fort joli, plus empress��, plus industrieux que Topaze, et qui ne trouvait rien de difficile. Il leur communiqua le projet de son voyage. Topaze tacha de l'en d��tourner avec le z��le circonspect d'un serviteur qui ne voulait pas lui d��plaire; il lui repr��senta tout ce qu'il hasardait. Comment laisser deux familles au d��sespoir? comment mettre le couteau dans le coeur de ses parents? Il ��branla Rustan; mais ��b��ne le raffermit et leva tous ses scrupules.
Le jeune homme manquait d'argent pour un si long voyage. Le sage Topaze ne lui en aurait pas fait pr��ter; ��b��ne y pourvut. Il prit adroitement le diamant de son ma?tre, en fit faire un faux tout semblable qu'il remit �� sa place, et donna le v��ritable en gage �� un Arm��nien pour quelques milliers de roupies.
Quand le marquis eut ses roupies, tout fut pr��t pour le d��part. On chargea un ��l��phant de son bagage; on monta �� cheval. Topaze dit �� son ma?tre: J'ai pris la libert�� de vous faire des remontrances sur votre entreprise; mais, apr��s avoir remontr��, il faut ob��ir; je suis �� vous, je vous aime, je vous suivrai jusqu'au bout du monde; mais consultons en chemin l'oracle qui est �� deux parasanges d'ici. Rustan y consentit. L'oracle r��pondit: ?Si tu vas �� l'orient, tu seras �� l'occident.? Rustan ne comprit rien �� cette r��ponse. Topaze soutint qu'elle ne contenait rien de bon. Eb��ne, toujours complaisant, lui persuada qu'elle ��tait tr��s favorable.
Il y avait encore un autre oracle dans Cabul; ils y all��rent. L'oracle de Cabul r��pondit en ces mots: ?Si tu poss��des, tu ne poss��deras pas; si tu es vainqueur, tu ne vaincras pas; si tu es Rustan, tu ne le seras pas.? Cet oracle parut encore plus inintelligible que l'autre. Prenez garde �� vous, disait Topaze. Ne redoutez rien, disait ��b��ne; et ce ministre, comme on peut le croire, avait toujours raison aupr��s de son ma?tre, dont il encourageait la passion et l'esp��rance.
Au sortir de Cabul, on marcha par une grande for��t, on s'assit sur l'herbe pour manger, on laissa les chevaux pa?tre. On se pr��parait �� d��charger l'��l��phant qui portait le d?ner et le service, lorsqu'on s'aper?ut que Topaze et ��b��ne n'��taient plus avec la petite caravane. On les appelle; la for��t retentit des noms d'��b��ne et de Topaze. Les valets les cherchent de tous c?t��s, et remplissent la for��t de leurs cris; ils reviennent sans avoir rien vu, sans qu'on leur ait r��pondu. Nous n'avons trouv��, dirent-ils �� Rustan, qu'un vautour qui se battait avec un aigle, et qui lui ?tait toutes ses plumes. Le r��cit de ce combat piqua la curiosit�� de Rustan; il alla �� pied sur le lieu, il n'aper?ut ni vautour ni aigle; mais il vit son ��l��phant, encore tout charg�� de son bagage, qui ��tait assailli par un gros rhinoc��ros. L'un frappait de sa corne, l'autre de sa trompe. Le rhinoc��ros lacha prise �� la vue de Rustan; on ramena son ��l��phant, mais on ne trouva plus les chevaux. Il arrive d'��tranges choses dans les for��ts quand on voyage! s'��criait Rustan. Les valets ��taient constern��s, et le ma?tre au d��sespoir d'avoir perdu ��-la-fois ses chevaux, son cher n��gre, et le sage Topaze pour lequel il avait toujours de l'amiti��, quoiqu'il ne f?t jamais de son avis.
L'esp��rance d'��tre bient?t aux pieds de la belle princesse de Cachemire le consolait, quand il rencontra un grand ane ray��, �� qui un rustre vigoureux et terrible donnait cent coups de baton. Rien n'est si beau, ni si rare, ni si l��ger �� la course que les anes de cette esp��ce. Celui-ci r��pondait aux coups redoubl��s du vilain par des ruades qui auraient pu d��raciner un ch��ne. Le jeune mirza prit, comme de raison, le parti de l'ane, qui ��tait une cr��ature charmante. Le rustre s'enfuit en disant �� l'ane, Tu me le paieras. L'ane remercia son lib��rateur en son langage, s'approcha, se laissa caresser, et caressa. Rustan monte dessus apr��s avoir d?n��, et prend le chemin de Cachemire avec ses domestiques, qui suivent les uns �� pied, les autres mont��s sur l'��l��phant.
A peine ��tait-il sur son ane que cet animal tourne vers Cabul, au lieu de suivre la route de Cachemire. Son ma?tre a beau tourner la bride, donner des saccades, serrer les genoux, appuyer des ��perons, rendre la bride, tirer �� lui, fouetter �� droite et �� gauche, l'animal opiniatre courait toujours vers Cabul.
Rustan suait, se d��menait, se d��sesp��rait, quand il rencontre un marchand de chameaux qui lui dit: Ma?tre, vous avez l�� un ane bien malin qui vous m��ne o�� vous ne voulez pas aller; si vous voulez me le c��der, je vous donnerai quatre de mes chameaux �� choisir. Rustan remercia la Providence de lui avoir procur�� un si bon march��. Topaze avait grand tort, dit-il, de me dire que mon voyage serait malheureux.
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