Mineure, la Grèce, furent
envahies par la race aryenne. Trouvant au sud les pays occupés et le
barrage de la mer Caspienne, les derniers émigrants passèrent au nord
de cette mer, s'établirent dans la Circassie et sur le Caucase,
traversèrent le Don et se répandirent dans le nord de l'Europe; les
derniers occupèrent la Scandinavie et les bords de la Baltique. Mais
pendant bien des siècles cette voie, frayée à travers les rampes
méridionales de l'Oural, dut rester ouverte et familière aux dernières
migrations des tribus Aryennes, et c'est ainsi que celles-ci purent subir
pendant des siècles les influences de l'extrême Orient.
Le dernier torrent aryen, en passant entre les rampes méridionales de
l'Oural et la mer Caspienne, avait laissé à sa droite, le long des contrées
occidentales de l'Oural, les races finnoises qui occupaient probablement
ces territoires et, s'avançant droit devant lui, avait envahi la vieille
Russie, la Lithuanie, la Livonie, puis enfin le Danemark et la Suède. Et,
sur cette zone, on trouve la trace caractérisée d'un art dont les origines
sont tout orientales.
Que ces populations aient été demander à Byzance des artistes, des
objets de luxe, des étoffes, cela n'est pas douteux.
Elles étaient voisines de la capitale de l'empire, qu'elles firent trembler
souvent; tantôt ennemies, tantôt alliées de la cour de Byzance, elles
tiraient de cette double situation des avantages qui se traduisaient par
des présents ou des sommes considérables.
Le goût de l'art byzantin pénétrait ainsi chez les Russes; mais il
n'étouffait pas ces germes empruntés à la source orientale qui restaient
vivaces et dont on suit les influences jusqu'à nos jours.
Ce sont ces origines qu'il est bon d'abord de signaler.
De notre temps, par un de ces retours dont l'histoire de l'humanité
montre des exemples, les Russes ont une tendance à reprendre peu à
peu possession de leur berceau: on les a vus se diriger de Kasan à Perm
en remontant la Kama; franchir l'Oural; descendre dans les contrées
d'où sortirent les Hongrois, à l'est de ces montagnes; traverser la rivière
de Tobol; occuper toute la Sibérie jusqu'à la mer d'Okhotsk, les rives du
fleuve Amour, longeant ainsi toute la chaîne du petit Altaï, et dépasser
les monts Stanovoy.
Entre eux et l'Inde, le grand Thibet, la Chine, et le grand désert de
Chamo forment la seule barrière naturelle qui les empêche de
descendre vers le sud.
Il n'y a pas lieu de s'étonner si, parallèlement à ce mouvement national
qui est dans l'ordre des choses, il se manifeste en Russie un désir
très-vif et légitime de ressaisir l'art national si longtemps dominé par
l'imitation des arts occidentaux!
[Illustration: Casque en bronze doré trouvé sur la presqu'île de Tunan.]
CHAPITRE PREMIER
DES ORIGINES DE L'ART RUSSE
Dès le VIe siècle de l'ère chrétienne, les Slaves occupaient une grande
partie de l'Europe, depuis la mer Baltique jusqu'à la mer Noire. Les
historiens byzantins les dépeignent comme des peuples différant
essentiellement des Germains et des Sarmates Caucasiens. Déjà du
temps de Justinien, s'étant alliés aux Ougres et aux Antes, ils attaquent
l'empire qui finit par acheter leurs services. Vers la fin de ce siècle, les
Avars entrant en scène et, en 568, leur puissance s'étendait du Volga à
l'Elbe.
Ces Avars étaient sous la conduite d'un Kan avec lequel la cour de
Byzance fut obligée de traiter. Ils semblent avoir atteint un degré de
civilisation assez avancé, car on trouve en Sibérie, au milieu de l'Altaï
d'où ils étaient sortis, des tombeaux qui renferment quantité d'objets
précieux.
Pendant les dernières années du VIe siècle, les Avars soumettent les
Antes et les Slaves du sud. Ceux de Bohême se révoltent bientôt et
recouvrent leur indépendance. Au VIIe siècle, on trouve les Slaves
établis dans la Thrace, dans la Moesie et la Bulgarie actuelle, dans le
Péloponnèse, en Bithynie, en Phrygie, en Dardanie et même en Syrie.
Ainsi formaient-ils autour de Constantinople des agglomérations, tantôt
combattant, tantôt aidant l'empire.
En 635, les Avars du Danube sont chassés par les Slaves qui
redeviennent possesseurs de leur ancien territoire.
Quant aux territoires de la Russie actuelle, des populations finnoises ou
tchoudes les occupaient au nord, sous les dénominations de Mériens
autour de Rostov; de Mouromiens, sur l'Oka, à son embouchure dans le
Volga; de Tchérémisses, Mechtchères et Mordviens, au sud-est des
Mériens; de Liviens, en Livonie; de Tchoudes, en Esthonie et à Test,
vers le lac Ladoga; de Naroviens, sur le territoire de Narva; de Jamiens
ou Emiens en Finlande; de Vesses sur le lac Bielo-Osero; de Permiens
dans le gouvernement de Perm; de Yougres ou Ostiaks actuels de
Bérézof sur l'Obi et la Sozva, et de Petchores sur la Petchora.
Ces populations, de moeurs douces, dépourvues d'initiative,
abandonnèrent peu à peu les immenses territoires qu'elles occupaient,
soit au nord de la Russie, soit en Norvège, aux races conquérantes
Slaves
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