qui dorment sous la Pyramide en forme de coin? Relevez vos grands yeux de satin noir, pareils �� des coussins o�� l'on se laisse aller. Venez-vous ��tirer �� mes pieds, fantastique Sphinge, et contez-moi tous vos souvenirs.
Dites-moi en vos chants la Vierge juive qui allait errant avec le Saint Enfant, et comment vous les avez guid��s �� travers le d��sert, et comment ils dormirent parmi votre ombre. Dites-moi cette verte soir��e pleine de parfums, alors que couch��e pr��s de la rive, vous entendiez monter de la barque dor��e d'Adrien le rire d'Antino��s, et comment vous avez lap�� dans le courant, et d��salt��r�� votre soif, et contempl�� d'un regard ardent, avide, le corps d'ivoire de ce jeune et bel esclave, �� la bouche pareille �� une grenade.
Dites-moi le labyrinthe qui servait d'��table pour le taureau �� la double forme. Parlez-moi de la nuit o�� vous rampiez sur la plinthe de granit du temple, o�� l'ibis ��carlate voltigeait par les corridors tendus de pourpre, en criant tout effray��, et l'horrible ros��e qui tombait goutte �� goutte des g��missantes mandragores, et l'��norme et somnolent crocodile qui versait dans son bassin des larmes boueuses, et, arrachant les joyaux fix��s �� ses oreilles, retournait au Nil d'une allure vacillante.
Et comment les pr��tres vous maudissaient en psaumes chant��s d'une voix criarde, le jour o�� vous avez saisi en vos griffes leur sergent; et comment, vous vous ��tes gliss��e en rampant, pour assouvir votre passion sous les palmiers frissonnants. Qui donc ��taient vos amants, quels ��taient ceux qui luttaient pour vous dans la poussi��re? Quel ��tait l'instrument de votre luxure, quel amoureux aviez-vous chaque jour? ��taient-ce des l��zards g��ants qui venaient s'accroupir devant vous parmi les roseaux du rivage? Des grillons aux vastes flancs de m��tal venaient-ils s'abattre sur vous, sur votre couche en d��sordre.
Le monstrueux hippopotame venait-il s'accoler �� vous dans le brouillard? ��taient-ce des dragons aux ��cailles d'argent, qui, de passion, se tordaient en noeuds compliqu��s, quand vous passiez pr��s d'eux? Et du tombeau lycien, construit en briques, quelle horrible chim��re sortit, avec ses t��tes affreuses et ses flammes redoutables, pour faire produire �� votre sein de nouvelles merveilles....
Ou bien aviez-vous d'inavouables h?tes secrets, ou bien tra?niez-vous dans votre s��jour quelque N��r��ide enroul��e dans de l'��cume ambr��e, avec des seins bizarres en cristal de roche. Ou bien alliez-vous, foulant du pied l'embrun, rendre visite �� la brune Sidonienne et lui demander des nouvelles de L��viathan, de L��viathan ou de B��h��moth? Ou bien quand le soleil ��tait couch��, montiez-vous par la pente sem��e de cactus, �� la rencontre de votre ��thiopien noir dont le corps ��tait du jais poli?
Ou bien, pendant que les bateaux de terre cuite s'��chouaient dans les mar��cages du Nil, au cr��puscule, et quand les chauves-souris au vol incertain, tournaient autour des triglyphes du temple, alliez-vous d'un pas furtif jusqu'au bord de la berge, pour traverser �� la nage le lac silencieux, et de l�� vous insinuant dans la vo?te, faire de la Pyramide votre lupanar, au point que de chacun des noirs sarcophages surgissait le d��funt, peint et emmaillot��? Ou bien attiriez-vous dans votre couche le Trageophos aux cornes d'ivoire?
Ou bien avez-vous aim�� le Dieu des Mouches, qui tourmenta les H��breux, et qui ��tait barbouill�� de vin jusqu'�� la ceinture, ou bien Pasht, qui avait pour yeux des b��ryls verts? Peut-��tre ��tait-ce ce jeune Dieu, le Tyrien, qui ��tait plus amoureux que la colombe d'Astaroth? Ou avez-vous aim�� le Dieu de l'Assyrien, dont les ailes semblables �� un ��trange et transparent mica d��passaient de beaucoup sa t��te �� bec de faucon qui ��tait peinte d'argent et de rouge, et cercl��e de bandes en orichalque.
Ou bien l'��norme Apis a-t-il bondi de son char, pour jeter �� vos pieds les grosses fleurs du n��nuphar qui ont l'ar?me et la couleur du miel?...
Combien il est subtil votre sourire? Alors est-ce que vous n'auriez aim�� personne? Non, je le sais, le grand Ammon fut votre compagnon de lit. Il s'��tendit pr��s de vous au bord du Nil.
Les chevaux aquatiques, qui fr��quentent les marais, firent retentir leurs trompettes, quand ils le virent venir, tout parfum�� du galbanum de Syrie, tout impr��gn�� de nard et de thym. Il suivit le bord du fleuve, pareil �� une vaste gal��re aux voiles d'argent. Il allait, �� grands pas �� travers les eaux, tout cuirass�� de beaut�� et les eaux se retiraient. Il allait �� grands pas par le sable du d��sert. Il arriva �� la vall��e o�� vous ��tiez couch��e. Il attendit l'aurore du jour, et alors il toucha de sa main vos seins noirs.
Vous avez bais�� sa bouche avec une bouche de flamme. Vous avez fait du dieu cornu votre proie. Vous vous teniez debout derri��re son tr?ne, vous l'appeliez par son nom secret. Vous murmuriez de monstrueux oracles dans les cavernes de ses oreilles, et avec le sang
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.