain, Joseph entra chez moi, comme d'habitude, roula le tapis de pied de mon lit, ouvrit la fen��tre, et se mit �� le secouer pour en extraire la poussi��re; mais tout �� coup il poussa un grand cri et se pencha hors de la fen��tre comme s'il e?t voulu se pr��cipiter.
--Qu'y a-t-il donc, Joseph? dis-je �� moiti�� ��veill��.
--Ah! monsieur, il y a que votre tortue ��tait couch��e sur le tapis, je ne l'ai pas vue...
--Et...?
--Et, ma foi! sans le faire expr��s, je l'ai secou��e par la fen��tre.
--Imb��cile!...
Je sautai �� bas de mon lit.
--Tiens! dit Joseph, dont la figure et la voix reprenaient une expression de s��r��nit�� tout �� fait rassurante, tiens! elle mange un chou!
En effet, la b��te, qui avait rentr�� par instinct tout son corps dans sa cuirasse, ��tait tomb��e par hasard sur un tas d'��cailles d'hu?tres, dont la mobilit�� avait amorti le coup, et, trouvant �� sa port��e un l��gume �� sa convenance, elle avait sorti tout doucement la t��te hors de sa carapace, et s'occupait de son d��jeuner aussi tranquillement que si elle ne venait pas de tomber d'un troisi��me ��tage.
--Je vous le disais bien, monsieur! r��p��tait Joseph dans la joie de son ame, je vous le disais bien, qu'�� ces animaux rien ne leur faisait. Eh bien, pendant qu'elle mange, voyez-vous, une voiture passerait dessus...
--N'importe, descendez vite et allez me la chercher.
Joseph ob��it. Pendant ce temps, je m'habillai, occupation que j'eus termin��e avant que Joseph repar?t; je descendis donc �� sa rencontre et le trouvai p��rorant au milieu d'un cercle de curieux, auxquels il expliquait l'��v��nement qui venait d'arriver.
Je lui pris Gazelle des mains, sautai dans un cabriolet, qui me descendit faubourg Saint-Denis, n�� 109; je montai cinq ��tages, et j'entrai dans l'atelier de mon ami, qui ��tait en train de peindre.
Il y avait autour de lui un ours couch�� sur le dos, et jouant avec une b?che; un singe assis sur une chaise et arrachant, les uns apr��s les autres, les poils d'un pinceau; et, dans un bocal, une grenouille accroupie sur la troisi��me traverse d'une petite ��chelle, �� l'aide de laquelle elle pouvait monter jusqu'�� la surface de l'eau.
Mon ami s'appelait Decamps, l'ours Tom, le singe Jacques Ier, et la grenouille mademoiselle Camargo.
Chapitre II
Comment Jacques Ier voua une haine f��roce �� Tom, et cela �� propos d'une carotte.
Mon entr��e fit r��volution.
Decamps leva les yeux de dessus ce merveilleux petit tableau des Chiens savants que vous connaissez tous, et qu'il achevait alors.
Tom se laissa tomber sur le nez la b?che avec laquelle il jouait, et s'enfuit en grognant dans sa niche, batie entre les deux fen��tres.
Jacques Ier jeta vivement son pinceau derri��re lui et ramassa une paille qu'il porta innocemment �� sa bouche avec sa main droite, tandis qu'il se grattait la cuisse de la main gauche et levait b��atement les yeux au ciel.
Enfin, mademoiselle Camargo monta languissamment un degr�� de son ��chelle; ce qui, dans toute autre circonstance, aurait pu ��tre consid��r�� comme un signe de pluie.
Et moi, je posai Gazelle �� la porte de la chambre, sur le seuil de laquelle je m'��tais arr��t�� en disant:
--Cher ami,
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