l'habillement. Cette derni��re pr��tention, que le p��re Sorel avait eu le g��nie de mettre en avant subitement, avait ��t�� accord��e de m��me par M. de R��nal.
Cette demande frappa le maire. "Puisque Sorel n'est pas ravi et combl�� par ma proposition, comme naturellement il devrait l'��tre, il est clair, se dit-il, qu'on lui a fait des offres d'un autre c?t�� et de qui peuvent-elles venir, si ce n'est du Valenod. "Ce fut en vain que M. de R��nal pressa Sorel de conclure sur-le-champ: l'astuce du vieux paysan s'y refusa opiniatrement; il voulait, disait-il, consulter son fils, comme si, en province, un p��re riche consultait un fils qui n'a rien, autrement que pour la forme.
Une scie �� eau se compose d'un hangar au bord d'un ruisseau. Le toit est soutenu par une charpente qui porte sur quatre gros piliers en bois. A huit ou dix pieds d'��l��vation, au milieu du hangar, on voit une scie qui monte et descend, tandis qu'un m��canisme fort simple pousse contre cette scie une pi��ce de bois. C'est une roue mise en mouvement par le ruisseau qui fait aller ce double m��canisme, celui de la scie qui monte et descend, et celui qui pousse doucement la pi��ce de bois vers la scie, qui la d��bite en planches.
En approchant de son usine, le p��re Sorel appela Julien de sa voix de stentor, personne ne r��pondit. Il ne vit que ses fils a?n��s, esp��ces de g��ants qui, arm��s de lourdes haches, ��quarrissaient les troncs de sapin, qu'ils allaient porter �� la scie. Tout occup��s �� suivre exactement la marque noire trac��e sur la pi��ce de bois, chaque coup de leur hache en s��parait des copeaux ��normes. Ils n'entendirent pas la voix de leur p��re. Celui-ci se dirigea vers le hangar en y entrant, il chercha vainement Julien �� la place qu'il aurait d? occuper, �� c?t�� de la scie. Il l'aper?ut �� cinq ou six pieds plus haut, �� cheval sur l'une des pi��ces de la toiture. Au lieu de surveiller attentivement l'action de tout le m��canisme, Julien lisait. Rien n'��tait plus antipathique au vieux Sorel; il e?t peut-��tre pardonn�� �� Julien sa taille mince peu propre aux travaux de force, et si diff��rente de celle de ses a?n��s; mais cette manie de lecture lui ��tait odieuse, il ne savait pas lire lui-m��me.
Ce fut en vain qu'il appela Julien deux ou trois fois. L'attention que le jeune homme donnait �� son livre! bien plus que le bruit de la scie l'emp��cha d'entendre la terrible voix de son p��re. Enfin, malgr�� son age, celui-ci sauta lestement sur l'arbre soumis �� l'action de la scie, et de l�� sur la poutre transversale qui soutenait le toit. Un coup violent fit voler dans le ruisseau le livre que tenait Julien, un second coup aussi violent, donn�� sur la t��te, en forme de calotte, lui fit perdre l'��quilibre. Il allait tomber �� douze ou quinze pieds plus bas, au milieu des leviers de la machine en action, qui l'eussent bris��, mais son p��re le retint de la main gauche, comme il tombait.
- Eh bien, paresseux! tu liras donc toujours tes maudits livres, pendant que tu es de garde �� la scie? Lis-les le soir, quand tu vas perdre ton temps chez le cur��, �� la bonne heure.
Julien, quoiqu'��tourdi par la force du coup, et tout sanglant, se rapprocha de son poste officiel, �� c?t�� de la scie. Il avait les larmes aux yeux, moins �� cause de la douleur physique, que pour la perte de son livre qu'il adorait.
- Descends, animal, que je te parle.
Le bruit de la machine emp��cha encore Julien d'entendre cet ordre. Son p��re qui ��tait descendu, ne voulant pas se donner la peine de remonter sur le m��canisme, alla chercher une longue perche pour abattre des noix, et l'en frappa sur l'��paule. A peine Julien fut-il �� terre, que le vieux Sorel, le chassant rudement devant lui, le poussa vers la maison. "Dieu sait ce qu'il va me faire!" se disait le jeune homme. En passant, il regarda tristement le ruisseau o�� ��tait tomb�� son livre; c'��tait celui de tous qu'il affectionnait le plus, le M��morial de Sainte-H��l��ne.
Il avait les joues pourpres et les yeux baiss��s. C'��tait un petit jeune homme de dix-huit �� dix-neuf ans, faible en apparence, avec des traits irr��guliers, mais d��licats, et un nez aquilin. De grands yeux noirs, qui, dans les moments tranquilles, annon?aient de la r��flexion et du feu, ��taient anim��s en cet instant de l'expression de la haine la plus f��roce. Des cheveux chatain fonc��, plant��s fort bas, lui donnaient un petit front, et, dans les moments de col��re, un air m��chant. Parmi les innombrables vari��t��s de la physionomie humaine, il n'en est peut-��tre point qui se soit distingu��e par une sp��cialit�� plus saisissante. Une taille svelte et bien prise annon?ait plus
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