me parlez de mon honneur, de mon avenir, ce sont bien les mots.
--Oui, monsieur, vous en jugerez tout �� l'heure.
--Avant, madame, pour avoir dans vos paroles la confiance qu'elles m��ritent, puis-je savoir �� qui j'ai l'honneur de parler?
--Monsieur, mon nom ne vous servirait �� rien, vous ne me connaissez pas.
--Permettez-moi de vous dire encore, madame, que je vous prierai au moins de relever votre voile, le myst��re dont vous vous entourez m'embarrasse.
La dame resta muette un instant, puis tout �� coup, comme si elle prenait un violent parti, elle dit:
--J'ai la certitude que vous ne mettrez pas en doute ce que je vous dirai, ce que je vous prouverai; au reste, je saurai ainsi s'il a parl�� de moi chez vous. Monsieur, je me nomme Madeleine de Soiz��.
Et, arrachant vivement son voile, elle ajouta en regardant fixement le jeune homme:
--Vous voyez, monsieur, que vous ne me connaissez pas.
--Excusez-moi, je vous en prie, madame; mais, en r��clamant ma discr��tion, vous trouverez juste que j'aie d��sir�� savoir �� qui je la devais. Je vous ��coute.
A son tour, Davenne prit un si��ge et s'assit.
La femme qui se pr��sentait d'une si singuli��re fa?on ��tait absolument belle, elle paraissait ag��e de vingt �� vingt-deux ans.
Assez grande, gracieusement ��lanc��e, la taille souple, lorsque le chale de dentelle qui lui couvrait le visage et les ��paules tomba �� ses pieds, elle se r��v��la comme une beaut��.
Elle ��tait blonde, de ce blond marron si chaud de ton sous l'��clat des lumi��res, ses yeux brun vert semblaient noirs sous les longs cils qui leur jetaient leur ombre, sa bouche s��v��re �� cette heure appelait le sourire entre deux fossettes ravissantes, son nez ��tait fin et pur de lignes, ses sourcils ��taient bruns, ses oreilles roses, son cou blanc et long ��tait travers�� de ce pli charmant qu'on nomme collier de d��esse.
Bien faite, ��l��gante dans une robe simple, on sentait �� son air, on voyait dans sa mise, on lisait sur son visage une nature distingu��e qu'un grave motif for?ait �� rompre un instant avec ce qu'elle devait toujours ��tre.
Pierre Davenne en subit l'impression, car c'est confus et respectueux qu'il dit:
--Madame, je vous ��coute.
--Vous allez, monsieur, juger d'un mot la gravit�� de l'entretien que je vous demande; j'ai ��crit la lettre que vous avez re?ue ce matin lorsque j'ai ��t�� d��cid��e �� me tuer.
--Ah! mon Dieu, que me dites-vous l��?
--La v��rit�� simple. Je suis, monsieur, l'unique enfant d'une famille honn��te, portant un nom jusqu'�� ce jour respect��; ador��e par un vieillard, mon p��re, qui me tuera, si je n'ai le courage de le faire, lorsqu'il saura la v��rit��. Un jeune homme, ami de ma famille, un officier, un ami d'enfance, par cela plus familier avec moi, a abus�� de la confiance que j'avais en lui... ��pargnez-moi, monsieur, des explications que vous comprenez. Je fus victime, puis je fus amante; c'est du crime que l'amour naquit. Sur ses promesses, je m'abandonnai, certaine que celui auquel j'avais pardonn�� en l'aimant me rendrait l'honneur qu'il m'avait vol�� en me faisant son ��pouse. Le jour o�� je sentis que la faute ne pouvait plus se cacher, j'allai r��clamer de lui la promesse sainte et sacr��e avec laquelle il avait achet�� mon silence apr��s le crime. Ce jour-l��, monsieur, ce jour-l�� je connus l'homme. Froid, d��daigneux, m��prisant m��me, las de l'amour ��teint, il sourit et me dit: ?Ma ch��re enfant, le mariage n'est la cons��cration de l'amour ?que dans les livres que tu as tort de lire! Le mariage ?est l'assemblage de deux situations commerciales, ou ?l'augmentation d'une fortune! Ma ch��re Madeleine, ?tu es pauvre et tu ne voudrais pas augmenter mon ?malheur du tien!? En entendant ces mots, dont je ne puis vous rendre le ton, il me sembla qu'on m'��crasait; je sentis mes forces m'abandonner et je tombai �� ses pieds... J'oubliais de vous dire que lache et souriante, comme pour parler de bonheur, je m'��tais mise �� genoux et que je tenais une de ses mains... Il me retint. Quand je revins �� moi, on m'avait ramen��e chez nous; on avait racont�� �� mon p��re que cette d��faillance m'avait prise dans mon magasin, car monsieur, c'est vrai, je suis pauvre, je suis premi��re demoiselle dans un magasin. Mon p��re pleurait.?
Les yeux de la jeune fille s'emplissaient de larmes; mais, faisant un effort et comme honteuse de sa faiblesse, elle essuya vivement ses paupi��res. Pierre Davenne restait confondu; il se demandait quelle ��tait la raison qui poussait cette inconnue �� lui faire semblable confidence, et, songeant �� ce que disait la lettre, il cherchait vainement comment, dans cette affaire, son honneur et son avenir se trouvaient en jeu.
Mais, profond��ment ��mu par l'accent sinc��re, par l'honn��tet�� voulue de son langage, il lui dit doucement:
--Madame, plein de compassion, je suis pr��t...
--Monsieur, je ne viens pas vous implorer, fit avec hauteur Madeleine de Soiz��; vous vous
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.