Le Capitaine Arena:, vol 2 | Page 7

Alexandre Dumas, père
en n'oubliant jamais que les fous ne sont point des coupables �� punir, mais bien de pauvres malades auxquels il faut porter des secours, et dont la position malheureuse r��clame tous les ��gards dus au malheur et �� la souffrance.?
Art. 46.
?De toutes les m��thodes de restriction dont on se sert actuellement dans les hospices et les ��tablissements des ali��n��s chez les nations les plus civilis��es de l'Europe, il n'en sera adopt�� que trois: l'emprisonnement dans la chambre, la ligature dans un hamac et la camisole de force, convaincu qu'est le directeur de la maison des fous de Palerme, non-seulement de l'inefficacit��, mais encore du danger r��el des machines de rotation, des bains de surprise, des lits de force, moyens de r��pression plus cruels encore que l'emploi des cha?nes aboli dans quelques ��tablissements.?
Art. 48.
?Cependant, comme on est quelquefois avec les ali��n��s contraint d'employer la force, dans les cas extr��mes la force sera employ��e. Alors la r��pression se fera, non pas avec bruit et duret��, mais avec fermet�� et humanit�� en m��me temps, et en faisant comprendre, autant que cela sera possible, aux malades la douleur que leurs gardiens ��prouvent d'��tre contraints de se servir de pareils moyens envers eux.?
Art. 51.
?L'emploi de la camisole de force ne sera jamais ordonn�� que par le directeur; mais encore toutes les pr��cautions seront prises au moment d'en faire usage, surtout lorsque l'application devra en ��tre faite �� une femme, �� laquelle le serrement des courroies pourrait faire beaucoup de mal en comprimant les muscles de la poitrine.?
J'achevais la lecture delle Instruzioni (c'est le titre de ces r��glements) lorsque le baron rentra accompagn�� de Lucca, parfaitement calm�� par la musique qu'il venait de faire, et qui, ayant appris mon nom, voulait, en sa qualit�� de confr��re en po��sie, me faire ses compliments. Il connaissait de moi Antony et Charles VII, et me pria de lui mettre quelques vers sur son album. Je lui demandai la r��ciprocit��, mais il r��clama jusqu'au lendemain matin, voulant me faire ces vers tout expr��s. Il ��tait redevenu parfaitement calme, parlait avec douceur et gravit�� �� la fois, et, sauf la conviction qu'il avait gard��e d'��tre Dante, n'avait pour le moment aucune des mani��res d'un fou.
L'heure ��tait venue de nous retirer; d'ailleurs, un des spectacles que je supporte le moins long-temps et avec le plus de peine, est celui de la folie. Le baron, qui avait affaire de notre c?t��, nous offrit de nous reconduire, nous acceptames.
En traversant la cour, je revis la jeune fille qui ��tait venue se jeter dans les bras du baron; elle ��tait agenouill��e devant le bassin d'une fontaine, et elle s'y regardait comme dans un miroir, s'amusant �� tremper dans l'eau les longues boucles de ses cheveux, dont elle appuyait ensuite l'extr��mit�� mouill��e sur son front br?lant
Je demandai au baron quel ��v��nement avait produit cette folie sombre et douloureuse, �� laquelle lui-m��me ne voyait aucun espoir de gu��rison. Le baron me raconta ce qui suit:
--Costanza (on se rappelle que c'est le nom que le baron avait donn�� �� la jeune folle) ��tait la fille unique du dernier comte de la Bruca; elle habitait avec lui et sa m��re, entre Syracuse et Catane, un de ces vieux chateaux d'architecture sarrasine, comme il en reste encore quelques-uns en Sicile. Mais, quelque isol�� que fut le chateau, la beaut�� de Costanza ne s'en ��tait pas moins r��pandue de Messine �� Trappani; et plus d'une fois de jeunes seigneurs siciliens, sous le pr��texte que la nuit les avait surpris dans leur voyage, vinrent demander au comte de la Bruca une hospitalit�� qu'il ne refusait jamais. C'��tait un moyen de voir Costanza. Ils la voyaient, et presque tous s'en allaient amoureux-fous d'elle.
Parmi ces visiteurs int��ress��s, passa un jour le chevalier Bruni. C'��tait un homme de vingt-huit �� trente ans, qui avait ses biens �� Castrogiovanni, et qui passait pour un de ces hommes violents et passionn��s qui ne reculent devant rien pour satisfaire un d��sir d'amour, ou pour accomplir un acte de vengeance.
Costanza ne le remarqua point plus qu'elle ne faisait des autres; et le chevalier Bruni passa une nuit et un jour au chateau de la Bruca, sans laisser apr��s son d��part le moindre souvenir dans le coeur ni dans l'esprit de la jeune fille.
Il faut tout dire aussi: ce coeur et cet esprit ��taient occup��s ailleurs. Le comte de Rizzari avait un chateau situ�� �� quelques milles seulement de celui qu'habitait le comte de la Bruca. Une vieille amiti�� liait entre eux les deux voisins, et faisait qu'ils ��taient presque toujours l'un chez l'autre. Le comte de Rizzari avait deux fils, et le plus jeune de ces deux fils, nomm�� Albano, aimait Costanza et ��tait aim�� d'elle.
Malheureusement, c'est une assez triste position sociale que celle d'un cadet sicilien. A l'a?n�� est destin��e la charge de soutenir l'honneur du nom, et,
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