Maxence partait pour son bureau.
Le soir, ils se retrouvaient, et comme l'hiver ��tait venu, ils passaient leur soir��e sous la m��me lampe, au coin du feu.
Mais ce qu'il ��tait ais�� de pr��voir arriva.
Nature ind��cise et faible, Maxence ne tarda pas �� subir l'influence du caract��re ��nergique et obstin�� de la jeune fille. Elle lui infusa, en quelque sorte dans les veines, un sang plus g��n��reux et plus chaud. Petit �� petit, elle le p��n��tra de ses id��es, et de sa volont�� lui en fit une.
Il lui avait dit, en toute sinc��rit��, son histoire, les mis��res de la maison paternelle, les rigueurs exag��r��es et la parcimonie de M. Favoral, la timidit�� soumise de sa m��re, le caract��re d��termin�� de Mlle Gilberte.
Il ne lui avait rien dissimul�� de son pass��, de ses erreurs ni de ses folies, s'accusant m��me de celles de ses actions dont le souvenir lui ��tait le plus p��nible, comme d'avoir, par exemple, abus�� de l'affection de sa m��re et de sa soeur, pour leur extorquer tout l'argent qu'elles gagnaient.
Il lui avait avou��, enfin, qu'il ne travaillait qu'�� son corps d��fendant, contraint et forc�� par la n��cessit��, qu'il n'��tait rien moins que riche, que, bien qu'il pr?t son repas du soir chez ses parents, ses appointements lui suffisaient �� peine, et que m��me il avait des dettes.
Mais il esp��rait bien, ajoutait-il, qu'il n'en serait pas toujours ainsi, qu'il verrait le terme de tant de mis��res et de privations.
--Mon p��re a, pour le moins, cinquante mille livres de rentes, disait-il, t?t ou tard je serai riche.
Loin de sourire �� Mlle Lucienne, cette perspective lui fit froncer le sourcil.
--Ah! votre p��re est millionnaire! interrompit-elle. Eh bien! je m'explique comment, �� vingt-cinq ans, apr��s avoir refus�� toutes les positions qui vous ont ��t�� offertes, vous n'avez pas de position. Vous comptiez sur votre p��re et non sur vous. Jugeant qu'il travaillait assez pour deux, vous vous ��tes bravement crois�� les bras, attendant que vous ��choie la fortune qu'il amasse, que vous consid��rez comme v?tre, et dont il ne vous para?t que l'administrateur....
Cette morale devait sembler un peu roide �� Maxence.
--Je pense, commen?a-t-il, que du moment o�� l'on est le fils d'une famille riche....
--On a le droit d'��tre inutile, n'est-ce pas? acheva la jeune fille.
--Certainement non, mais....
--Il n'y a pas de mais qui tienne. Et la preuve que votre calcul a ��t�� mauvais, c'est qu'il vous a conduit l�� o�� vous ��tes, et qu'il vous a enlev�� votre libre arbitre et le droit de faire votre volont��. Se mettre �� la discr��tion d'un autre, cet autre f?t-il un p��re, est toujours niais, et on est �� la discr��tion de celui dont on attend de l'argent qu'on n'a pas gagn��. Croyez bien que votre p��re n'e?t pas ��t�� si dur s'il e?t ��t�� bien convaincu que vous ne sauriez pas vous passer de lui....
Il voulait discuter, elle l'arr��ta.
--Vous faut-il la preuve que vous ��tes �� la merci de M. Favoral? reprit-elle. Soit! Vous avez parl�� de m'��pouser....
--Ah! si vous vouliez!...
--Eh bien, allez donc en parler �� votre p��re!...
--Je suppose....
--Vous ne supposez pas, vous ��tes parfaitement s?r qu'il vous refuserait tout net et sans r��plique son consentement....
--Je saurais m'en passer....
--Vous lui feriez des sommations respectueuses, voulez-vous dire, et vous passeriez outre. Je l'admets. Mais lui, savez-vous ce qu'il ferait? il s'arrangerait de telle sorte que jamais vous n'auriez un centime de sa fortune....
Maxence n'avait jamais song�� �� cela.
--Donc, reprit gaiement la jeune fille, bien qu'il ne soit encore aucunement question de mariage, sachez vous assurer l'ind��pendance, c'est-��-dire de quoi vivre, et pour ce..., travaillons!...
C'est de ce moment que Mme Favoral put remarquer en son fils ce changement qui l'avait si fort ��tonn��e.
Sous l'inspiration, sous l'impulsion de Mlle Lucienne, Maxence avait ��t�� soudainement pris d'une ardeur de travail et d'un d��sir de gagner dont jamais on ne l'e?t cru capable.
Il n'arrivait plus trop tard �� son bureau maintenant et n'avait plus �� la fin de chaque mois des dix et quinze francs d'amende �� payer.
Sit?t lev��e, tous les matins, Mlle Lucienne venait frapper �� sa porte.
--Allons, debout! lui criait-elle.
Et vite il sautait �� bas de son lit, et il s'habillait pour pouvoir la saluer avant qu'elle ne part?t.
Le soir, sit?t la derni��re bouch��e de son d?ner aval��e, il accourait se mettre �� copier les r?les qu'il se procurait chez le successeur de Me Chapelain.
Et souvent il travaillait fort avant dans la nuit, pendant que, pr��s de lui, Mlle Lucienne s'appliquait �� quelque ouvrage de broderie o�� elle excellait, ouvrage bien r��tribu��, d'ailleurs, car la mode commen?ait �� venir, pour les femmes, de ces v��tements brod��s �� la main, si ��l��gants et si co?teux.
La jeune fille ��tait le caissier de l'association, et elle apportait �� l'administration du capital social une si habile et une si s��v��re ��conomie, que Maxence eut bient?t achev�� de d��sint��resser ses cr��anciers.
--Savez-vous, lui
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