La reine Margot - Tome I | Page 9

Alexandre Dumas
de lettres dont elle se contenta de regarder les adresses, comme si �� l��inspection de ces seules adresses sa m��moire lui rappelait ce que contenaient ces lettres; mais arriv��e au bout de l��examen elle regarda le duc, et, toute palissante:
-- Monsieur, dit-elle, celle que je cherche n��est pas l��. L��auriez-vous perdue, par hasard; car, quant �� l��avoir livr��e...
-- Et quelle lettre cherchez-vous, madame?
-- Celle dans laquelle je vous disais de vous marier sans retard.
-- Pour excuser votre infid��lit��? Marguerite haussa les ��paules.
-- Non, mais pour vous sauver la vie. Celle o�� je vous disais que le roi, voyant notre amour et les efforts que je faisais pour rompre votre future union avec l��infante de Portugal, avait fait venir son fr��re le batard d��Angoul��me et lui avait dit en lui montrant deux ��p��es: ?De celle-ci tue Henri de Guise ce soir, ou de celle-l�� je te tuerai demain.? Cette lettre, o�� est-elle?
-- La voici, dit le duc de Guise en la tirant de sa poitrine. Marguerite la lui arracha presque des mains, l��ouvrit avidement, s��assura que c����tait bien celle qu��elle r��clamait, poussa une exclamation de joie et l��approcha de la bougie. La flamme se communiqua aussit?t de la m��che au papier, qui en un instant fut consum��; puis, comme si Marguerite e?t craint qu��on p?t aller chercher l��imprudent avis jusque dans les cendres, elle les ��crasa sous son pied.
Le duc de Guise, pendant toute cette fi��vreuse action, avait suivi des yeux sa ma?tresse.
-- Eh bien, Marguerite, dit-il quand elle eut fini, ��tes-vous contente maintenant?
-- Oui; car, maintenant que vous avez ��pous�� la princesse de Porcian, mon fr��re me pardonnera votre amour; tandis qu��il ne m��e?t pas pardonn�� la r��v��lation d��un secret comme celui que, dans ma faiblesse pour vous, je n��ai pas eu la puissance de vous cacher.
-- C��est vrai, dit le duc de Guise; dans ce temps-l�� vous m��aimiez.
-- Et je vous aime encore, Henri, autant et plus que jamais.
-- Vous?...
-- Oui, moi; car jamais plus qu��aujourd��hui je n��eus besoin d��un ami sinc��re et d��vou��. Reine, je n��ai pas de tr?ne; femme, je n��ai pas de mari.
Le jeune prince secoua tristement la t��te.
-- Mais quand je vous dis, quand je vous r��p��te, Henri, que mon mari non seulement ne m��aime pas, mais qu��il me hait, mais qu��il me m��prise; d��ailleurs, il me semble que votre pr��sence dans la chambre o�� il devrait ��tre fait bien preuve de cette haine et de ce m��pris.
-- Il n��est pas encore tard, madame, et il a fallu au roi de Navarre le temps de cong��dier ses gentilshommes, et, s��il n��est pas venu, il ne tardera pas �� venir.
-- Et moi je vous dis, s����cria Marguerite avec un d��pit croissant, moi je vous dis qu��il ne viendra pas.
-- Madame, s����cria Gillonne en ouvrant la porte et en soulevant la porti��re, madame, le roi de Navarre sort de son appartement.
-- Oh! je le savais bien, moi, qu��il viendrait! s����cria le duc de Guise.
-- Henri, dit Marguerite d��une voix br��ve et en saisissant la main du duc, Henri, vous allez voir si je suis une femme de parole, et si l��on peut compter sur ce que j��ai promis une fois. Henri, entrez dans ce cabinet.
-- Madame, laissez-moi partir s��il en est temps encore, car songez qu���� la premi��re marque d��amour qu��il vous donne je sors de ce cabinet, et alors malheur �� lui!
-- Vous ��tes fou! entrez, entrez, vous dis-je, je r��ponds de tout. Et elle poussa le duc dans le cabinet.
Il ��tait temps. La porte ��tait �� peine ferm��e derri��re le prince que le roi de Navarre, escort�� de deux pages qui portaient huit flambeaux de cire jaune sur deux cand��labres, apparut souriant sur le seuil de la chambre.
Marguerite cacha son trouble en faisant une profonde r��v��rence.
-- Vous n����tes pas encore au lit, madame? demanda le B��arnais avec sa physionomie ouverte et joyeuse; m��attendiez-vous, par hasard?
-- Non, monsieur, r��pondit Marguerite, car hier encore vous m��avez dit que vous saviez bien que notre mariage ��tait une alliance politique, et que vous ne me contraindriez jamais.
-- �� la bonne heure; mais ce n��est point une raison pour ne pas causer quelque peu ensemble. Gillonne, fermez la porte et laissez- nous.
Marguerite, qui ��tait assise, se leva, et ��tendit la main comme pour ordonner aux pages de rester.
-- Faut-il que j��appelle vos femmes? demanda le roi. Je le ferai si tel est votre d��sir, quoique je vous avoue que, pour les choses que j��ai �� vous dire, j��aimerais mieux que nous fussions en t��te- ��-t��te.
Et le roi de Navarre s��avan?a vers le cabinet.
-- Non! s����cria Marguerite en s����lan?ant au-devant de lui avec imp��tuosit��; non, c��est inutile, et je suis pr��te �� vous entendre.
Le B��arnais savait ce qu��il voulait savoir; il jeta un regard rapide et profond vers le cabinet, comme s��il e?t voulu, malgr�� la porti��re qui le voilait, p��n��trer
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