choisi bien gros et bien sargé. Vous m'abordez, qué mé dit lé capitaine anglais: par Diou, jé crois bien que jé t'aborde, qué jé lui dis; jé té fiche à la mer si tu dis un soul mot; il sé tut et jé mis à son bord vingt bons gaillards. Une heure après, jé me laisse culer sur la quoue dou counvoi, et z'aborde, coume par mauvaise manouvre encoure, oun autre gros papa dé navire: Vous m'abourdez, me dit encore lou bêtasse dé capitane: touzours la même ?anson, que ze mé dis; en cé cas touzours la même réponse. Oui, canaille, qué zé t'aborde, que zé loui dis. Il vut faire lou me?ant; zé lé fais zeter par-dessous lou bord, por nou pas faire _do bruit. Las frigatignes quez escourtait lou counvoi fount dos signals par la nouit; mes dos prisès repetitionnent los signais coume los austros_ batimens anglaisès. Mas oune fois la nouit vénue, zé t'en fice, va! Moun coursaire et los dos prisès laissent là los counvoi et forcent dé voile, bougre... Si z'avais ou doscents houmes, z'aurais fait vingto prisès; zè les prénais conme aum assoume des veaux marins, à coups dés batouns.?
--Mais en rentrant à Tréguier avec vos deux prises, demanda le capitaine Niquelet à Ribaldar, n'e?tes-vous pas une affaire avec un lougre de Jersey?
?Ah! si parblu! Une petite bamboce militare! Cé pétit coquin dé lougre voulut tater dé mes prises. Zé lé cro?ais à l'abourdage pour arrêter oun pu sa marce. Il me toua quinze houme; zé n'en avais plus qué trente à bord; si z'en avais eu soixante, il m'en ourait toué trente; mais j'ourais pris lé pétit bougré. Il sé sépara dé moi avec zoie. Une vraie bamboce militare!?
Quand le capitaine Ribaldar eut fini, et qu'il eut avalé un demi-bol de punch, avant de rallumer sa pipe, les auditeurs s'écrièrent: A votre tour, capitaine Polletais! Le vieux marin dieppois se gratta l'oreille, sous son bonnet rouge; et, assez embarrassé de commencer sa narration, il s'exprima cependant ainsi:
Confession du capitaine Polletais.
?Mes bonnes gens, je ne sais pas trop ce que je vous dirai. J'ai fait bien des petites bourdes aux Anglais: on a tant d'peine à gagné sa pauvre vie dans c'monde et à la mer surtout. Nous autres pauvres pêcheurs je ne sommes pas bien malins, voyez-vous, mais je fesons pas moins queuquefois not'petit bonhomme de chemin, quand l'b? Dieu veut nous le permettre. Je vous dirai donc, pour vous dire queuque chose, que les Anglais n'ont pas touzours beau zeu à s'risquè avec nos corsaires ed'la Mance et du Pas-d'Calais.
?Une corvette voulut me chasser sur l'grand lougre que v'savez vu et que je viens d'mouiller su le chenal. Je laissai tomber m'n'ancre s? la c?te d'Somme en dedans des bancs à vue d'l'Anglès.
?La corvette n'pouvant point m'approcè, armit trouais embarcations pour veni m'abordé dans la nuit. Z'fis faire à bord mes filets d'abordaze, et puis z'avais dès doubles filets, Vsavez biè ce que c'est qu'des doubles filêts, ze pense? C'est-z-une manière d'grands filêts qu'on tend en dehors du navire, comme si c'étaient d'séventails qu'auraient des boulets au bout pour les faire tombé comme des pièzes à attraper des renards. Les _trouais pénices anglaises m'abourdirent à nuit et à minuit, creyant_ qu'à l'heure où se relevait le quart, il y aurait d'la confusion à-bord. Z' lès fis saler un petit brin à coups d'f?sil et d'espingole. Mais c'fut quand ze commandè d'laisser tombé lès doubles ***, filêts sur les pénices qu'?a fut un dr?leu d'?arivari, m's amis! Tous _l's' Anglès étaient happés comme des mélans dans eune_ seine. I's' débarbouillaient comme des pessons dans des appléts. Voyons que ze dis à nos zens: il faut les faire défilé la parade, et les mette un à un dans la calle. C'qui fut dit fut fait, et biè v?te; et toute c'te mauvaise enzeance fut arrimée sous clé, les panneaux et écoutilles biè fermés. Avec c'te belle f??ue cargaison, _ze m'dis: Zean Micel Pelletais, tu seras biè malin si tu fais queuque ?ose d'bon!_?
Tous les auditeurs se mirent à rire à celle saillie plaisante du vieux corsaire dieppois, qui continua:
?Attendez donc, m's'amis; c'n'est point l'tout, ze dis à mes zens: Mes petites brebis, il vous faut sauter dans les pénices anglaises, actuellement pour prendre une toulène d'lavant du corsaire et ramè en nous rémoquant, comme si les pénices avaient enlevé l'lougre. Mais criez-moi ferme un hourra pour faire crouaire à la corvêteu _qu'ses embarcations nous ont happés. Un hourra qui aurait fait tremblé_ la barbe du b? Dieu fut poussè par nos zens. L'équipage de la corvêteu y répondit par un aute hourra!
?Mes trouais pénices nazant sur l'avant, j'file mon cable, et mes zens s'mettiont à ?anter des ?ansons anglaises, car les matelots d'cez nous savent tous aussi biè ?anter, sans comparaison, comme l'zanglès. La
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