Le Grand Meaulnes

Alain-Fournier
Le Grand Meaulnes

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Title: Le grand Meaulnes
Author: Alain-Fournier
Release Date: May, 2004 [EBook #5781] [Yes, we are more than one year ahead of
schedule] [This file was first posted on July 21, 2003]
Edition: 10
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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Produced by Walter Debeuf

Le Grand Meaulnes
By Alain-Fournier.

LE GRAND MEAULNES
Préface.
Henri-Alban Fournier (Alain-Fournier est un demi-pseudonyme) est né le 3 octobre 1886,
à La Chapelle-d'Angillon (Cher). Après une enfance passée en Sologne et dans le
Bas-Berry, où ses parents sont instituteurs, il commence ses études secondaires à Paris,
puis va préparer à Brest le concours d'entrée à l'Ecole Navale, à quoi il renonce bientôt,
ayant compris qu'il ne pourrait jamais vivre loin de ces campagnes de son enfance qu'il a
passionnément aimées. Il revient faire sa philosophie à Bourges. Puis, ayant choisi la
carrière de l'enseignement des Lettres, il poursuit ses études au Lycée Lakanal, à Sceaux,
où il se lie de profonde amitié avec Jacques Rivière (qui épousera en 1909 se jeune soeur
Isabelle). Tous deux se lancent à la recherche de la vérité et de la beauté dans tous les arts:
peinture, musique et surtout littérature, où ils seront les premiers à découvrir, parmi les
jeunes écrivains-- alors incompris et moqués--ceux qui deviendront les grands noms de
notre époque: Claudel, Péguy, Valéry, etc. En juin 1905, Henri avait rencontré celle qui,
sous le nom d'Yvonne de Galais sera l'héroïne du Grand Meaulnes. Brève rencontre,
unique conversation le long des quais de la Seine, d'où est né en lui, cependant, ce qui
sera le grand amour de sa vie. Il ne retrouvera qu'en 1913, après huit ans de recherches et
de souffrances, pour une deuxième courte rencontre, "La Belle Jeune Fille", alors mariée
et mère de deux enfants.
Ses études ayant été interrompues en 1907 par les deux ans de son service militaire, il ne
les avait pas reprises. Il avait tenu alors quelque temps un Courrier littéraire, publié divers
poèmes, essais, contes (réunis plus tard sous le titre Miracles), cependant que s'élaborait
lentement l'oeuvre qui l'a rendu célèbre.
Et c'est quelques mois après la deuxième rencontre--la dernière--que parut Le Grand
Meaulnes commencé presque au lendemain de la première, patiemment bâti, remanié,
transformé au long de ces huit années, et qui est l'histoire, à peine transposée, de tout ce
qu'il avait vécu jusqu'alors, et du grand douloureux amour qui a dominé sa vie.
Un an plus tard, il était tué aux Eparges, le 22 septembre 1914.
Sa soeur Isabelle, à qui est dédié le roman, après la mort de son mari, Jacques Rivière, en
1925, publia l'abondante Correspondance des deux amis; ensuite les Lettres au Petit B.
(René Bichet, un gentil camarade de Lakanal) et les Lettres d'Alain-Fournier à sa Famille,
puis des souvenirs sur son frère: Images d'Alain-Fournier, etc.
A ma soeur Isabelle.

PREMIÈRE PARTIE
CHAPITRE PREMIER

Le Pensionnaire.
Il arriva chez nous un dimanche de novembre 189...
Je continue à dire "chez nous", bien que la maison ne nous appartienne plus. Nous avons
quitté le pays depuis bientôt quinze ans et nous n'y reviendrons certainement jamais.
Nous habitions les bâtiments du Cour Supérieur de Sainte-Agathe. Mon père, que
j'appelais M. Seurel, comme les autres élèves, y dirigeait à la fois le Cours supérieur, où
l'on préparait le brevet d'instituteur, et le Cours moyen. Ma mère faisait la petite classe.
Une longue maison rouge, avec cinq portes vitrées, sous des vignes vierges, à l'extrémité
du bourg; une cour immense avec préaux et buanderie, qui ouvrait en avant sur le village
par un grand portail; sur le côté nord, la route où donnait une petite grille et qui menait
vers La Gare, à trois kilomètres; au sud et par derrière, des champs, des jardins et des prés
qui rejoignaient les faubourgs... tel est le plan sommaire de cette
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