pas un huissier qui m'a prot��g��e? J'en fais autant pour un cardinal.
Jeanne se trouva bient?t en pr��sence de sa souveraine.
Marie-Antoinette ��tait s��rieuse, peu dispos��e en apparence, peut-��tre m��me par cela qu'elle avait trop favoris�� la comtesse avec une r��ception inesp��r��e.
Au fond, pensa l'amie de monsieur de Rohan, la reine se figure que je vais encore mendier.... Avant que j'aie prononc�� vingt mots, elle se sera d��rid��e ou m'aura fait jeter �� la porte.
--Madame, dit la reine, je n'ai pas encore trouv�� l'occasion de parler au roi.
--Ah! madame, Votre Majest�� n'a ��t�� que trop bonne d��j�� pour moi, et je n'attends rien de plus. Je venais....
--Pourquoi venez-vous? dit la reine habile �� saisir les transitions. Vous n'aviez pas demand�� audience. Il y a urgence peut-��tre... pour vous?
--Urgence... oui, madame; mais pour moi... non.
--Pour moi, alors.... Voyons, parlez, comtesse.
Et la reine conduisit Jeanne dans la salle des bains, o�� ses femmes l'attendaient.
La comtesse, voyant autour de la reine tout ce monde, ne commen?ait pas la conversation.
La reine, une fois au bain, renvoya ses femmes.
--Madame, dit Jeanne, Votre Majest�� me voit bien embarrass��e.
--Comment cela? Je vous le disais bien.
--Votre Majest�� sait, je crois le lui avoir dit, toute la grace que met monsieur le cardinal de Rohan �� m'obliger?
La reine fron?a le sourcil.
--Je ne sais, dit-elle.
--Je croyais....
--N'importe... dites.
--Eh bien! madame, Son ��minence me fit l'honneur avant-hier de me rendre visite.
--Ah!
--C'��tait pour une bonne oeuvre que je pr��side.
--Tr��s bien, comtesse, tr��s bien. Je donnerai aussi... �� votre bonne oeuvre.
--Votre Majest�� se m��prend. J'ai eu l'honneur de lui dire que je ne demandais rien. Monsieur le cardinal, selon sa coutume, me parla de la bont�� de la reine, de sa grace in��puisable.
--Et demanda que je prot��geasse ses prot��g��s?
--D'abord! Oui, Votre Majest��.
--Je le ferai, non pour monsieur le cardinal, mais pour les malheureux que j'accueille toujours bien, de quelque part qu'ils viennent. Seulement, dites �� Son ��minence que je suis fort g��n��e.
--H��las! madame, voil�� bien ce que je lui dis, et de l�� vient l'embarras que je signalais �� la reine.
--Ah! ah!
--J'exprimai �� monsieur le cardinal toute la charit�� si ardente dont s'emplit le coeur de Votre Majest�� �� l'annonce d'une infortune quelconque, toute la g��n��rosit�� qui fait vider incessamment la bourse de la reine, trop ��troite toujours.
--Bien! bien!
--Tenez, monseigneur, lui dis-je, comme exemple, Sa Majest�� se rend esclave de ses propres bont��s. Elle se sacrifie �� ses pauvres. Le bien qu'elle fait lui tourne �� mal, et l��-dessus je m'accusai moi-m��me.
--Comment cela, comtesse, dit la reine, qui ��coutait, soit que Jeanne e?t su la prendre par son faible, soit que l'esprit distingu�� de Marie-Antoinette sent?t sous la longueur de ce pr��ambule un vif int��r��t, r��sultant pour elle de la pr��paration.
--Je dis, madame, que Votre Majest�� m'avait donn�� une forte somme quelques jours avant; que mille fois, au moins, cela ��tait arriv�� depuis deux ans �� la reine, et que si la reine e?t ��t�� moins sensible, moins g��n��reuse, elle aurait deux millions en caisse, grace auxquels nulle consid��ration ne l'emp��cherait de se donner ce beau collier de diamants, si noblement, si courageusement, mais, permettez-moi de le dire, madame, si injustement repouss��.
La reine rougit et se remit �� regarder Jeanne. ��videmment la conclusion se renfermait dans la derni��re phrase. Y avait-il pi��ge? Y avait-il seulement flagornerie? Certes, la question ��tant ainsi pos��e, il ne pouvait manquer d'y avoir danger pour une reine. Mais Sa Majest�� rencontra sur le visage de Jeanne tant de douceur, de candide bienveillance, tant de v��rit�� pure, que rien n'accusait une pareille physionomie d'��tre perfide ou adulatrice.
Et comme la reine elle-m��me avait une ame pleine de vraie g��n��rosit��, et que dans la g��n��rosit��, il y a toujours la force, dans la force toujours la solide v��rit��, alors Marie-Antoinette, poussant un soupir:
--Oui, dit-elle, le collier est beau; il ��tait beau, veux-je dire, et je suis bien aise qu'une femme de go?t me loue de l'avoir repouss��.
--Si vous saviez, madame, s'��cria Jeanne, coupant �� propos la phrase, comme on finit par conna?tre les sentiments des gens lorsqu'on porte int��r��t �� ceux que ces gens aiment!
--Que voulez-vous dire?
--Je veux dire, madame, qu'en apprenant votre h��ro?que sacrifice du collier, je vis monsieur de Rohan palir.
--Palir!
--En un moment ses yeux se remplirent de larmes. Je ne sais, madame, s'il est vrai que monsieur de Rohan soit un bel homme et un seigneur accompli, ainsi que beaucoup le pr��tendent; ce que je sais, c'est qu'en ce moment, sa figure, ��clair��e par le feu de son ame, et toute sillonn��e de larmes provoqu��es par votre g��n��reux d��sint��ressement, que dis-je? par votre privation sublime, cette figure-l�� ne sortira jamais de mon souvenir.
La reine s'arr��ta un moment �� faire tomber l'eau du bec de cygne dor�� qui plongeait sur sa baignoire de marbre.
--Eh bien! comtesse, dit-elle, puisque monsieur de Rohan vous a paru si beau et si accompli que vous venez
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