Lart russe | Page 7

Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc
se rattache aux traditions archa?ques de l'Asie. Il pr��tend immobiliser les types, suspendre le libre arbitre de l'artiste, l'astreindre �� des formules invariables. En un mot, le propre de l'art byzantin, �� un point de vue philosophique, est de quitter la voie occidentale ouverte par les Grecs, pour se rattacher enti��rement �� l'esprit asiatique port�� vers l'immobilit�� en toutes choses.
Merveilleusement plac�� pour op��rer cette transformation, le nouveau si��ge de l'empire ��tait au centre des voies qui, de tous les points de l'Asie, aboutissaient au Bosphore pour communiquer avec l'Occident. Ajoutons �� cela que l'Europe occidentale allait ��tre sillonn��e par les incursions des Barbares et que la vieille machine romaine se disloquait de toutes parts.
Byzance devenait donc le point central, comme le r��sum�� de tous les ��l��ments d'art du monde connu. Et c'��tait �� cette capitale que, pendant des si��cles, l'Europe devait recourir pour trouver ces ��l��ments. Aussi l'influence de Byzance se faisait-elle sentir encore, au XIIe si��cle, jusqu'aux limites de l'Occident, et les arts italiens, fran?ais, anglais, rh��nans et germains se constitu��rent �� son ��cole.
Les croisades et les rapports journaliers politiques qui en r��sult��rent avec Constantinople contribu��rent �� activer ce mouvement. Toutefois, c'est pr��cis��ment apr��s cette sorte d'enseignement que l'Occident recueillait au centre de l'Empire d'Orient qu'il s'affranchit assez brusquement de l'influence byzantine pour prendre des voies diff��rentes.
Mais ces nations occidentales poss��daient encore, m��me au XIIe si��cle, des traditions romaines, qui n'avaient cess�� d'exercer leur action, puis des apports nouveaux appartenant aux populations barbares qui avaient sillonn�� l'Europe du Ve au VIIe si��cle. Si faibles qu'ils fussent, ces apports ne laissaient pas moins des traces encore visibles de nos jours.
Ainsi, ne perdons pas de vue ce point important: l'art byzantin, dans sa constitution pratique aussi bien que dans sa forme, est un r��sum�� d'��l��ments tr��s-divers dont le r��gime imp��rial pr��tendit former un tout immuable, une formule hi��ratique soumise �� des lois rigoureuses. Mais comme, en ce monde, ce qui ne se transforme pas atteint fatalement la d��cr��pitude et la mort, l'art byzantin ��tait condamn��, apr��s avoir jet�� un vif ��clat, �� s'��teindre peu �� peu et ses derni��res expressions, bien que les ��coles subsistassent, bien que les causes de production fussent entretenues, sont loin d'avoir la valeur de celles form��es du Ve au VIIe si��cle.
Quant au peuple Russe, compos�� d'��l��ments divers mais o�� dominaient les Slaves, au moment o�� ce vaste Empire commen?a de se constituer, sous les grands princes, au milieu de luttes incessantes, il ��tait en communication trop directe avec Byzance pour n'avoir pas ��t�� soumis jusqu'�� un certain point aux arts byzantins; mais cependant ces ��l��ments n'��taient pas sans poss��der chacun, des notions d'art qu'on ne saurait n��gliger.
Les Slaves, comme les Var��gues, ne connaissaient gu��re que la structure de bois; mais, d��s une ��poque recul��e, ils avaient pouss�� assez loin l'art de la charpenterie, bien que dans des voies diff��rentes.
Les Slaves (ainsi que le d��montrent les traditions encore vivantes) proc��daient par empilages dans leurs constructions de bois: les Scandinaves par assemblages. Aussi ces derniers avaient-ils atteint de bonne heure une grande habilet�� dans l'art des constructions navales.
Ces deux modes d'employer le bois dans les constructions se fondirent et persistent jusqu'�� nos jours, ce qu'il est facile de constater en examinant les habitations rurales de la Russie.
Mais encore les Slaves, aussi bien que les Var��gues, poss��daient certaines expressions d'art que tous les jours les ��tudes arch��ologiques permettent de constater avec plus de certitude et qui d��notent une origine asiatique.
Ces Slaves, aussi bien que ces Scandinaves, n'��taient-ils pas sortis, comme la plupart des peuples qui occupent le continent europ��en, d'un tronc commun?
N'��taient-ils pas descendants des Aryas?
Les Scandinaves, arriv��s tard au nord de l'Europe, ��tablis d'abord sur les rivages de la Baltique, de la mer du Nord, puis sur le sol du Danemark actuel, de l'Islande, de la Normandie et enfin de l'Angleterre, ont laiss�� des traces de ces premi��res occupations; traces qui ont leur physionomie caract��ris��e, que l'on retrouve ��galement sur les monuments les plus anciens de la Russie et que l'on ne saurait confondre avec les influences germaniques, non plus qu'avec les ��l��ments turks et grecs byzantins.
Mais il y avait dans l'art byzantin m��me, en ce qui touche l'ornementation, des origines ��videmment communes avec celles qui se faisaient sentir dans les arts slaves. Cela, au premier abord, peut passer pour un paradoxe; l'examen des monuments ne doit gu��re cependant laisser de doutes �� cet ��gard. Et ces origines, on les retrouve dans le centre du continent asiatique.
Nous venons de d��montrer que l'art byzantin, dans le domaine de la structure architectonique, n'a fait qu'adopter des m��thodes et proc��d��s appartenant �� l'Asie, �� cette belle civilisation des Assyriens, Perses ou M��des, comme on voudra les appeler, en y m��lant quelques ��l��ments grecs et romains.
Mais les peuplades grecques qui s'��taient ��tablies d��s les derniers temps de l'empire en Asie Mineure et
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