Le Kama Soutra | Page 4

Vatsyayana
utriusque sexus in actu copulationis),--et ceux de Vishnou qui portent au front le Nahman. C'est une sorte de trident trac�� �� partir de l'origine du nez. La ligne verticale du milieu est rouge et repr��sente le flux menstruel; les lignes droites lat��rales sont d'un gris cendr�� et figurent la semence virile.
En introduisant la sensualit�� dans tout ce qui touche �� la religion, les Brahmes avaient eu deux objectifs.
Arracher au Bouddhisme et captiver par des images de leur go?t grossier les Hindous, surtout ceux de la caste servile incapables d'atteindre aux d��licatesses du sentiment et de l'id��al. C'��tait avec la repr��sentation sculpturale des sc��nes mythologiques qui avait un certain m��rite, non de forme, mais de mouvement, le moyen le plus facile et peut-��tre unique de plaire aux yeux; c'��tait aussi une concession aux cultes locaux ant��rieurs �� la conqu��te, qui purent ainsi se continuer dans le sein du Panth��isme.
Le second objectif des Brahmes, celui-l�� fondamental et non point seulement une arme et un exp��dient de circonstance, nous est indiqu�� par la prescription de Manou: ?chacun doit acquitter la dette des anc��tres? (avoir au moins un fils pour lui fermer les yeux).
Le but ��tait d'emp��cher la diminution num��rique et par suite l'effacement de la race des Ariahs, aujourd'hui repr��sent��e uniquement par les Brahmes, et aussi de d��velopper la population servile dont le travail ��tait la source principale de la richesse publique. Le l��gislateur pensait sans doute qu'il fallait exciter les passions chez un peuple physiquement assez faible, d'un temp��rament lymphatique, dispos�� �� l'an��mie par l'insuffisance d'une alimentation exclusivement v��g��tale et par l'accablement du climat.
La religion naturaliste ou ��rotique de l'Inde a commenc�� par l'adoration de Siva, confondu d'abord avec le f��tiche du membre viril, le linga. Le linga, qu'on rencontre partout dans l'Inde, sur les routes, aux carrefours et places-publiques, dans les champs n'est point ce qu'��tait dans l'antiquit�� payenne le phallus, une image obsc��ne et quelquefois un objet d'art. Si on n'��tait point averti, on le prendrait pour une borne presque cylindrique, c'est-��-dire un peu plus large �� la base qu'au sommet, laquelle se termine par une calotte sph��rique fort aplatie et ne pr��sentant aucune saillie sur le f?t. Celui que j'ai rapport�� de l'Inde avait une hauteur d'un m��tre, un diam��tre moyen de 0,25 �� 0,30 m. et reposait sur une base ��galement en granit d'un m��tre et demi de c?t��, clans laquelle ��tait creus��e au pied du f?t une sorte de rainure circulaire repr��sentant le pli du yoni (partie sexuelle de la femme) figur�� par la base, ainsi que cela a lieu g��n��ralement.
Ainsi, m��me aujourd'hui, apr��s trente si��cles peut-��tre, le linga et l'yoni ne sont point des images qui parlent aux sens, ce sont des corps g��om��triques servant de symboles, des f��tiches.
Comme il ne s'est trouv�� aucune trace de f��tichisme chez les Ariahs de l'��poque v��dique, ni aucun autre f��tiche dans le culte brahmanique post��rieur, il faut penser que le linga est le f��tiche probablement tr��s ancien d'une race assujettie, peut-��tre les Daysous noirs, et que les Brahmes, pour s'attacher cette race, adopt��rent Siva et le linga, en confondant �� dessein Siva avec Roudra, le dieu v��dique qui s'en rapprochait le plus par ses attributs: Siva ��tait sans doute le dieu national d'une partie notable de l'Inde avant la conqu��te Aryenne; car, d��s le commencement, il a re?u la qualification d'Issouara, l'��tre supr��me.
Le linga n'avait point p��n��tr�� dans la religion v��dique, o�� il n'y a point de culte du phallus. Stevenson et Lassen lui attribuent, avec beaucoup de preuves �� l'appui de leur opinion, une origine dravidienne (la langue dravinienne, aujourd'hui le tamoul, est en usage dans tout le sud de la p��ninsule).
Le linga appara?t dans la religion des Brahmes en m��me temps que le Siva?sme, et celui-ci s'y montre imm��diatement apr��s la p��riode des hymnes; quelques morceaux du yagur-v��da (v��da du c��r��monial) supposent un ��tat d��j�� avanc�� de la religion siva?ste.
Le temple d'Issouara (Siva, ��tre supr��me) �� Benar��s para?t avoir ��t�� tr��s ancien; il ��tait dans toute sa splendeur lors de la visite du p��lerin chinois Fa-Hien.
Encore aujourd'hui, c'est le siva?sme qui domine �� Benar��s, la ville sainte et savante par excellence.
Plusieurs passages du Mahabarata ont trait au culte de Siva et du linga; les ��pop��es, bien que Vichnouistes, supposent une pr��pond��rance ant��rieure du culte de Mahad��va (le grand dieu, Siva, l'��tre existant par lui-m��me).
Dans les premi��res l��gendes bouddhistes, le Lalita-Vistara, par exemple, Siva vient imm��diatement apr��s Brahma et ?akra (Indra). On sait qu'il y a toujours eu grande sympathie et nombreux rapprochements entre le bouddhisme et le siva?sme, sans doute parce que ce dernier ��tait tr��s rationnaliste et presque monoth��iste, tandis que le vishnouvisme repr��sentait le panth��isme et l'idolatrie. Le siva?sme est rest�� longtemps la religion professionnelle des Brahmes lettr��s.
Il y a maintenant dans le sud de l'Inde une secte spiritualiste qui pr��tend professer le siva?sme primitif.
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