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La fées des grèves
The Project Gutenberg EBook of La fée des grèves, by Paul H.C. Féval
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Title: La fée des grèves
Author: Paul H.C. Féval
Release Date: December 20, 2004 [EBook #14398]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LA FÉES
DES GRÈVES ***
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Paul Féval (père)
LA FÉE DES GRÈVES
Publication en 1850
Table des matières
I. La cavalcade. II. Deux porte-bannières. III. Fratricide. IV. Veillée de
la Saint-Jean. V. Un Breton, un Français, un Normand. VI. Ce que
Julien avait appris au marché de Dol. VII. À la guerre comme à la
guerre. VIII. L'apparition. IX. Maître Gueffès. X. Douze lévriers. XI.
Course à la fée. XII. Les mirages. XIII. Où l'on parle pour la première
fois de maître Loys. XIV. Prouesses de maître Loys. XV. À quand la
noce? XVI. Amel et Penhor. XVII. La faim. XVIII. Jeannin et
Simonnette. XIX. Le départ. XX. Deux cousins. XXI. La rubrique du
chevalier Méloir. XXII. Frère Bruno. XXIII. Comment Joson Drelin
but la rivière de Rance. XXIV. Dits et gestes de frère Bruno. XXV.
Gueffès s'en va en guerre. XXVI. Avant la bataille. XXVII. Le siège.
XXVIII. Où Jeannin a une idée. XXIX. Le brouillard. XXX. Où maître
Vincent Gueffès est forcé d'admettre l'existence de la Fée des Grèves.
XXXI. Où l'on voit revenir maître Loys, lévrier noir. XXXII. Le tube
miraculeux. XXXIII. Les lises. Épilogue: Le repentir.
I. La cavalcade.
Si vous descendez de nuit la dernière côte de la route de Saint-Malo à
Dol, entre Saint-Benoît-des-Ondes et Cancale, pour peu qu'il y ait un
léger voile de brume sur le sol plat du Marais, vous ne savez de quel
côté de la digue est la grève, de quel côté la terre ferme. À droite et à
gauche, c'est la même intensité morne et muette. Nul mouvement de
terrain n'indique la campagne habitée; vous diriez que la route court
entre deux grandes mers.
C'est que les choses passées ont leurs spectres comme les hommes
décédés; c'est que la nuit évoque le fantôme des mondes transformés
aussi bien que les ombres humaines.
Où passe à présent le chemin, la mer roula ses flots rapides. Ce marais
de Dol, aux moissons opulentes, qui étend à perte de vue son horizon
de pommiers trapus, c'était une baie. Le mont Dol et Lîlemer étaient
deux îles, tout comme Saint-Michel et Tombelène. Pour trouver le
village, il fallait gagner les abords de Châteauneuf, où la mare de
Saint-Coulman reste comme une protestation de la mer expulsée.
Et, chose merveilleuse, car ce pays est tout plein de miracles, avant
d'être une baie, c'était une forêt sauvage!
Une forêt qui n'arrêtait pas sa lisière à la ligne du rivage actuel, mais
qui descendait la grève et plantait ses chênes géants jusque par delà les
îles Chaussey.
La tradition et les antiquaires sont d'accord; les manuscrits font foi: la
forêt de Scissy couvrait dix lieues de mer, reliant la falaise de Cancale,
en Bretagne, à la pointe normande de Carolles, par un arc de cercle qui
englobait le petit archipel.
Quelque jour, on fera peut-être l'histoire de ces prodigieuses batailles
où la mer, tout à tour victorieuse et vaincue, envahit le domaine
terrestre en conquérant, puis se dérobe, fugitive, et se creuse dans les
mystères de l'abîme une retraite plus profonde.
Au soleil, la digue fuit devant le voyageur, selon une ligne courbe qui
attaque la terre ferme au village du Vivier.
Pour quiconque est étranger à la mer, cette digue semble ou superflue,
ou impuissante. Le bas de l'eau est si loin et les marées sont si hautes!
Peut-on se figurer que cette barre bleuâtre qui ferme l'horizon va
s'enfler, glisser sur le sable marneux, franchir des lieues et venir!
Venir de si loin, la mer! pour s'arrêter, docile, devant quelques pierres
amoncelées et clapoter au pied de la chaussée comme la bourgeoise
naïade d'un étang!
Involontairement on se dit: Si la marée fait une fois ce grand voyage du
bas de l'eau à la digue, que seront quatre ou cinq pieds de sable et de
roche pour arrêter son élan?
Mais la mer vient choquer les roches de la digue, et la digue reste
debout depuis des siècles, protégeant toute une contrée conquise sur
l'Océan.
Vers le centre de la courbe on aperçoit au lointain, comme dans un
mirage, le Mont-Saint-Michel et Tombelène. Huit lieues de grève sont
entre ce
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