il signala sa force égale à celle de la vérité. Ce Gadhi, qui semblait la justice en personne, fut mon père; il naquit dans la famille de Kou?a; et moi, vaillant Raghouide, je suis né de Gadhi.
?Gadhi eut encore une fille, ma soeur cadette, Satyavat?, bien digne de ce nom[5], femme chaste, qu'il donna en mariage à Ritchika. Quand cette branche éminemment noble du tronc antique de Kou?a eut mérité, par son amour conjugal, d'entrer avec son époux au séjour des Immortels, son corps fut changé ici en un grand fleuve.
[Note 5: Satyavat, au féminin, satyavat?, veut dire qui possède la vérité.]
?Oui! ma soeur est devenue ce beau fleuve aux ondes pures, qui descend du Swarga ou du Paradis sur le mont Himalaya pour la purification des mondes.
?Depuis lors, content, heureux, fidèle à mon voeu, j'habite, Rama, sur les flancs de l'Himalaya, par amour de ma soeur. Satyavat?, la noble fille de Kou?a, est donc aujourd'hui le premier des fleuves, parce qu'elle a été pure, dévouée aux saints devoirs de la vérité et chastement unie à son époux. C'est de là que, voulant accomplir un voeu, je suis venu à l'Ermitage-Parfait, où grace à ton héro?sme, vaillant fils de Raghou, mon sacrifice a été parfait.
?Mais, tandis que je raconte, la nuit est arrivée à la moitié de son cours; va donc cultiver le sommeil: que la félicité descende sur toi, et puisse notre voyage ne conna?tre aucun obstacle!
?Les arbres sont immobiles; les quadrupèdes et les volatiles reposent: les ténèbres de la nuit enveloppent toutes les régions du ciel. Il semble qu'on ait fardé tout le firmament avec une poussière fine de sandal; les étoiles d'or, les planètes et les constellations du zodiaque le tiennent, pour ainsi dire, embrassé. L'astre, que le monde aime à cause de ses rayons frais, l'astre des nuits se lève, comme pour verser dans ses clartés radieuses la joie sur la terre, haletante, il n'y a qu'un instant, sous la chaleur enflammée du jour. C'est l'heure où l'on voit circuler hardiment tous les êtres, qui r?dent au sein des nuits, les troupes des Yakshas, des Rakshasas et des autres Démons, qui se repaissent de chair.?
Après ces mots, le grand anachorète cessa de parler, et tous les solitaires, s'écriant à l'envi: ?Bien!... c'est bien!? saluent d'un applaudissement unanime le fils de Kou?a.
* * * * *
Ces grands saints dormirent le reste de la nuit au bord de la ?ona, et, quand l'aube eut commencé d'éclairer les ténèbres, Vi?vamitra adressant la parole au jeune Rama: ?Lève-toi, dit-il, fils de Kaau?alya, car la nuit s'est déjà bien éclaircie. Rends d'abord ton hommage à l'aube de ce jour et remets-toi ensuite d'un pas allègre en voyage.?
Après qu'ils eurent longtemps marché dans cette route, le jour vint complètement, et la reine des fleuves, la Ganga se montra aux yeux des éminents rishis. à l'aspect de ses limpides eaux, peuplées de grues et de cygnes, tous les anachorètes et le guerrier issu de Raghou avec eux de sentir une vive allégresse.
Ensuite, ayant fait camper leurs familles sur les bords du fleuve, ils se baignent dans ses ondes, comme il est à propos; ils rassasient d'offrandes les Dieux et les manes des ancêtres, ils versent dans le feu des libations de beurre clarifié, ils mangent comme de l'ambroisie ce qui reste des oblations, et go?tent, d'une ame joyeuse, le plaisir d'habiter la rive pure du fleuve saint.
Ils entourent de tous les c?tés Vi?vamitra le magnanime, et Rama lui dit alors: ?Je désire que tu me parles, saint homme, sur la reine des bruyantes rivières; dis-moi comment est venue ici-bas cette Ganga, le plus noble des fleuves, et la purification des trois mondes.?
Engagé par ce discours, le sublime anachorète, remontant à l'origine des choses, se mit à lui raconter la naissance du fleuve et sa marche: ?L'Himalaya est le roi des montagnes; il est doué, Rama, de pierreries en mines inépuisables. Il naquit de son mariage deux filles, auxquelles rien n'était supérieur en beauté sur la terre. Elles avaient pour mère la fille du Mérou, Ména à la taille gracieuse, déesse charmante, épouse de l'Himalaya. La Ganga, de qui tu vois les ondes, noble enfant de Raghou, est la fille a?née de l'Himalaya; la seconde fille du mont sacré fut appelée Ouma.
?Ensuite les Immortels, ambitieux d'une si brillante union, sollicitèrent la main de la belle Ganga, et le Mont-des-neiges, suivant les règles de l'équité, voulut bien leur donner à tous en mariage cette déesse, l'a?née de ses filles, la riche Ganga, ce grand fleuve, qui marche à son gré dans ses voies pour la purification des trois mondes.
?Puis, les Dieux, dont cet hymen avait comblé tous les voeux, s'en vont de chez l'Himalaya, comme ils y étaient venus, ayant re?u de lui cette noble Ganga, qui parcourt les trois mondes dans sa longue carrière.
?Celle
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