un matin, une grande nouvelle courut dans le pays: le maire faisait abattre sa futaie.
Vingt b?cherons travaillaient d��j��. Ils avaient commenc�� par le coin le plus proche de la maison, et ils allaient vite en pr��sence du ma?tre.
D'abord, les ��brancheurs grimpaient le long du tronc.
Li��s �� lui par un collier de corde, ils l'enlacent d'abord de leurs bras, puis, levant une jambe, ils le frappent fortement d'un coup de pointe d'acier fix��e �� leur semelle. La pointe entre dans le bois, y reste enfonc��e, et l'homme s'��l��ve dessus comme sur une marche pour frapper de l'autre pied avec l'autre pointe sur laquelle il se soutiendra de nouveau en recommen?ant avec la premi��re.
Et, �� chaque mont��e, il porte plus haut le collier de corde qui l'attache �� l'arbre; sur ses reins, pend et brille la hachette d'acier. Il grimpe toujours doucement comme une b��te parasite attaquant un g��ant, il monte lourdement le long de l'immense colonne, l'embrassant et l'��peronnant pour aller le d��capiter.
D��s qu'il arrive aux premi��res branches, il s'arr��te, d��tache de son flanc la serpe aigu? et il frappe. Il frappe avec lenteur, avec m��thode, entaillant le membre tout pr��s du tronc; et, soudain, la branche craque, fl��chit, s'incline, s'arrache et s'abat en fr?lant dans sa chute les arbres voisins. Puis elle s'��crase sur le sol avec un grand bruit de bois bris��, et toutes ses menues branchettes palpitent longtemps.
Le sol se couvrait de d��bris que d'autres hommes taillaient �� leur tour, liaient en fagots et empilaient en tas, tandis que les arbres rest��s encore debout semblaient des poteaux d��mesur��s, des pieux gigantesques amput��s et ras��s par l'acier tranchant des serpes.
Et, quand l'��brancheur avait fini sa besogne, il laissait au sommet du f?t droit et mince le collier de corde qu'il y avait port��, il redescendait ensuite �� coups d'��peron le long du tronc d��couronn�� que les b?cherons alors attaquaient par la base en frappant �� grands coups qui retentissaient dans tout le reste de la futaie.
Quand la blessure du pied semblait assez profonde, quelques hommes tiraient, en poussant un cri cadenc��, sur la corde fix��e au sommet, et l'immense mat soudain craquait et tombait sur le sol avec le bruit sourd et la secousse d'un coup de canon lointain.
Et le bois diminuait chaque jour, perdant ses arbres abattus comme une arm��e perd ses soldats.
Renardet ne s'en allait plus; il restait l�� du matin au soir, contemplant, immobile et les mains derri��re le dos, la mort lente de sa futaie. Quand un arbre ��tait tomb��, il posait le pied dessus, ainsi que sur un cadavre. Puis il levait les yeux sur le suivant avec une sorte d'impatience secr��te et calme, comme s'il e?t attendu, esp��r��, quelque chose �� la fin de ce massacre.
Cependant, on approchait du lieu o�� la petite Roque avait ��t�� trouv��e. On y parvint enfin, un soir, �� l'heure du cr��puscule.
Comme il faisait sombre, le ciel ��tant couvert, les b?cherons voulurent arr��ter leur travail, remettant au lendemain la chute d'un h��tre ��norme, mais le ma?tre s'y opposa, et exigea qu'�� l'heure m��me on ��branchat et abatt?t ce colosse qui avait ombrag�� le crime.
Quand l'��brancheur l'eut mis �� nu, eut termin�� sa toilette de condamn��, quand les b?cherons en eurent sap�� la base, cinq hommes commenc��rent �� tirer sur la corde attach��e au fa?te.
L'arbre r��sista; son tronc puissant, bien qu'entaill�� jusqu'au milieu, ��tait rigide comme du fer. Les ouvriers, tous ensemble, avec une sorte de saut r��gulier, tendaient la corde en se couchant jusqu'�� terre, et ils poussaient un cri de gorge essouffl�� qui montrait et r��glait leur effort.
Deux b?cherons, debout contre le g��ant, demeuraient la hache au poing, pareils �� deux bourreaux pr��ts �� frapper encore, et Renardet, immobile, la main sur l'��corce, attendait la chute avec une ��motion inqui��te et nerveuse.
Un des hommes lui dit: ?Vous ��tes trop pr��s, monsieur le maire; quand il tombera, ?a pourrait vous blesser.?
Il ne r��pondit pas et ne recula point; il semblait pr��t �� saisir lui-m��me �� pleins bras le h��tre pour le terrasser comme un lutteur.
Ce fut tout �� coup, dans le pied de la haute colonne de bois, un d��chirement qui sembla courir jusqu'au sommet comme une secousse douloureuse; et elle s'inclina un peu, pr��te �� tomber, mais r��sistant encore. Les hommes, excit��s, roidirent leurs bras, donn��rent un effort plus grand; et comme l'arbre, bris��, croulait, soudain Renardet fit un pas en avant, puis s'arr��ta, les ��paules soulev��es pour recevoir le choc irr��sistible, le choc mortel qui l'��craserait sur le sol.
Mais le h��tre, ayant un peu d��vi��, lui fr?la seulement les reins, le jetant sur la face �� cinq m��tres de l��.
Les ouvriers s'��lanc��rent pour le relever; il s'��tait d��j�� soulev�� lui-m��me sur les genoux, ��tourdi, les yeux ��gar��s, et passant la main sur son front, comme s'il se r��veillait d'un acc��s de folie.
Quand il se fut remis
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.