pas inhumaine,?Il est vray que Dom Sanche a droict d'estre irrit��?Et que j'ay vivement contre luy esclatt��:?Mais, Sire, ses discours ont caus�� ma colere?Ozant me reprocher le meurtre de mon pere,?Et si mal �� propos venant m'entretenir?D'un coup qui seigne encor dedans mon souvenir,
LE ROY.
Si ce ressentiment occupe ta memoire?Il est belle Chymene important �� ta gloire?Et mesme necessaire �� ton contentement?Que l'autheur de ce coup ne soit pas ton Amant,?Aussi bien n'a-t'il plus cette premiere flame?Que ta grace autresfois alluma dans son ame,?Le Cid en te quittant a quitt�� son projet?Et comme de Climat il a chang�� d'object?Cheriffe maintenant est la beaut�� fatale?Qui fut son ennemie & qu'il rend ta rivale?Je s?ay qu'�� cette Infante il est fort oblig��,?Mais quand de ce dessein il seroit desgag��?Les services rendus par toute sa famille?Destinent �� ses voeux l'Infante de Castille;?Si bien que ton amour ne doit rien esperer?S'il ne veut desormais pour moy se declarer
L'INFANTE.
Que mon ame est icy diversement atteinte?Des mouvemens d'amour, d'esperance & de crainte?Je dois mon esperance �� qui je dois le jour?Cheriffe faict ma peur & le Cid mon Amour?De tant de passions qu'elle sera plus forte
SCENE DEUXIESME.
LE ROY, L'INFANTE, CHYMENE, D. ARIAS.
DOM ARIAS.
Sire,
LE ROY.
Que me veux-tu?
DOM ARIAS.
Le Cid est �� la porte.
LE ROY.
Qu'il entre: He bien Chimene en fin vous allez voir?Ce glorieux vainqueur que je vay recevoir?Je s?ay qu'il doit venir avec beaucoup de pompe?Et mesme avec Cheriffe ou sa lettre me trompe?Vous pouvez remarquer en cette occasion?Ou son ingratitude, ou son affection:?Servez vous bien du temps dedans cet intervalle?Conferez vos attraicts avec vostre Rivalle?Et par ses qualitez Jugez de vostre sort
CHYMENE �� part.
De quels yeux juste Ciel verray-je cet abord.
SCENE TROISIEME.
LE ROY, L'INFANTE, CHYMENE, LE CID, CHERIFFE, SPHERANTE, CELIMANT, D. ARIAS.
LE CID.
Monarque le plus grand que le soleil esclaire?Prince victorieux que l'Espaigne revere:?Mars enfin satisfaict me rend aupr��s de vous,?Et me permet l'honneur d'embrasser vos genoux:?Mais comme aupr��s des dieux dont vous estes l'image?On ne se doit jamais approcher sans hommage?J'ay creu pour meriter le bon-heur de vous voir?Que de moy vos grandeurs exigeoient ce devoir.?Sire recevez donc cette illustre couronne,?Que mon bras vous apporte & que le ciel vous donne,?Avecque ces deux Roys, en ce point bienheureux?Qu'ils sont les prisonniers d'un Roy si genereux?Cettuy cy possedoit le sceptre de Cordo��e?Et l'autre que mon sort veut mesme que je lo��e?Du prince de Tolede est l'unicque heritier
LE ROY.
Tu m'en feras grand Cid le recit tout entier:?Mais avant que l'ouir il fault que je t'embrasse?Que je baise ce front digne du Dieu de Trace?Et que j'admire enfin ces traits imperieux?Qu'Amour & Mars par tout rendent victorieux.
LE CID.
Ah? Sire �� ce discours je ne s?ay que respondre?L'excez de vos bontez ne sert qu'�� me confondre?Pour espargner ma honte espargnez vos faveurs,?Et comme les travaux partagez les honneurs:?Comme moy vos soldats ont fait vostre victoire,?Il est Juste grand Roy qu'ils ayent part en la gloire?Et que par les bienfaits de vostre Majest��?Ils re?oivent le prix de leur fidelit��
LE ROY.
On peut �� leur merite ais��ment satisfaire,?Mais pour tes actions il n'est point de salaire?Ouy grand Cid tu te plais �� faire des ingras?Et ta langue veut vaincre aussi bien que ton bras?Pour me favoriser neglige ta deffence?Et te laisse une fois vaincre �� ma bien-veillance,?Autrement tu me fais des presens superflus?Si tu veux que je sois au rang de tes vaincus,?Mais que ton eloquence espargne un peu ses charmes?Et fais nous le recit du succez de tes armes?Un plus digne entretien ne nous peut arrester.
LE CID.
Grand Prince quel qui soit je vay vous contenter.?Je ne fus pas plutost hors de cette frontiere?Que mon bras qui cherchoit quelque noble matiere,?D'exercer sa valeur; d'un sang ardent & prompt?Prit pour premier objet le Tyran d'Ayamont?D'abord je l'investis, puis je for?ay sa ville?Et je fis son tombeau du lieu de son azile?Ce siege fut suivy d'un plus heureux effet?Les Algarbes confus virent leur Roy deffaict?Et de leur propre sang la campagne couverte?Leur mit devant les yeux un tableau de leur perte?Apres ce grand combat dont je vous advertis?Je ralliay mes gens, & passay le Bethis?A rondes je re?eus le renfort de vos armes?Et je mis tous le monde en d'estranges alarmes?Tariffe & Gibralfar revinrent soubs vos loix?Je repris Algesire, & tous ces petits Roys?Qui s'estoient revoltez contre vostre puissance?Esprouverent les maux qui suivent l'insolence?De cet heureux succez Je ne fus pas content?Le Prince de Jahen en ressentit autant?Et par son arrogance attira cet orage?Pour avoir refus�� de me donner passage?Enfin ceux dont Seville a craint les trahisons?Sont dedans les enfers, ou bien dans vos prisons,?De l�� voulant plus loing porter ma renomm��e?J'advan?ay vers Cordou? avecque mon arm��e,?Et je l'eusse d'abord emport��e aisement?Sans le secours qu'elle eut assez heureusement:?Ce Prince genereux la voyant assieg��e?Voulut par quelque effort la rendre soulag��e,?Mais jugeant que par l�� son espoir estoit vain?Comme il estoit prudent il changea de
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