La femme du mort, Tome I | Page 9

Alexis Bouvier
�� prendre un parti, du jour o�� ce parti ��tait arr��t��, rien ne l'aurait fait changer... Simon se contenta de maugr��er.
--Bon Dieu! c'est pas gaiement qu'il l'a pris...
--Tu m'as vu pleurer pour la derni��re fois... entends-tu, mon vieux fid��le, je n'ai plus au coeur qu'un amour, ma fille!... Il faut que nous l'arrachions �� ceux que je hais...
--Mon lieutenant, j'ose pas vous dire ?a... mais je vous jure que vous avez besoin d'un peu de sommeil, la t��te n'y est plus.
Pierre eut un triste sourire et haussa les ��paules.
--J'ose pas vous demander ce que vous allez faire, dit le matelot en aidant son ma?tre dans sa toilette... Vous ne voulez pas casser la t��te du coquin... Vous ne voulez pas vous s��parer de madame, et vous parlez d'enlever votre enfant.
--Je veux, Simon, que ma femme soit veuve...
--Hein! exclama le matelot.
--Je veux en mourant la chatier dans ce qui fait sa vie heureuse.
--Ah ?��! bon sang! est-ce que j'ai du calfat dans les oreilles?... Vous voulez mourir pour punir madame... Autant aller vous promener et m'envoyer chercher... l'autre...
La nuit avait ��teint dans la nature de Pierre les douleurs aigu?s de la veille... Il ne ressentait plus de col��re en entendant parler de sa femme et de son ami, la haine avait tout effac��; il reprit avec ce m��me sourire navr��:
--Elle ��tait pauvre, je l'ai faite riche; je veux la rendre veuve �� la mis��re...�� la mis��re qui rend laids ceux qui n'ont que le vice pour la combattre... Elle avait le respect et l'amour, je veux la laisser au m��pris et �� l'abandon de son... amant... Elle avait conserv�� une vertu, elle ��tait m��re... Je veux lui enlever son enfant, sans amis... avec la honte... et je la condamne �� son amant dont je connais le coeur.
Le matelot se taisait effray��, car il lisait sur le visage de son ma?tre que tout ce qu'il avait dit ��tait arr��t�� irr��vocablement et serait ex��cut��... Mais il y avait dans tout cela un point contre lequel Simon protestait, et il dit:
--Tout ce que vous voudrez, mon lieutenant... Mais il y a une chose �� laquelle je m'oppose absolument...
Pierre le regarda dans les yeux, mais le matelot continua:
--Et que vous ne ferez pas... Vous ne la ferez pas veuve...
Pierre Davenne haussa imperceptiblement les ��paules et, r��pondant, dit:
--Descends voir Annette, dis-lui qu'indispos�� �� la suite de l'orage, je sors avec toi, pour aller �� Vincennes, qu'elle en informe madame �� son r��veil... Nous ne rentrerons pas d��jeuner...
Le matelot ob��it, secouant la t��te, et grognant tout bas:
--Potence �� l'ail!... Je ne le quitte pas d'une semelle... Ah! mais, faut pas croire qu'on fera ce que je ne veux pas... pour des femelles... des... Esp��re! esp��re! j'ai l'oeil...
Apr��s avoir rempli sa commission, Simon vint rejoindre son ma?tre qui l'attendait �� la porte. Celui-ci lui dit:
--En route!
--O�� allons-nous?
--Est-ce que je sais, c'est toi qui me conduis... Nous devons retrouver Rigobert...
--Ah! tr��s bien!...
--Allons jusqu'�� la place, nous prendrons une voiture...
Ce dernier point fit faire la grimace �� Simon... la voiture lui donnait le mal de mer.
Quelques minutes apr��s, Pierre ��tait ��tendu dans une voiture d��couverte et Simon Rivet, assis sur le si��ge pr��s du cocher... lui racontait qu'il avait ��t�� dans une ?le o�� les cailloux ��taient des pi��ces d'or, seulement elles n'avaient pas cours en France et c'est pour cela qu'il n'en avait pas rapport��; l'or ��tait si commun dans ce pays-l�� que la monnaie se faisait avec du papier... mais toujours par jalousie la France ne voulait pas l'accepter.
Simon ��tait bon et pas fier, il tira une petite bo?te et pria le cocher d'y fouiller en y fouillant lui-m��me; celui-ci accepta... Leurs go?ts sympathisaient, car tous deux se gliss��rent dans la bouche une pinc��e de tabac, et le matelot joyeux dit en frappant sur l'��paule de l'autom��don:
--Dis donc, le phoque, tu aimes donc ?a aussi, les pralines?... Et ils ��clat��rent de rire.

III
O�� R��SIDAIT ET CE QU'��TAIT RIGOBERT.
Apr��s s'��tre arr��t�� dix fois devant tous les bouges des environs de la Glaci��re, pour permettre �� Simon de se renseigner, dirig�� par le matelot, le cocher conduisit sa voiture sur la grande route, et sur l'ordre de Pierre il attendit; celui-ci, guid�� par son matelot, s'engagea dans un sentier ��troit qui menait au milieu des champs.
O�� Montrouge finit, o�� les carri��res commencent, un village ��trange avait pouss��; sur une terre aride, rebelle �� la culture, des tentes, des ��choppes, des baraques s'��taient dress��es. C'��tait bien le plus ��tonnant tableau, le plus fantastique paysage... mais le moins rassurant quartier qu'on p?t voir. C'��tait la ville de repos du monde forain, c'est l�� qu'avaient leur r��sidence fixe les colosses, les femmes �� barbe, les grimaciers, les hercules, les femmes �� trois jambes, les V��nus �� moignons, les tirangeurs de br��mes... le monde des saltimbanques enfin... C'est dans ce lieu singulier qu'ils vivent, lorsqu'ils
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