Le Kama Soutra | Page 8

Vatsyayana
la sakti sous la forme d'une femme, le plus souvent celle de l'un d'eux; elle est plac��e toute nue sur une sorte de pi��destal et un initi�� consomme le sacrifice par l'acte charnel. La c��r��monie se termine par l'accouplement g��n��ral de tous, chaque couple repr��sentant Siva et sa Sakty et devenant identique avec eux. C'est absorb�� dans la pens��e de la divinit�� et sans chercher la satisfaction des sens que le fid��le doit accomplir ces actes. Les cat��chismes qui enseignent ces pratiques sont remplis de hautes th��ories morales et m��me d'asc��tisme, mais en r��alit��, les membres de ces r��unions ne sont que des libertins hypocrites. On pr��tend que beaucoup de brahmes en font secr��tement partie bien que publiquement ils affectent de les blamer, parce que toutes ces pratiques sont contraires aux r��gles sur les castes et les souillures.
Ce fait n'est qu'une application particuli��re de la politique g��n��rale des Brahmes qui partout ont flatt�� les passions et sem�� la corruption, pour d��tacher du bouddhisme les populations qu'il avait d'abord conquises.
C'est dans cette m��me pens��e qu'ils ont constitu�� la grande secte essentiellement panth��iste de Vichnou, et principalement le culte de Krichna. Bien mieux encore que le Siva?sme, le Vischnouvisme, par sa th��orie des incarnations et de l'action continue de Vischnou pour la conversion du monde et par la divination de la vie dans toutes ses manifestations, se pr��tait �� l'adoption de toutes les divinit��s, de tous les cultes, de toutes les superstitions aborig��nes. Actuellement l'Inde compte plus de 20,000 dieux, la plupart anciennes divinit��s locales qui sont ador��es par les vishnouvistes, en m��me temps que Vichnou dans ses principales incarnations de Rama et de Krischna et dans ses attributs essentiels de dieu soleil, tel que le con?oivent une grande partie des Hindous, surtout les plus instruits.
Krishna fut un prince, ou chef indig��ne (le mot krishna veut dire noir), guerrier habile et heureux, qui rendit aux Brahmes des services signal��s dans le cours de leurs luttes contre les Kchattrias, et dont les premiers, en r��compense, firent une incarnation de Vichnou. Son culte et ses l��gendes, notamment celles de ses amours avec Radha, furent, d��s l'origine, tr��s licencieux, et Krishna fut sans doute tout d'abord le dieu du plaisir. Le Lalita-Vistara (vie po��tique de Bouddha) confond Krishna avec Marah, le tentateur, le dieu de la concupiscence. Pour les besoins de leur lutte contre le bouddhisme, les Brahmes relev��rent le culte de Krishna, fort go?t�� du sensualisme hindou; ils lui laiss��rent probablement toute la licence de ses pratiques pour le bas peuple, mais en m��me temps ils s'efforc��rent de l'entourer aux yeux des classes ��lev��es d'une aur��ole de mysticisme. Krishna s'��l��ve �� une grande hauteur de philosophie religieuse dans le chant du Bien Heureux; soit rencontre fortuite, soit emprunt du philosophe grec, la th��orie des divinit��s secondaires, ministres du dieu principal, est la m��me dans Platon et dans le po��te hindou. On a comment�� les amours de Krishna avec Rhada, comme une all��gorie figurant le commerce de l'ame avec Dieu. Mais, de m��me que nous l'avons vu tout �� l'heure pour les Tantras et les cat��chismes de la Sakty, il faut penser que ce pr��tendu amour divin n'existait que pour des asc��tes, et que, au fond, c'��tait pour les Brahmes une mani��re de couvrir d'une apparence de pi��t�� l'��rotisme du culte.
A mesure que la Bakti s'accentue dans le vichnouvisme et que les m��rites de la d��votion sont de plus en plus consid��r��s comme dispensant de tous les autres, la religion de Krishna plonge de plus en plus dans l'��rotisme et fait parler davantage �� l'amour divin le langage de la passion. Cette tendance se montre avec un ��clat incomparable dans le Baghavata pourana et avec plus d'intensit�� encore dans les remaniements populaires de cet ouvrage r��pandus dans toute l'Inde, notamment dans le Premsagar Indi (l'Oc��an d'amour).
Le Baghavata Pourana donne des descriptions tr��s lascives des amours de Krishna avec les gopies (berg��res).
Le po?me lyrique de Gita Govinda (le Chant du patre, Krishna) rappelle le Cantique des Cantiques et Lassen ne l'a traduit qu'en latin. Il n'a ��t�� d��pass�� en verve ��rotique que par l'ode �� Priape de Piron. L'��rotisme a infect�� tous le vichnouvisme; M. Th��odore Pavie a vu �� Ceylan des sc��nes r��pugnantes jusqu'au d��go?t. Dans la province de Bombay et au Bengale, les d��vots de Krishna, surtout dans les campagnes, ont des r��unions de nuit o��, en imitation des jeux de Krishna et des Gopies, ils s'exaltent en commun jusqu'�� un paroxysme fr��n��tique et une licence sans bornes.
Krishna est le v��ritable dieu de l'amour pour les Hindous. Quant au dieu Kama, le Cupidon indien, c'est ��videmment un emprunt fait aux Grecs. Le mot Kama signifie le plaisir charnel et il est employ�� dans ce sens par les plus anciens auteurs, en m��me temps que le Darma (devoir religieux) et I'Artha (la science de la
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