jour?Pour ta fidelit�� comme pour son amour,?Quand tu serois encor au milieu des alarmes?Je s?ay bien que mon sort t'arracheroit des larmes?Et qu'il t'obligeroit de venir secourir?Celle qu'un peu d'espoir empesche de mourir?Mais tu ne le s?ay pas, & ma seule constance?Est l'unique secours qui s'offre �� ma deffence,?Ne croy pas toutesfois que je perde le coeur?Il n'appartient qu'�� toy d'en estre le vainqueur?Toute autre vainement en espere la gloire?Je deffendray pour toy les fruits de ta victoire,?Si bien qu'esgalement nous aurons combattu?Si tu vaincs par ta force & moy par ma vertu.
SCENE CINQUIESME.
LE ROY, DOM DIEGUE & quelques Gardes.
LE ROY.
Dom Diegue ne croy pas si je donne �� Chimene?Avecque mon amour la qualit�� de Reyne?Que je veuille usurper par mon authorit��?Un tresor que ton fils a si bien merit��,?Il me souvient trop bien de ses rares services?Pour luy rendre aujourd'huy de si mauvais offices,?Au contraire je veux augmenter son bon-heur?Et luy donner un prix esgal �� sa valeur,?Je destine �� ses voeux une plus noble Amante,?Chimene sans rougir peut ceder �� l'Infante,?Et ton fils ne s?auroit se plaindre justement?De mon affection ny de ce changement.
DOM DIEGUE.
Mais nous n'avons jamais merit�� cet honneur?Et mon fils n'oseroit pretendre �� ce bon-heur,?La Princesse, Seigneur, doit estre plus heureuse?Aussi pour s'abaisser elle est trop genereuse?Et Rodrigue n'est pas un assez digne Amant?Pour celle qu'on reserve �� des Roys seulement.
DOM FERNAND.
Apres les grands effets qu'�� produit son courage?Je s?ay que je luy dois encore d'avantage,?Et que pour bien payer ses belles actions?Un Sceptre est au dessous de ses pretentions,?Aussi veux-je �� ce point eslever sa fortune?Et rendre �� ses desirs ma puissance commune,?Ma soeur est dispos��e �� recevoir ses voeux?Ainsi l'amour pourra nous contenter tous deux?Si l'espoir glorieux d'estre un jour souveraine?Peut vaincre en ma faveur la rigueur de Chymene,?Dom Sanche de ma part l'est all�� visiter?Il cognoist cet esprit il le pourra dompter,?Et comme il est adroit, j'ay beaucoup d'esperance?Du bienheureux succez qu'aura son eloquence:?Mais quels si longs discours peuvent l'entretenir,?Et quel sujet le rend si lent �� revenir??Puis qu'il est confident des secrets de mon ame,?Ne cognoist-il pas bien que je suis dans la flame?O�� je brusle sans cesse, o�� je languis tousjours,?Et que par sa paresse il attente �� mes jours?
DOM DIEGUE.
Que vostre Majest��, Sire, sorte de peyne?Le voila de retour.
SCENE SIXIESME.
DOM FERNAND, DOM DIEGUE, DOM SANCHE.
DOM FERNAND.
He bien qu'a dit Chymene
DOM SANCHE.
Tout ce que la rigueur, tout ce que le mespris?Inspirent d'ordinaire aux superbes esprits?Cette fiere beaut�� l'a permis �� sa langue?Pour respondre aux douceurs de mon humble harangue,?En vain je l'ay flatt��e avecque mes discours?Sire, j'aurois plustost apprivois�� des Ours?Tant l'amour de son Cid la rend inexorable,?Et je n'espere pas qu'elle soit plus traitable,?Car Sceptre, ny Couronne, Empires ny Grandeurs?Ne font rien qu'irriter l'excez de ses rigueurs.
LE ROY.
Quoy Chymene avec moy faict aussi l'inhumaine?Ah! je rabattray bien de cette humeur hautaine,?Et je luy feray voir par mon ressentiment?Qu'on doit avec son Prince agir tout autrement,?De mon affection elle faict peu de conte:?Mais dans peu ses mespris tourneront �� sa honte?Et mesme ce grand Cid qu'elle croid des-ja sien?Trompera son espoir comme elle a faict le mien?O��y, j'y s?auray si bien disposer son courage?Qu'un semblable mespris vangera cet outrage?En donnant un objet plus digne �� son amour:?Mais d'o�� vient qu'Arias est icy de retour.
SCENE SEPTIESME.
LE ROY, DOM DIEGUE, DOM ARIAS.
DOM ARIAS.
Grand Prince je vous viens apporter les nouvelles?Et du bon-heur du Cid & du sort des rebelles,?Il est proche d'icy, sain & victorieux.
LE ROY.
Le Ciel rende bien-tost sa presence �� mes yeux.
DOM ARIAS.
Sire dans peu de temps vous le verrez paroistre,?Cependant de sa part je vous rends cette lettre?Qui vous confirmera ce que je vous ay dit,
LE ROY.
En ce ravissement je demeure interdit,?Et mon ame des-ja brusle d'impatience?Apres ce cher object dont j'attens la presence?Va, dy luy que je meurs du desir de le voir,?Dom Diegue qu'on donne ordre �� le bien recevoir.
ACTE II.
SCENE PREMIERE.
LE ROY, L'INFANTE, CHYMENE.
LE ROY.
He bien Chymene: enfin ce coeur inexorable?Ne se resoult-il point de m'estre favorable,?Apres tant de rigueurs & de mespris souffers?Un Roy doit-il mourir accabl�� de ses fers,?O��y vostre ingratitude en ce poinct est extr��me?Que vous me ha?ssez parce que je vous aime?Mais Chymene advo��ez que vous avez grand tort?Si Dom Sanche m'a faict un fidele rapport,?Et si lors qu'il alla vous offrir mes hommages?Pour sa commission il re?eut des outrages,?Quelque superbe espoir qui flatte vostre orgueil?Vous me devez Chymene un plus courtois accueil,?Outre ma qualit�� la seule bien-seance?Doit porter vostre esprit �� cette defference,?Et si l'on vous d��plaist quand on vous faict la cour?Le respect doit au moins suppl��er �� l'amour.
CHYMENE.
Sire, je ne s?ay pas ce qui faict vostre plainte?Ny de quelles couleurs Dom Sanche m'a d��peinte?Mais quelque opinion qu'il vous ait fait avoir?Jamais la vanit�� n'a trahy mon devoir?Et lors que je renonce au rang de souveraine?Je suis respectueuse & non
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