sur son front ouvert et g��n��reux.
--Je ne bois que de l'eau, mar��chal, r��pondit-il.
--Except�� chez le roi Louis XV, dit le duc. J'ai eu l'honneur d'y d?ner avec Monsieur le comte, et cette fois il a daign�� boire du vin.
--Vous me rappelez l�� un excellent souvenir, monsieur le mar��chal; oui, en 1771; c'��tait du vin de Tokay du cru imp��rial.
--C'��tait le pareil de celui-ci, que mon ma?tre d'h?tel a l'honneur de vous verser en ce moment, monsieur le comte, r��pondit Richelieu en s'inclinant.
Le comte de Haga leva le verre �� la hauteur de son oeil et le regarda �� la clart�� des bougies.
Il ��tincelait dans le verre comme un rubis liquide.
--C'est vrai, dit-il, monsieur le mar��chal: merci.
Et le comte pronon?a ce mot merci d'un ton si noble et si gracieux, que les assistants ��lectris��s se lev��rent d'un seul mouvement en criant:
--Vive Sa Majest��!
--C'est vrai, r��pondit le comte de Haga: vive Sa Majest�� le roi de France! N'��tes-vous pas de mon avis, monsieur de La P��rouse?
--Monsieur le comte, r��pondit le capitaine avec cet accent �� la fois caressant et respectueux de l'homme habitu�� �� parler aux t��tes couronn��es, je quitte le roi il y a une heure, et le roi a ��t�� si plein de bont�� pour moi, que nul ne criera plus haut: ?Vive le roi!? que je ne le ferai. Seulement, comme dans une heure environ je courrai la poste pour gagner la mer, o�� m'attendent les deux fl?tes que le roi met �� ma disposition, une fois hors d'ici, je vous demanderai la permission de crier vive un autre roi que j'aimerais fort �� servir, si je n'avais un si bon ma?tre.
Et, en levant son verre, M. de La P��rouse salua humblement le comte de Haga.
--Cette sant�� que vous voulez porter, dit Mme du Barry, plac��e �� la gauche du mar��chal, nous sommes tous pr��t, monsieur, �� y faire raison. Mais encore faut-il que notre doyen d'age la porte, comme on dirait au Parlement.
--Est-ce �� toi que le propos s'adresse, Taverney, ou bien �� moi? dit le mar��chal en riant et en regardant son vieil ami.
--Je ne crois pas, dit un nouveau personnage plac�� en face du mar��chal de Richelieu.
--Qu'est-ce que vous ne croyez pas, monsieur de Cagliostro? dit le comte de Haga en attachant son regard per?ant sur l'interlocuteur.
--Je ne crois pas, monsieur le comte, dit Cagliostro en s'inclinant, que ce soit M. de Richelieu notre doyen d'age.
--Oh! voil�� qui va bien, dit le mar��chal; il para?t que c'est toi, Taverney.
--Allons donc, j'ai huit ans de moins que toi. Je suis de 1704, r��pliqua le vieux seigneur.
--Malhonn��te! dit le mar��chal; il d��nonce mes quatre-vingt-huit ans.
--En v��rit��! monsieur le duc, vous avez quatre-vingt-huit ans? fit M. de Condorcet.
--Oh! mon Dieu! oui. C'est un calcul facile �� faire, et par cela m��me indigne d'un alg��briste de votre force, marquis. Je suis de l'autre si��cle, du grand si��cle, comme on l'appelle: 1696, voil�� une date!
--Impossible, dit de Launay.
--Oh! si votre p��re ��tait ici, monsieur le gouverneur de la Bastille, il ne dirait pas impossible, lui qui m'a eu pour pensionnaire en 1714.
--Le doyen d'age, ici, je le d��clare, dit M. de Favras, c'est le vin que M. le comte de Haga verse en ce moment dans son verre.
--Un tokay de cent vingt ans; vous avez raison, monsieur de Favras, r��pliqua le comte. �� ce tokay l'honneur de porter la sant�� du roi.
--Un instant, messieurs, dit Cagliostro en ��levant au-dessus de la table sa large t��te ��tincelante de vigueur et d'intelligence, je r��clame.
--Vous r��clamez sur le droit d'a?nesse du tokay? reprirent en choeur les convives.
--Assur��ment, dit le comte avec calme, puisque c'est moi-m��me qui l'ai cachet�� dans sa bouteille.
--Vous?
--Oui, moi, et cela le jour de la victoire remport��e par Montecuculli sur les Turcs, en 1664.
Un immense ��clat de rire accueillit ces paroles, que Cagliostro avait prononc��es avec une imperturbable gravit��.
--�� ce compte, monsieur, dit Mme du Barry, vous avez quelque chose comme cent trente ans, car je vous accorde bien dix ans pour avoir pu mettre ce bon vin dans sa grosse bouteille.
--J'avais plus de dix ans lorsque j'accomplis cette op��ration, madame, puisque le surlendemain j'eus l'honneur d'��tre charg�� par Sa Majest�� l'empereur d'Autriche de f��liciter Montecuculli, qui, par la victoire du Saint-Gothard, avait veng�� la journ��e d'Especk en Esclavonie, journ��e o�� les m��cr��ants battirent si rudement les imp��riaux mes amis et mes compagnons d'armes, en 1536.
--Eh! dit le comte de Haga aussi froidement que le faisait Cagliostro, Monsieur avait encore �� cette ��poque dix ans au moins, puisqu'il assistait en personne �� cette m��morable bataille.
--Une horrible d��route! monsieur le comte, r��pondit Cagliostro en s'inclinant.
--Moins cruelle cependant que la d��route de Cr��cy, dit Condorcet en souriant.
--C'est vrai, monsieur, dit Cagliostro en souriant, la d��route de Cr��cy fut une chose terrible en ce que ce fut non seulement une arm��e, mais la France
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