??troitement aux grands ??v??nements de la vie des peuples primitifs, ?? leurs migrations, ?? leurs conqu?ates, ?? leurs luttes et aussi ?? la naissance du commerce et du droit maritimes dans les pays m??diterran??ens.
Ce serait une erreur de croire que la piraterie ??clata tout d'un coup, au m??pris de lois ??tablissant une sorte de police internationale sur la mer; elle eut, au d??but, un caract?¨re particulier que je m'attacherai ?? faire ressortir: elle ne fut alors ni m??prisable, ni criminelle, et des si?¨cles s'??coul?¨rent avant que les pirates fussent appel??s latrunculi vel pr?|dones, brigands ou ??cumeurs de mer, par les jurisconsultes. Nous voyons dans Hom?¨re que l'on demandait ing??nument aux voyageurs inconnus, abordant sur quelque c?′te, s'ils ??taient marchands ou pirates. Thucydide, le grave historien, nous fournira d'abondantes preuves que les Grecs se livraient ?? la piraterie aussi bien que les barbares. C'??tait une profession avou??e.
Qu'??tait-ce donc que la piraterie dans les temps qu'on est convenu d'appeler pr??historiques, et ?? quelles causes faut-il en attribuer l'origine? Pour r??pondre ?? ces questions, il est bon de remonter jusqu'?? l'??tat primitif de la soci??t?? humaine. ??L'homme ??tait n?? nu et sans protection; il ??tait moins capable que la plupart des animaux de se nourrir des fruits et des herbes que la nature fait sortir de son sein; mais l'homme avait re?§u de Dieu l'intelligence, et c'est elle, dit Wallace[1], qui l'a pourvu d'un v?atement contre les intemp??ries des saisons, qui lui a donn?? des armes pour prendre ou dompter les animaux, qui lui a appris ?? gouverner la nature, ?? la diriger ?? ses fins, ?? lui faire produire des aliments quand et o?1 il l'entend.?? L'homme a ??t?? cr???? pour vivre en soci??t??; il lui est n??cessaire de se r??unir ?? des individus semblables ?? lui; il a besoin de protection; nulle part on ne le trouve isol??. ??Ses instincts, ses besoins de toutes sortes ne sauraient ?atre satisfaits s'il n'??changeait pas avec d'autres hommes des services, comme il ??change ses id??es avec eux par la parole[2].?? Partout l'homme s'est donc trouv?? ?? l'??tat de famille, et la famille devint la base de petites tribus et de petites peuplades. Plus on remonte dans l'antiquit??, plus on trouve des groupes, des soci??t??s particuli?¨res et distinctes, vivant selon leurs usages propres. Il est impossible d'y rencontrer cette unit?? imposante enseign??e par Bossuet. Aujourd'hui, les d??couvertes arch??ologiques, la philologie compar??e, la connaissance des langues orientales nous ouvrent une voie immense pour arriver au vrai; le Discours sur l'histoire universelle est rest?? une oeuvre d'art magnifique et d'une grande conception, mais il a perdu sa valeur historique. Ces m?ames sciences ont renvers?? ??galement la th?¨se de J.-J. Rousseau soutenant que l'homme, d?¨s le principe, ??tait n?? libre et parfait. L'??tat actuel des peuplades sauvages, si bien d??crit par les grands voyageurs de tous les pays et si bien comment?? par tant de savants illustres, est un tableau fid?¨le de la condition de l'humanit?? ?? son origine. ??C'est un fait constant qui est non seulement vrai, mais d'une v??rit?? banale, dit Tylor[3], que la tendance dominante de la soci??t?? humaine, durant la longue p??riode de son existence, a ??t?? de passer d'un ??tat sauvage ?? un ??tat civilis??.??
[1] Revue anthropologique, 1864.
[2] Maury, La Terre et l'Homme.
[3] Civilisation primitive.
La plus grande pr??occupation des tribus primitives fut de se procurer les premiers besoins de la vie. Les productions alimentaires du sol durent ?atre ??puis??es rapidement chez des peuplades qui ne connaissaient pas encore l'agriculture. Aussi v??curent-elles bient?′t de la chasse, qui amena un redoutable fl??au apr?¨s elle, la guerre. Les plus forts pouss?¨rent au loin les plus faibles. L'??puisement du sol, la destruction des animaux, la guerre enfin d??termin?¨rent des ??migrations qui se r??pandirent dans tous les sens, les unes s'arr?atant non loin des pays qu'elles avaient quitt??s ou dont elles ??taient chass??es, et les autres franchissant l'espace et marchant r??solument ?? la d??couverte, pouss??es par cet instinct puissant de l'homme qui le porte en avant et lui fait esp??rer de toucher ?? une terre promise au del?? de lointains horizons. C'est ainsi que des tribus arriv?¨rent jusqu'?? la mer. Devant cette barri?¨re qui dut leur para??tre infranchissable, elles s'arr?at?¨rent. Je m'imagine grande et profonde l'impression que ressentit l'homme ?? la vue de cet espace sans limite, l'infini pour lui, et quelle dut ?atre sa terreur lorsque, pour la premi?¨re fois, la temp?ate souleva les flots et fit retentir sa grande voix! La mer devint une divinit??. L'??nergie et le courage de ces peuplades furent largement r??compens??s. La mer ??tait une nourrici?¨re in??puisable, des myriades de poissons foisonnaient sur les c?′tes. L'homme mit ?? profit les connaissances de la p?ache qu'il avait pratiqu??e d??j?? sur les rives des fleuves, et il ne tarda pas ?? se procurer une alimentation d??licate et abondante. Aussi j'incline ?? penser que c'est
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