rapt de l'argienne Io, et que de m?ame ils n'en accorderaient aucune. Deux g??n??rations apr?¨s, P?¢ris, fils de Priam, ayant ou?ˉ ces aventures, r??solut d'enlever une femme grecque, bien convaincu qu'il n'aurait ?? faire aucune r??paration, puisque les Grecs n'avaient rien accord??. Mais, lorsqu'il eut enlev?? H??l?¨ne, les Grecs prirent parti d'envoyer d'abord des messagers pour la r??clamer. Les Troyens all??gu?¨rent l'enl?¨vement de M??d??e et r??pliqu?¨rent par la r??ponse des Grecs ?? A??t?¨s. Les Grecs port?¨rent alors la guerre en Asie.
Tel est le r??cit d'H??rodote. Ce fut donc, en r??alit??, la piraterie qui fut cause de la guerre de Troie[1].
Le m?ame historien nous apprend que les P??lasges tyrrh??niens, chass??s de l'Attique par les Ath??niens, s'??tablirent dans les ??les de Lemnos, Imbros et Scyros, et cherch?¨rent bient?′t ?? se venger. Connaissant tr?¨s bien les jours des f?ates des Ath??niens, ils ??quip?¨rent des vaisseaux ?? cinquante rames, se mirent en embuscade et enlev?¨rent un grand nombre d'Ath??niennes qui c??l??braient la f?ate de Diane, dans le bourg de Brauron. Ils les men?¨rent ?? Lemnos o?1 ils les prirent pour concubines. Ces femmes eurent de nombreux enfants, elles leur enseign?¨rent la langue et les usages d'Ath?¨nes, ne les laissant pas se m?aler aux enfants des femmes p??lasgiennes. Si l'un de ceux-ci venait frapper un des enfants des femmes ath??niennes, tous les autres accouraient pour le d??fendre et le venger. Le courage et l'union de ces enfants firent r??fl??chir les P??lasges; ils massacr?¨rent les enfants et leurs m?¨res. Cet acte atroce rendit proverbiale la cruaut?? des Lemniens[2].
[1] H??rodote, I, 1, 2, 3, 4.
[2] H??rodote, VI, 138.
On est frapp?? en lisant les auteurs anciens du nombre consid??rable d'enl?¨vements que contiennent leurs ??crits, et encore n'ont-ils cit?? que les plus c??l?¨bres. C'est que, en effet, dans la soci??t?? primitive, la force pr??side ?? tout. La femme ??tant la plus faible tombe aux mains de l'homme et devient sa propri??t??. Les traces de cette violence de l'homme ?? l'??gard de la femme existent de nos jours chez les Tcherkesses du Caucase; le futur doit enlever par la force sa fianc??e, et celle-ci et ses parents ne se bornent pas toujours ?? n'opposer qu'une molle r??sistance. Le prix que paie l'??poux ?? la famille de sa femme, apr?¨s le rapt, est consid??r?? comme une indemnit??. Chez les diverses tribus des bords de l'Amazone, plac??es ?? l'un des derniers degr??s de la civilisation, l'homme prend de force sa future ??pouse, et s'il ne le fait pas r??ellement, il feint d'en agir ainsi. En Australie, de v??ritables combats ont lieu ?? cette occasion, entre les tribus[1]. La l??gende de l'enl?¨vement des Sabines, si c??l?¨bre dans l'histoire de Rome, est un souvenir de ces rapts de femmes de tribus diff??rentes.
Telles sont les consid??rations g??n??rales que je crois devoir pr??senter avant d'entrer dans l'histoire de la piraterie. J'ai jug?? n??cessaire de remonter aux premiers ?¢ges de l'humanit?? et de rechercher dans la civilisation ?? son berceau les causes et les origines de la piraterie pour en saisir le v??ritable caract?¨re. J'??tablirai dans le cours de cet ouvrage, ?? l'aide de documents rigoureusement exacts, que la piraterie n'apparut pas comme une violation de la loi, ni comme un crime, mais bien comme une condition d??plorable sans doute, mais inh??rente ?? la nature m?ame et ?? la constitution de la soci??t?? primitive.
[1] Maury, La Terre et l'Homme.
CHAPITRE II
I
LA L?‰GENDE DE BACCHUS.
L'exploit de piraterie peut-?atre le plus ancien est celui qui est consign?? dans la l??gende de Dionysos (Bacchus). L'enfance, l'??ducation et l'existence habituelle de Dionysos forment le sujet d'un cycle immense de l??gendes, de descriptions po??tiques et de repr??sentations figur??es. Dans toutes ces oeuvres, Dionysos figure comme un grand conqu??rant, comme un voyageur infatigable, promenant ses orgies et son cort?¨ge par toute la Gr?¨ce et l'Asie-Mineure. L'intervention de ce dieu dans la guerre des G??ants est plusieurs fois repr??sent??e sur les vases peints; dans cette lutte, il a pour auxiliaires des animaux qui sont ses symboles, la panth?¨re, le lion et le serpent[1]. Les l??gendes b??otiennes[2] racontaient que Bacchus avait vaincu Triton qui enlevait des troupeaux sur les c?′tes, et ce Triton ne devait ?atre qu'un pirate puissant.
[1] Gerhard, Auserl-Vas.
[2] Pausanias, IX, 20, 4;--Ath??n??e VII, p. 296.
A Naxos, Bacchus triomphait du dieu marin Glaucus qui lui disputait l'amour d'Ariadne. Dans cette m?ame ??le, son culte supplanta celui de Pos??idon (Neptune), ce qui permet de supposer que Bacchus fit sentir sa puissance belliqueuse sur mer aussi bien que sur terre.
Le plus ??clatant de ses triomphes eut la mer pour th???¢tre. Il le remporta sur les pirates tyrrh??niens. C'est le th?¨me de l'hymne septi?¨me de la collection hom??rique. Le dieu, pr?at ?? quitter l'??le d'Icaria pour se rendre ?? Naxos, se montre sur la c?′te sous les traits d'un beau jeune homme appesanti de sommeil et de vin. Des pirates tyrrh??niens, cherchant une proie, s'emparent de lui
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