Le Capitaine Arena:, vol 2 | Page 9

Alexandre Dumas, père
basse, et sautant sur des chevaux qui les attendaient tout sell��s et tout brid��s dans l'angle d'une roche, ils disparurent, laissant aux autres bandits le soin de visiter les poches et le portemanteau du jeune comte; ce dont ils s'acquitt��rent religieusement.
Quant au bless��, il avait fait le mort; et comme, en sa qualit�� de domestique, on le supposait naturellement moins charg�� d'argent que son ma?tre, les bandits l'avaient visit�� �� peine, satisfaits sans doute de ce qu'ils avaient trouv�� sur le comte; puis, apr��s cette courte visite, qui lui avait cependant co?t�� sa bourse et sa montre, ils ��taient partis, emportant dans la montagne les cadavres de leurs deux camarades tu��s.
Il n'y avait pas moyen de poursuivre les meurtriers; les deux comtes confi��rent donc ce soin �� la police de Syracuse et de Catane; il en r��sulta que les meurtriers rest��rent inconnus et demeur��rent impunis: quant �� don Ramiro, son cadavre fut ramen�� �� Catane, o�� il re?ut une s��pulture digne de lui dans les caveaux de ses anc��tres.
Cet ��v��nement, si terrible qu'il f?t pour les deux familles, avait cependant, comme toutes les choses de ce monde, son bon et son mauvais cot��: grace �� la mort de don Ramiro, Albano devenait l'a?n�� de la famille; il ne pouvait donc plus ��tre question pour lui' d'embrasser l'��tat eccl��siastique; c'��tait �� lui maintenant �� soutenir le nom et �� perp��tuer la race des Rizzari.
Il fut donc rappel�� �� Catane.
Nous ne scruterons pas le coeur des deux jeunes gens; le coeur le plus pur a son petit coin gangren�� par lequel il tient aux mis��res humaines, et ce fut dans ce petit coin que Costanza et Albano sentirent en se revoyant remuer et revivre l'espoir d'��tre un jour l'un �� l'autre.
En effet, rien ne s'opposait plus �� leur union; aussi cette id��e vint-elle aux p��res comme elle ��tait venue aux enfants: on fixa seulement les noces �� la fin du grand deuil, c'est-��-dire �� une ann��e.
Vers ce m��me temps, le chevalier Bruni ayant appris que Costanza ��tait, par la mort de don Ramiro, redevenue libre, renouvela sa demande; malheureusement comme la premi��re fois il arrivait trop tard, d'autres arrangements ��taient pris, �� la grande satisfaction des deux amants, et le comte de Bruca r��pondit au chevalier Bruni que le fis cadet du comte Rizzari ��tant devenu son fils a?n��, il lui succ��dait, non-seulement dans son titre et dans sa fortune, mais encore dans l'union projet��e depuis long-temps entre les deux maisons.
Comme la premi��re fois, le chevalier Bruni se retira sans dire une seule parole; si bien que ceux qui connaissaient son caract��re ne pouvaient rien comprendre �� cette mod��ration.
Les jours et les mois s'��coul��rent bien diff��rents pour les deux jeunes gens des jours et des mois de Tann��e pr��c��dente: le terme fix�� pour l'expiration du deuil ��tait le 12 septembre: le 15 les jeunes gens devaient ��tre unis.
Ce jour bienheureux, que dans leur impatience ils ne croyaient jamais atteindre, arriva enfin.
La c��r��monie eut lieu au chateau de la Bruca. Toute la noblesse des environs ��tait convi��e �� la f��te; �� onze heures du matin les jeunes gens furent unis �� la chapelle. Costanza et Albano n'eussent point ��chang�� leur sort contre l'empire du monde.
Apr��s la messe, chacun se dispersa dans les vastes jardins du chateau jusqu'�� ce que la cloche sonnat l'heure du d?ner. Le repas fut hom��rique, quatre-vingts personnes ��taient r��unies �� la m��me table.
Les portes de la salle �� manger donnaient d'un c?t�� sur le jardin splendidement illumin��, de l'autre dans un vaste salon o�� tout ��tait pr��par�� pour le bal; de l'autre c?t�� du salon ��tait la chambre nuptiale que devaient occuper les jeunes ��poux.
Le bal commen?a avec cette fr��n��sie toute particuli��re aux Siciliens; chez eux tous les sentiments sont port��s �� l'exc��s: ce qui chez les autres peuples n'est qu'un plaisir est chez eux une passion, les deux nouveaux ��poux donnaient l'exemple, et chacun paraissait heureux de leur bonheur.
A minuit deux masques entr��rent v��tus de costumes de paysans siciliens et portant entre leurs bras un mannequin v��tu d'une longue robe noire et ayant la forme d'un homme. Ce mannequin ��tait masqu�� comme eux et portait sur la poitrine le mot tristizia brod�� en argent; dans ce doux patois sicilien, qui rench��rit encore en velout�� sur la langue italienne, ce mot veut dire tristesse.
Les deux masques entr��rent gravement, d��pos��rent le mannequin sur une ottomane, et se mirent �� faire autour de lui des lamentations comme on a l'habitude d'en faire pr��s des morts qu'on va ensevelir. D��s lors l'intention ��tait frappante: apr��s une ann��e de douleur s'ouvrait pour les deux familles un avenir de joie, et les masques faisaient allusion �� cette douleur pass��e et �� cet avenir en portant la tristesse en terre. Quoique peut-��tre on e?t pu choisir quelque all��gorie de meilleur go?t que celle-l��, les nouveaux
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