les mains.
--Et, poursuivit Louis en se rapprochant de la reine, lorsqu'il d��lire, le pauvre jeune homme! il dit une foule de choses extr��mement d��licates �� entendre pour messieurs les gardes du roi ou toute autre personne.
--Docteur!
--Ah! dame! il ne fallait pas me questionner, si vous ne vouliez pas que je r��pondisse.
--Dites toujours, cher docteur.
Et la reine prit la main du bon savant.
--Ce jeune homme est un ath��e, peut-��tre, et, dans son d��lire, il blasph��me.
--Non pas, non pas. Il a, au contraire, une religion tr��s profonde.
--Il y aurait exaltation peut-��tre dans ses id��es?
--Exaltation, c'est le mot.
La reine composa son visage, et prenant ce superbe sang-froid qui accompagne toujours les actes des princes habitu��s au respect des autres et �� l'estime d'eux-m��mes, facult�� indispensable aux grands de la terre pour dominer et ne pas se trahir:
--Monsieur de Charny, dit-elle, m'est recommand��. Il est le neveu de monsieur de Suffren, notre h��ros. Il m'a rendu des services; je veux ��tre �� son ��gard comme serait une parente, une amie. Dites-moi donc la v��rit��; je dois et je veux l'entendre.
--Mais, moi, je ne puis vous la dire, r��pliqua Louis, et puisque Votre Majest�� tient si fort �� la conna?tre, je ne sais qu'un moyen, c'est que Votre Majest�� entende elle-m��me. De cette fa?on, si quelque chose est dit �� tort par ce jeune homme, la reine n'en voudra ni �� l'indiscret qui aura laiss�� p��n��trer le secret, ni �� l'imprudent qui l'aura ��touff��.
--J'aime votre amiti��, s'��cria la reine, et crois d��s �� pr��sent que monsieur de Charny dit des choses ��tranges dans son d��lire....
--Des choses qu'il est urgent que Votre Majest�� entende pour les appr��cier, fit le bon docteur.
Et il prit doucement la main ��mue de la reine.
--Mais d'abord, prenez garde, s'��cria la reine, je ne fais point ici un pas sans avoir quelque charitable espion derri��re moi.
--Vous n'aurez que moi, ce soir. Il s'agit de traverser mon corridor, qui a une porte �� chaque extr��mit��. Je fermerai celle par laquelle nous entrerons, et nul ne sera pr��s de nous, madame.
--Je m'abandonne �� mon cher docteur, fit la reine.
Et prenant le bras de Louis, elle se glissa hors des appartements toute palpitante de curiosit��.
Le docteur tint sa promesse. Jamais roi, marchant au combat ou faisant une reconnaissance dans une ville de guerre; jamais reine, escort��e en aventure, ne fut plus vulgairement ��clair��e par un capitaine des gardes ou un grand-officier du palais.
Le docteur ferma la premi��re porte, s'approcha de la deuxi��me, �� laquelle il colla son oreille.
--Eh bien! dit la reine, c'est donc l�� qu'est votre malade?
--Non pas, madame, il est dans la seconde pi��ce. Oh! s'il ��tait dans celle-ci, vous l'eussiez entendu du bout du corridor. ��coutez d��j�� de cette porte.
On entendait, en effet, le murmure inarticul�� de quelques plaintes.
--Il g��mit, il souffre, docteur.
--Non pas, non pas, il ne g��mit pas du tout. Il parle bel et bien. Tenez, je vais ouvrir cette porte.
--Mais je ne veux pas entrer pr��s de lui, s'��cria la reine en se rejetant en arri��re.
--Ce n'est pas non plus cela que je vous propose, dit le docteur. Je vous parle seulement d'entrer dans la premi��re chambre, et de l��, sans crainte d'��tre vue ou de voir, vous entendrez tout ce qui se dira chez le bless��.
--Tous ces myst��res, toutes ces pr��parations me font peur, murmura la reine.
--Que sera-ce donc lorsque vous aurez entendu! r��pliqua le docteur.
Et il entra seul pr��s de Charny.
V��tu de sa culotte d'uniforme, dont le bon docteur avait d��nou�� les boucles, sa jambe nerveuse et fine prise dans un bas de soie aux spirales d'opale et de nacre, ses bras ��tendus comme ceux d'un cadavre, et tout raides dans les manches de batiste froiss��e, Charny essayait de soulever sur l'oreiller sa t��te plus lourde que si elle e?t ��t�� de plomb.
Une sueur bouillante ruisselait en perles sur son front, et collait �� ses tempes les boucles d��nou��es de ses cheveux.
Abattu, ��cras��, inerte, il n'��tait plus qu'une pens��e, qu'un sentiment, qu'un reflet; son corps ne vivait plus que sur cette flamme, toujours anim��e et s'irritant elle-m��me dans son cerveau, comme le lumignon dans la veilleuse d'albatre.
Ce n'est pas une vaine comparaison que nous avons choisie, car cette flamme, seule existence de Charny, ��clairait fantastiquement et d'une fa?on adoucie certains d��tails que la m��moire seule n'e?t pas traduits en longs po��mes.
Charny en ��tait �� se raconter lui-m��me son entrevue dans le fiacre avec la dame allemande rencontr��e de Paris �� Versailles.
--Allemande! allemande! r��p��tait-il toujours.
--Oui, allemande, nous savons cela, dit le docteur, route de Versailles.
--Reine de France, s'��cria-t-il tout �� coup.
--Eh! fit Louis en regardant dans la chambre de la reine. Rien que cela. Qu'en dites-vous, madame?
--Voil�� ce qu'il y a d'affreux, murmura Charny; c'est d'aimer un ange, une femme, de l'aimer follement, de donner sa vie pour elle, et de n'avoir plus en face, quand on s'approche,
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