La monadologie | Page 5

G. W. Leibniz
uniforme, tout
varié, mais avec ordre, et, ce qui passe l'imagination, tout l'univers en
raccourci, mais d'une vue différente dans chacune de ses parties et
même dans chacune de ses unités de substance[43].»
[Note 39: LEIBNIZ, Lettre II au P. des Bosses, datée du 11 mars 1706,
p. 436b; Lettre VII au même, datée du 16 octobre 1706, p. 440b; Lettre
XIII au même, datée du 3 juillet 1709, p. 461b; Comment. de anima
brutorum, p. 463a, I-II; Epist. ad Wagnerum, p. 406a, II. Dans cette
dernière lettre, l'auteur paraît préoccupé, non de distinguer la matière
première de la matière seconde, mais de déterminer au juste en quoi
consiste la passivité de la matière generalim sumpta par opposition à
l'activité de la forme; et son effort n'est pas stérile: il aboutit à des
notions plus précises. La matière a bien quelque activité, tant il est vrai
que rien n'est puissance pure: mais cette activité n'est que résistance.
Au contraire, l'activité de la forme est vie, perception et effort.]
[Note 40: LEIBNIZ, Lettre II au P. des Bosses, p. 436b; _Lettre XIII au
même, p. 461b; Théod., p. 607, 356;Monadol._, p. 709b, 60.]
[Note 41: LEIBNIZ, Réplique aux réflexions de Bayle, p. 187b; Lettre
VII au P. des Bosses, 440b; Epist. ad Wagnerum, p. 466b, IV.]
[Note 42: LEIBNIZ, Syst. nouv. de la nature, p. 125b, 5; _Comment. de
anima brutorum, p. 465b, XIII; Epist. ad Wagnerum_, p. 466-467, V;
Syst. nouv. de la nature, p. 125b, 7; _Lettre VI au P. des Bosses, datée
du 4 octobre 1706, p. 439-440; N. Essais_, p. 224b, 12; Monadol.,
p.709b, 38.]
[Note 43: LEIBNIZ, N. Essais, p. 2O5b.]
Bien que composées de deux principes constitutifs, dont l'un est forme

et l'autre matière, les monades n'en demeurent pas moins absolument
simples. Car la matière première n'est qu'un principe d'étendue, et la
matière seconde, qui est l'étendue elle-même, se fonde bien au dehors
sur des agglomérais de monades; mais, considérée en soi, non plus dans
sa cause, elle ne se produit qu'au dedans: elle est «toute mentale[44]».
Et de là une nouvelle approximation de la notion de substance.
[Note 44: LEIBNIZ, N. Essais, p. 238b, 7. V. aussi: _Lettre II au P. des
Bosses, p. 436b; Lettre XIV au même, p. 462b; Lettre XXIV au même_,
p. 689a.]
D'abord, «les monades n'ont point de fenêtres par lesquelles quelque
chose y puisse entrer ou sortir». Et, par là même, «les accidents ne
sauraient se détacher, ni se promener hors des substances, comme
faisaient autrefois les espèces sensibles des scolastiques[45]». En
second lieu, les monades n'ont point de surface extérieure. Et, par
conséquent, elles ne présentent aucun point d'appui, à l'aide duquel on
puisse ou les modifier, ou les mouvoir[46]. Chaque monade est à la fois
close et intangible et demeure, de ce chef, essentiellement indépendante
de toute influence dynamique externe. C'est en elle-même et par
elle-même qu'elle agit et pâtit: sa vie est tout intérieure. Et c'est sans
doute dans ce recueillement absolu que Leibniz a puisé la raison
principale pour laquelle il conçoit la substance à l'image de l'âme
humaine; car, si la monade ne se meut du dehors, il faut bien qu'elle se
meuve du dedans. Et comment cela? Où trouver en elle une cause de
changement quelconque, si elle n'était douée de connaissance et
d'appétition[47]?
[Note 45: LEIBNIZ, Monadol., p. 705a, 7.]
[Note 46: LEIBNIZ, Monadol., p. 796a, 17.]
[Note 47:Ibid., p. 705b, 8 et 10-11.]
La philosophie de Leibniz est donc un retour «aux formes substantielles,
si décriées[48]». Pour lui, comme pour Aristote, la substance enveloppe
deux co-principes essentiels dont l'un est actif et l'autre passif; l'être est
une dualité qui se ramène à l'unité d'un même sujet: c'est une trinité.

Mais cette vieille conception revêt, sous l'effort de Leibniz, un aspect
absolument nouveau. D'abord, il transporte du tout aux parties la
définition de la substance donnée par Aristote. De plus, l'extension des
corps cesse, à ses yeux, d'être une propriété absolue; elle n'existe que
pour la pensée: c'est quelque chose de purement phénoménal. Il
modifie également d'une manière profonde et l'idée traditionnelle de la
forme et celle de la matière. Inspiré par Spinoza et continuant «le
philosophe stagirite», il précise l'activité de la forme et en fait une force
qui a pour qualités déterminantes la perception et l'appétition. D'autre
part, la matière, en tant qu'elle se distingue de l'extension proprement
dite, devient pour lui une limite interne de l'activité, et par là même un
principe de résistance à la conquête des «idées distinctes». Tout se
transforme et s'approfondit, tout s'unifie sous l'influence de sa pensée.
[Note 48: LEIBNIZ, Syst. nouv..., p. 124b, 3.]
B) Pluralité des substances.--La multiplicité des choses n'est pas
seulement phénoménale: il y a plusieurs substances, puisque la matière
se divise en éléments substantiels.
Le même fait ressort également des
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