Le Capitaine Arena:, vol 1 | Page 7

Alexandre Dumas, père
donc vu des tremblements de terre; il aura donc tout vu!
Je me mis �� rire malgr�� moi.
--Oui, oui, dit le pilote, riez; vous autres, Fran?ais, je sais bien que vous riez de tout. ?a n'emp��che pas que dans ce moment-ci la moiti�� de la Calabre est peut-��tre sens dessus dessous. Ce n'est pas qu'il y ait grand mal; mais enfin, tout Calabrais qu'ils sont, ce sont des hommes.
--Comment, pilote! demandai-je, vous croyez que pour cette petite secou��e que nous avons ressentie....
--Le mouvement allait du nord au midi, voyez-vous, excellence; et nous, justement, nous sommes �� l'extr��mit�� de la botte, et par cons��quent nous n'avons pas ressenti grand'chose; mais du c?t�� de Nicastro et de Cosenza, c'est l�� qu'il doit y avoir eu le plus d'oeufs cass��s; sans compter que nous ne sommes probablement pas au bout.
--Ah! ah! dit Jadin, vous croyez que nous allons avoir encore de l'agr��ment? Alors bon, bon. En ce cas, fumons une pipe.
Et il se mit �� battre le briquet, en attendant une seconde secousse.
Mais nous attend?mes inutilement: la seconde secousse ne vint pas, et au bout de dix minutes notre ��quipage, qui dans le premier moment s'��tait ��parpill�� de tous les c?t��s, ��tait r��uni autour de nous: personne n'��tait bless��, �� l'exception de Giovanni qui s'��tait foul�� le poignet, et de Pietro qui pr��tendait s'��tre donn�� une entorse.
--Eh bien! dit le capitaine, voyons, pilote, que faut-il faire maintenant?
--Oh! mon Dieu! capitaine, pas grand'chose, r��pondit le vieux proph��te: remettre le speronare sur sa pauvre quille, attendu que je crois que c'est fini pour le moment.
--Allons, enfants, dit le capitaine, �� l'ouvrage! Puis, se retournant de notre c?t��:--Si leurs excellences avaient la bont�� ... ajouta-t-il.
--De quoi faire, capitaine, dites?
--De nous donner un coup de main; nous ne serons pas trop de tous tant que nous sommes pour en venir �� notre honneur; attendu que ces fain��ants de Calabrais, c'est bon �� boire, �� manger et �� danser; mais pour le travail il ne faut pas compter dessus. Voyez s'il en reste un seul!
Effectivement, le rivage ��tait compl��tement d��sert: hommes, femmes et enfants, tout avait disparu; ce qui, du reste, me paraissait assez naturel pour qu'on ne s'en formalisat point.
Quoique r��duits �� nos propres forces, nous n'en parv?nmes pas moins, grace �� un m��canisme fort ing��nieux invent�� par le pilote, �� remettre le batiment dans une ligne parfaitement verticale. Le pieu qui avait gliss�� fut r��tabli en son lieu et place, l'��chelle appliqu��e de nouveau �� babord, et au bout d'une heure �� peu pr��s tout ��tait aussi propre et aussi en ordre �� bord du speronare que si rien d'extraordinaire ne s'��tait pass��.
La nuit s'��coula sans accident aucun.

CHAPITRE XI.
T��RENCE LE TAILLEUR.
Le lendemain, �� six heures du matin, nous v?mes arriver le guide et les deux mulets que nous avions fait demander la veille. Aucun dommage important n'��tait arriv�� dans le village; trois ou quatre chemin��es ��taient tomb��es, voil�� tout.
Nous conv?nmes alors de nos faits avec le capitaine: il nous fallait trois jours pour aller par terre au Pizzo. En supposant que le vent changeat, il lui fallait, �� lui, douze ou quinze heures: il fut convenu que s'il arrivait le premier au rendez-vous il nous attendrait jusqu'�� ce que nous parussions; si nous arrivions au contraire avant lui, nous devions l'attendre deux jours; puis si, ces deux jours ��coul��s, il n'avait point paru, nous lui laissions une lettre dans la principale auberge de la ville, et nous lui indiquions un nouveau rendez-vous.
Ce point essentiel convenu, sur l'invitation du capitaine d'emporter avec nous le moins d'argent possible, nous pr?mes chacun six ou huit louis seulement, laissant le reste de notre tr��sor sous la garde de l'��quipage; et, munis cette fois de nos passe-ports parfaitement en r��gle, nous enfourchames nos montures et pr?mes cong�� de nos matelots, qui nous promirent de nous recommander tous les soirs �� Dieu dans leurs pri��res. Quant �� nous, nous leur enjoign?mes de partir au premier souffle de vent; ils s'y engag��rent sur leur parole, nous bais��rent une derni��re fois les mains, et nous nous s��parames.
Nous suivions pour aller �� Scylla la route d��j�� parcourue, et sur laquelle par cons��quent nous n'avions aucune observation �� faire; mais comme notre guide ��tait forc�� de marcher �� pied, attendu qu'apr��s nous avoir promis d'amener trois mulets il n'en avait amen�� que deux, esp��rant que nous n'en payerions ni plus ni moins les trois piastres convenues par chaque jour, nous ne pouvions aller qu'un train tr��s-ordinaire; encore en arrivant �� Scylla nous d��clara-t-il que, ses mulets n'ayant point mang�� avant leur d��part, il ��tait de toute urgence qu'il les f?t d��jeuner avant d'aller plus loin. Cela amena un ��claircissement tout naturel: j'avais entendu que la nourriture, comme toujours, serait au compte du muletier, et lui au contraire pr��tendait avoir entendu que la nourriture de ses mulets serait
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