attend a la coupee. [Elle s'habille.]
FERGASSOU [entrant, une lettre a la main]. Mademoiselle Perlet est ici?... Eh! oui donc! c'est vous qui vous chargez de la corvee?
ALICE [prenant la lettre]. La douzaine! A la bonne heure!
FERGASSOU. Voila comme nous sommes. Surtout ne lisez pas les adresses, vous en apprendriez des choses!
ALICE. Soyez tranquille! en route.
[Jeanne toute indecise, tres emue, echange un long regard avec d'Artelles, puis elle laisse tomber son sac dans une potiche sur la cheminee.]
JEANNE [a Alice]. Viens.
ALICE [qui a vu le jeu de scene]. Ton sac?
JEANNE [bas]. Laisse, laisse. Tais-toi. Il faut que je te parle. [A Fergassou]. Au revoir. Commandant.
FERGASSOU. Mais ...
JEANNE. Non, non, je vous en prie, ne bougez pas. Je veux que vous restiez ici.
FERGASSOU. A vos ordres, Madame.
JEANNE [a d'Artelles]. Monsieur ... [D'Artelles s'incline.]
ALICE [qui suit Jeanne, bas]. Eh bien?
JEANNE [bas]. Viens, ma grande ...
[Elles sortent.]
SCENE X
D'ARTELLES, FERGASSOU, puis BIRODART, puis VERTILLAC, puis RABEUF, puis CORLAIX.
FERGASSOU. Savez-vous pourquoi elles complotent comme ca, ces petites femmes! He! pardi, c'est pour faire les adieux au mari sans qu'il y ait un public de tous les diables!
D'ARTELLES [inquiet]. Ils sont tous la-haut?
FERGASSOU. Evidemment. Ils n'ont pas de tact. Les femmes, voyez-vous [d'Artelles qui ne l'ecoute pas, prete l'oreille aux bruits du dehors. Fergassou le prend par le bouton de sa veste]. Conference, petite conference. Nos femmes de France, voyez-vous, elles n'ont pas leurs pareilles; j'en ai connu de toutes les couleurs et de tous les sexes: de ces Congolaises qui vous donnent la chair de poule, comme les nuits sans etoiles, de ces Kabyles avec des seins comme des piquants qu'on a envie d'y accrocher son chapeau, de ces petites mecaniques de Japonaises toutes en cire et meme des Laponnes qui semblent des chiens bassets trottant sur leurs pattes de derriere ... Eh! bien, savez-vous quelle est celle qui m'a encore le mieux trompe? Mon cher, c'est une Auvergnate. Chaque fois qu'elle m'avait fait bien cocu,--je ne sais pas si je me fais comprendre,--mais la, bien comme il faut, elle s'arrangeait de telle facon que c'etait encore moi, benet qui devais la consoler. Ah! nos femmes de France! Bon Diou!
BIRODART [entrant]. Madame de Corlaix a laisse son sac quelque part, vous ne l'avez pas vu, d'Artelles?
D'ARTELLES. Non.
VERTILLAC [entrant]. Le sac doit etre sous les coussins du divan. Madame Corlaix croit se rappeler. [Les coussins sont retournes.]
RABEUF [entrant]. Non, pas sous les coussins, par terre, sous les tapis du bridge.
FERGASSOU [qui regarde]. Pas plus la que la-bas.
CORLAIX [entrant]. Ne cherchez pas. Le sac est dans une vraie cachette. La potiche qui est pres de vous, Vertillac. [Vertillac retourne la potiche, le sac tombe.] Je vous demande pardon. [Vertillac sort emportant le sac. Corlaix va regarder par le sabord.]
FERGASSOU. En voila une affaire de sac.
RABEUF. Tout est bien qui finit bien.
CORLAIX. Le canot a vapeur nous passe a poupe, n'est-ce pas?
BIRODART. Oui, Commandant.
VERTILLAC [entrant]. Voici le sac. Je suis arrive trop tard.
CORLAIX [par le sabord]. Bonsoir, Alice ... Bonsoir Jeanne ...
VOIX [au loin]. Bonsoir, bonsoir.
CORLAIX. Messieurs, je ne veux pas vous retenir, il est tard et peut-etre que demain ...
FERGASSOU. Bonne nuit, Commandant, et merci.
[Corlaix distribue des poignees de main sans quitter le canot des yeux. Quand c'est le tour de d'Artelles]:
CORLAIX. D'Artelles, mon petit, vous a-t-on parle de ce chronometre C que vous devez porter demain matin a 5 h. 30 a l'Observation?
D'ARTELLES. Non, Commandant.
CORLAIX. Ce ne sera pas tres long. Vous n'avez pas trop sommeil?
D'ARTELLES. Je suis a vos ordres.
[Sortent Fergassou, Rabeuf, Vertillac, Birodart.]
SCENE XI
CORLAIX, D'ARTELLES.
CORLAIX [Il va vers sa table a ecrire, ouvre un tiroir et en sort plusieurs petits cahiers]. Mon cher ami, j'ai donne un coup d'oeil ces jours derniers aux carnets individuels de vos chronometres, le chronometre C est un animal bien extraordinaire ... J'ai prepare une petite note pour le directeur de l'Observatoire ... [Il la cherche, la trouve, la remet a d'Artelles.] Ah! la voila ... je voulais la revoir avec vous, mais il est vraiment trop tard, emportez et demain dans votre canot de cinq heures trente, vous aurez tout le temps d'ici au quai de l'Horloge d'etudier la question.
D'ARTELLES [qui a pris la note et les calepins]. Tres bien, Commandant.
CORLAIX. Ni-i, ni, c'est fini. Je ne vous retiens plus. [La cloche du bord pique dix heures et demie.] Dites donc, j'y pense? ce n'est pas ce diable de chronometre qui vous a retenu a bord, j'espere?
D'ARTELLES. Mon Dieu ...
CORLAIX. Sapristi, d'Artelles! d'Artelles, mon cher, vous me faites de la peine!... Il faut du zele, mais pas trop n'en faut! C'est tres mal porte d'etre un officier irreprochable.
D'ARTELLES. Commandant!
CORLAIX. Croyez-moi.., a vingt-quatre ans, on a mieux a faire dans la vie que de porter soi-meme des chronometres a l'Observatoire ...
D'ARTELLES [riant]. Commandant, vous avez du preparer l'Ecole navale a Jersey.., faites ce que je dis, mais ne faites pas
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