Le Capitaine Arena:, vol 2 | Page 2

Alexandre Dumas, père
pass�� la nuit �� appeler, �� crier, �� frapper le long des murs et �� r��clamer son d?ner: tout avait ��t�� inutile, les murs avaient fait les sourds, et le prisonnier ��tait rest�� �� jeun.
Le matin, le gardien ��tait entr�� vers les neuf heures, et le fou lui avait demand�� imp��rieusement son d��jeuner. Le gardien lui avait alors tranquillement demand�� un ou deux ��cus pour aller l'acheter en ville. L'affam�� avait fouill�� dans ses poches, et n'y ayant rien trouv��, il avait demand�� du cr��dit; ce �� quoi le gardien avait r��pondu que le cr��dit ��tait bon pour les grands seigneurs, mais qu'on ne faisait pas cr��dit �� de la canaille comme lui. Alors le pauvre diable avait r��fl��chi profond��ment, et avait fini par demander au gardien ce qu'il fallait qu'il fit pour se procurer de l'argent. Le gardien lui dit que s'il voulait l'aider �� porter au grenier le bois qui ��tait �� la cave, �� la douzi��me brass��e il lui donnerait deux grains; qu'avec deux grains il aurait un pain de deux livres, et qu'avec ce pain de deux livres il apaiserait son app��tit. Cette condition avait paru fort dure �� l'ex-aristocrate; mais enfin, comme il lui paraissait plus dur encore de ne pas d��jeuner apr��s s'��tre pass�� de d?ner la veille, il avait suivi le gardien, ��tait descendu avec lui �� la cave, avait port�� ses douze brass��es de bois au grenier, avait re?u ses deux grains, et en avait achet�� un pain de deux livres qu'il avait d��vor��.
A partir de ce moment, la chose avait ��t�� toute seule. Le fou s'��tait remis �� porter son bois pour gagner son d?ner. Comme il en avait port�� trente-six brass��es au lieu de douze, le d?ner avait ��t�� trois fois meilleur que le d��jeuner. Il avait pris go?t �� cette am��lioration, et le lendemain, apr��s avoir pass�� une nuit parfaitement tranquille, il s'��tait mis �� faire la chose de lui-m��me.
Depuis ce temps, on ne pouvait plus l'arracher �� cet exercice, qu'il continuait de prendre, comme on l'a vu, m��me les dimanches et les jours de f��te; seulement, quand tout le bois ��tait mont�� de la cave au grenier, il le redescendait du grenier �� la cave, et vice versa.
Il y avait un an qu'il faisait ce m��tier, le c?t�� spl��n��tique de sa folie avait compl��tement disparu; il ��tait redevenu, sinon gras, du moins fort, car sa sant�� physique ��tait parfaitement r��tablie, grace au travail assidu qu'il faisait. Dans quelques jours, le baron se proposait d'attaquer la partie morale, en lui disant qu'on ��tait �� la recherche de papiers qui pourraient bien prouver que l'accusation de substitution dont il ��tait victime ��tait fausse. Mais si bien gu��ri que son pensionnaire d?t jamais ��tre, le baron Pisani nous assura qu'il ne le laisserait sortir que sous la promesse formelle que, quelque part qu'il f?t, il monterait tous les jours de la cave au grenier, ou descendrait tous les jours du grenier �� la cave, douze charges de bois, pas une de plus, pas une de moins.
Comme tous les fous ��taient dans le jardin, �� l'exception de trois ou quatre qu'on n'osait laisser communiquer avec les autres parce qu'ils ��taient atteints de folie furieuse, le baron nous conduisit voir d'abord l'��tablissement avant de nous montrer ceux qui l'habitaient. Chaque malade avait une cellule, enjoliv��e ou attrist��e selon son caprice. L'un, qui se pr��tendait fils du roi de la Chine, avait une quantit�� d'��tendards de soie, charg��s de dragons et de serpents de toutes les formes peints dessus, avec toute sorte d'ornements imp��riaux en papiers dor��s. Sa folie ��tait douce et gaie, et le baron Pisani esp��rait le gu��rir en lui faisant lire un jour sur une gazette que son p��re venait d'��tre d��tr?n��, et avait renonc�� �� la couronne pour lui et sa post��rit��. L'autre, dont la folie ��tait de se croire mort, avait un lit en forme de bi��re, dont il ne sortait que drap�� en fant?me; sa chambre ��tait toute tendue de cr��pe noir avec des larmes d'argent. Nous demandames au baron comment il comptait gu��rir celui-l��.--Rien de plus facile, nous r��pondit-il; j'avancerai le jugement dernier de trois ou quatre mille ans. Une nuit, je l'��veillerai au son de la trompette, et je ferai entrer un ange qui lui ordonnera de se lever de la part de Dieu.
Celui-l�� ��tait depuis trois ans dans la maison; et, comme il allait de mieux en mieux, il n'avait plus que cinq ou six mois �� attendre la r��surrection ��ternelle.
En sortant de cette chambre nous entend?mes de v��ritables rugissements sortir d'une chambre voisine; le baron nous demanda alors si nous voulions voir de quelle fa?on il traitait ses fous furieux: nous r��pond?mes que nous ��tions �� ses ordres, pourvu qu'il nous garantit que nous nous en tirerions avec nos yeux; il se mit ��
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