��tes occup�� que des m��chants, c'est bien le temps maintenant de s'occuper des bons.
Pierre releva lentement la t��te; son regard s��v��re imposa silence �� Simon qui, ��tant boulevers�� par le changement de physionomie que sa phrase avait amen��, faillit en avaler ?sa praline.? Pierre, sombre, ne dit pas un mot et remonta chez lui, laissant Simon tout honteux, essuyant son visage encore mouill��, croyant peut-��tre qu'il enlevait en m��me temps le mal qu'il venait de faire.
Puis, col��re, rageant, furieux apr��s lui-m��me, cherchant un motif pour passer la rage passag��re qui le secouait, il se tourna vers le n��gre, et, le voyant pr��s de la chemin��e, il exclama:
--Qu'est-ce que tu fais l��, toi, barbouill��? Tu n'es donc pas encore assez roussi, que tu colles ton museau aupr��s du feu? Esp��re! esp��re! Je te vas secouer si tu ne d��cales pas. Le n��gre, qui connaissait les proc��d��s exp��ditifs de Simon quand il ��tait en col��re, n'avait pas attendu la fin de la phrase pour d��camper.
Le matelot maussade sortit �� son tour.
--C'est-il du bon sens de se facher de ?a! Est-ce que c'est ma faute, �� moi, si la petite pense �� la m��re? Esp��re! esp��re! faudra bien en finir... Au fait! est-ce que j'ai pas le droit de voir ?a, moi? C'est moi qui l'ai ��lev��e, la moutarde... Et peut-��tre bien qu'on pourrait..., si on savait ous'qu'est sa m��re, se promener de ce c?t��-l�� et lui dire:
--Tiens..., ma bellotte..., regarde un peu voir, l��-bas, celle qui passe... Eh bien, envoie-lui un baiser...
Il n'y a pas de bon sens aussi,... puisque le coquin est puni. D'abord, il n'y a que lui que je ha?ssais... et si l'autre est rest��e une honn��te femme... Esp��re! esp��re! elle a fini son temps...
Et le matelot se promenait sous les arbres, sans voir son lieutenant, accoud�� sur l'appui de la fen��tre ouverte, au premier ��tage, triste et pleurant silencieux, au souvenir de ce que lui avait racont�� son matelot.
C'est que Pierre avait un caract��re absolu: il avait condamn��, et sa condamnation ne permettait pas le pardon... On avait ��t�� sans piti��, il serait sans piti��... Est-ce �� dire que Davenne n'avait pas de coeur? Non!... peut-��tre, comme �� cette heure, des larmes auraient pu modifier sa volont��; mais Pierre vivait au milieu de gens auxquels il ��tait d��fendu de parler d'Elle.
Il vivait avec sa haine... Et lorsque, comme ce jour, les dimanches il ouvrait sa fen��tre, en voyant le soir passer dans les bl��s verts les amoureux pendus aux bras l'un de l'autre, le regard noy�� dans le regard, la main dans la main, les l��vres presque sur les l��vres, il pensait, lui, que cette joie de l'amour partag�� lui serait d��sormais d��fendue... Il ��tait veuf, et il ��tait mort! Alors, sa haine s'augmentait: il regrettait �� l'heure du crime de n'avoir pas tu�� et la femme et l'amant. La loi, devant son honn��tet�� tromp��e, aurait bris�� son glaive; il serait sorti du tribunal acquitt��, honor��, et il aurait v��cu, se consacrant �� son enfant. Il aurait pu trouver une compagne d��vou��e, et il aurait recommenc�� sa vie.
�� cette heure, quand Pierre, ��pouvant��, se demandait le but de la vie qu'il s'��tait faite, le rouge couvrait son front; car il ��tait bon et honn��te, et sa vie enti��re ��tait vou��e au mal!... �� la vengeance! la jouissance de l'��go?sme lache! La douleur devant lui, la souffrance, le repentir, les larmes auraient assur��ment chang�� sa conduite. Apr��s avoir entendu la plainte na?ve de son matelot ��mu, il avait ��t�� embrasser sa fille et il avait vu que la petite Jeanne, elle aussi, avait les yeux rouges... Ennuy��, il s'��tait retir��, et Madeleine de Soiz��, en le reconduisant, lui avait dit tout bas:
--Je suis encore tout ��mue... Jeanne qui vient de me demander... o�� est enterr��e sa m��re!
Nerveux, mordant ses l��vres, se contraignant, Pierre s'��tait aussit?t r��fugi�� chez lui; puis, pour chasser ce souvenir persistant, ce rappel de sa veuve, apr��s s'��tre fi��vreusement promen�� dans sa chambre, il prit un livre dans sa biblioth��que et se laissa tomber dans un fauteuil. Le livre avait pour titre: Les Pauvres; il l'ouvrit au hasard, lisant d'abord sans comprendre, sans pouvoir, �� mesure qu'il assemblait les mots, saisir le sens des phrases; tout �� coup, il se dressa, une page l'avait int��ress��, il lut: Les petits enfants.
Voici l'histoire:
?Toutes les comm��res ��taient sur leurs portes et la regardaient avec m��pris; les enfants avan?aient vers elle leur petit museau sale; les chiens allaient flairer ses jupes et revenaient en grognant; les hommes indiff��rents disaient:
--Tiens! c'est la Jeanne!
Le soleil couchant empourprait le ciel, et la brise, qui avait effeuill�� les lilas et les pommiers en fleur, passait ti��de et parfum��e.
Elle,--la Jeanne, comme ils disaient,--elle avait bien vingt ans; elle ��tait pale; ses cheveux mal peign��s tombaient en m��ches lourdes sur ses ��paules; la mis��re avait creus��
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