La vampire | Page 5

Paul H. C. Féval
rustre, contemplaient avec admiration Faust qui faisait valser Marguerite.
Faust souriait; la t��te charmante de Marguerite allait se penchant sur son ��paule, v��tue du dolman hongrois.
Et sur le buisson de roses qui fleurissait au premier plan, il y avait un large filet dod��cagone: une toile d'araign��e, au centre de laquelle l'insecte monstrueux qu'on appelle aussi la vampire su?ait �� loisir la moelle d'une mouche prisonni��re...
C'��tait tout pour la gravure en taille-douce. Au texte maintenant.
La plume peint mieux que le crayon.--Ce sont des plaines immenses que la vieille forteresse d'Ofen regarde par-dessus le Danube, qui la s��pare de Pesth la moderne.
De Pesth jusqu'aux for��ts Baconier, le long de la Theiss bourbeuse et tumultueuse, c'est la plaine, toujours la plaine, sans limites comme la mer.
Le jour, le soleil sourit �� cet oc��an de verdure, et la brise heureuse caresse en se jouant l'incommensurable champ de ma?s, qui est la Hongrie du sud.
La nuit, la lune glisse au-dessus de ces muettes solitudes. L��-bas, les villages ont soixante mille ames, mais il n'y a point de hameaux. Le souvenir de la guerre avec le Turc agglom��re encore les rustiques habitations, abrit��es comme les troupeaux de moutons au bercail, derri��re la tour ventrue coiff��e du d?me oriental et arm��e de canons hors d'usage.
C'est la nuit. Les morts vont vite au pays magyare en Allemagne, mais ils vont en chariot et non �� cheval.
C'est la nuit. La lune pend �� la coupole d'azur, regardant passer les nues qui galopent follement.
L'horizon plat s'arrondit �� perte de vue, montrant ?a et l�� un arbre isol�� ou la bascule d'un puits relev��e comme une potence.
Un char attel�� de quatre chevaux �� tous crins passe rapide comme la temp��te: un char ��trange, haut sur roues, moiti�� valaque, moiti�� tartare, et dont l'essieu jette des cris ��clatants.
Avez-vous reconnu ce hussard dont le dolman flotte �� la brise?--Et cette enfant, cette douce et blonde fille? Les morts vont vite: les clochers de Czegled ont fui au lointain, et les tours de Keczkemet et les minarets de Szegedin. Voici les fi��res murailles de Temesvar, puis, l��-bas, Belgrade, la cit�� des mosqu��es...
Mais le char ne va pas jusque-l��. Sa roue a touch�� les tables de marbre du dernier cimeti��re chr��tien; sa roue se brise. Faust est debout, portant Marguerite ��vanouie dans ses bras...
La seconde gravure en taille-douce, oh! je m'en souviens bien! repr��sentait l'int��rieur d'une tombe seigneuriale dans le cimeti��re de Petervardein: une longue file d'arceaux o�� se mourait la lueur d'une seule lampe.
Marguerite ��tait couch��e sur un lit qui ressemblait �� un cercueil. Elle avait encore ses habits de fianc��e. Elle dormait.
Sous les arceaux, ��clair��s vaguement, une longue file de cercueils, qui ressemblaient �� des lits, supportaient de belles et pales statues, couch��es et dormant l'��ternel sommeil.
Toutes ��taient v��tues en fianc��es; toutes avaient autour du front la couronne de fleur d'oranger. Toutes ��taient blanches de la t��te aux pieds, sauf un point ronge au-dessous du sein gauche: la blessure par o�� Faust-Vampire avait bu le sang de leur coeur.
Et Faust, il faut bien le dire, se penchait au-dessus de Marguerite endormie: le beau Faust, le valseur admir��, le tentateur et le fascinateur.
Il ��tait have; sans son costume de hussard vous ne l'auriez point reconnu; les ossements de son crane n'avaient plus de cheveux, et ses yeux, ses yeux si beaux, manquaient �� leurs orbites vides.
C'��tait un cadavre, ce Faust, et, chose hideuse �� penser, un cadavre ivre!
Il venait d'achever sa lugubre orgie: il avait bu tout le sang du coeur de Marguerite!
Et le texte? Ma foi, je ne sais plus. Ce second tome ��tait bien moins amusant que le premier. Le vampire hongrois s'ennuie chez lui comme don Juan l'Espagnol, comme l'Anglais Lovelace, comme le Fran?ais, bourreau des coeurs, quel que soit son nom. Tous ces coquins-l��, tuent platement, comme des pleutres qu'ils sont au fond. Ils ne valent qu'avant l'assassinat. Je n'ai jamais pu d��couvrir, pour ma part, la grande diff��rence qu'il y a entre ce pauvre Dumolard, vampire des cuisini��res, et don Juan grand seigneur. La statue du commandeur elle-m��me ne me semble pas plus forte que la guillotine.
Et s'il est un maraud capable de plaider la cause aux trois quarts perdue de la guillotine, c'est don Juan.
Passons �� la troisi��me gravure en taille-douce, et qu'on me d��cerne un prix de m��moire!
Celle-l�� ��tait la statue du commandeur, la guillotine, tout ce que vous voudrez.
Personne n'ignore qu'un bon vampire ��tait invuln��rable et immortel, comme Achille, fils de Pel��e, �� la condition de n'��tre point bless�� �� un certain endroit et d'une certaine fa?on. Le fameux vampire de Debreckzin v��cut et mourut, pour mieux dire, pendant quatre cent quarante quatre ans. Il vivrait encore si le professeur Hemzer ne lui e?t plong�� dans la r��gion cardiaque un fer �� gaufrer rougi pr��alablement au feu.
C'est l�� une recette bien connue et qui, au premier aspect,
Continue reading on your phone by scaning this QR Code

 / 109
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.