dit le moine, qui ne crut pas un mot de ce que lui r��pondait Chicot, je me trompais.
--Mais enfin, toi-m��me, que fais-tu hors des barri��res?
--H��las! monsieur Chicot, je suis proscrit, r��pondit Gorenflot avec un ��norme soupir.
--Hein? fit Chicot.
--Proscrit, vous dis-je.
Et Gorenflot, se drapant dans son froc, redressa sa courte taille et balan?a sa t��te d'avant en arri��re avec le regard imp��ratif de l'homme �� qui une grande catastrophe donne le droit de r��clamer la piti�� de ses semblables.--Mes fr��res me rejettent de leur sein, continua-t-il; je suis excommuni��, anath��matis��.
--Bah! et pourquoi cela?
--��coutez, monsieur Chicot, dit le moine en mettant la main sur son coeur, vous me croirez si vous voulez, mais, foi de Gorenflot, je n'en sais rien.
--Ne serait-ce pas que vous auriez ��t�� rencontr�� cette nuit, courant le guilledou, comp��re?
--Affreuse plaisanterie, dit Gorenflot, vous savez parfaitement bien ce que j'ai fait depuis hier soir.
--C'est-��-dire, reprit Chicot, oui, depuis huit heures jusqu'�� dix, mais non depuis dix jusqu'�� trois.
--Comment, depuis dix heures jusqu'�� trois?
--Sans doute, �� dix heures vous ��tes sorti.
--Moi! fit Gorenflot en regardant le Gascon avec des yeux dilat��s par la surprise.
--Si bien sorti, que je vous ai demand�� o�� vous alliez.
--O�� j'allais; vous m'avez demand�� cela?
--Oui!
--Et que vous ai-je r��pondu?
--Vous m'avez r��pondu que vous alliez prononcer un discours.
--Il y a du vrai dans tout ceci cependant, murmura Gorenflot ��branl��.
--Parbleu! c'est si vrai, que vous me l'avez dit en partie, votre discours; il ��tait fort long.
--Il ��tait en trois parties, c'est la coupe que recommande Aristote.
--Il y avait m��me de terribles choses contre le roi Henri III dans votre discours.
--Bah! dit Gorenflot.
--Si terribles, que je ne serais pas ��tonn�� qu'on vous poursuiv?t comme fauteur de troubles.
--Monsieur Chicot, vous m'ouvrez les yeux; avais-je l'air bien ��veill�� en vous parlant?
--Je dois vous dire, comp��re, que vous me paraissiez fort ��trange; votre regard surtout ��tait d'une fixit�� qui m'effrayait; on e?t dit que vous ��tiez ��veill�� sans l'��tre, et que vous parliez tout en dormant.
--Cependant, dit Gorenflot, je suis s?r de m'��tre r��veill�� ce matin �� la Corne d'Abondance, quand le diable y serait.
--Eh bien, qu'y a-t il d'��tonnant �� cela?
--Comment! ce qu'il y a d'��tonnant, puisque vous dites que j'en suis sorti �� dix heures, de la Corne d'Abondance!
--Oui; mais vous y ��tes rentr�� �� trois heures du matin, et, comme preuve, je vous dirai m��me que vous aviez laiss�� la porte ouverte, et que j'ai eu tr��s-froid.
--Et moi aussi, dit Gorenflot, je me rappelle cela.
--Vous voyez bien! r��pliqua Chicot.
--Si ce que vous me dites est vrai....
--Comment! si ce que je vous dis est vrai? comp��re, c'est la v��rit��. Demandez plut?t �� ma?tre Bonhomet.
--A ma?tre Bonhomet?
--Sans doute; c'est lui qui vous a ouvert la porte. Je dois m��me dire que vous ��tiez gonfl�� d'orgueil �� votre retour, et que je vous ai dit:
--?Fi donc! comp��re, l'orgueil ne sied point �� l'homme, surtout quand cet homme est un moine.?
--Et de quoi ��tais-je orgueilleux?
--Du succ��s qu'avait eu votre discours, des compliments que vous avaient faits le duc de Guise, le cardinal et M. de Mayenne, que Dieu conserve, ajouta le Gascon en levant son chapeau.
--Alors tout m'est expliqu��, dit Gorenflot.
--C'est bien heureux; vous convenez donc que vous avez ��t�� �� cette assembl��e? comment diable rappelez-vous? Attendez donc! l'assembl��e de la Sainte-Union. C'est cela.
Gorenflot laissa tomber sa t��te sur sa poitrine et poussa un g��missement.
--Je suis somnambule, dit-il; il y a longtemps que je m'en doutais.
--Somnambule, dit Chicot, qu'est-ce que cela signifie?
--Cela signifie, monsieur Chicot, dit le moine, que chez moi l'esprit domine la mati��re �� tel point, que, tandis que la mati��re dort, l'esprit veille, et qu'alors l'esprit commande �� la mati��re, qui, tout endormie qu'elle est, est forc��e d'ob��ir.
--Eh! comp��re, dit Chicot, cela ressemble fort �� quelque magie; si vous ��tes poss��d��, dites-le-moi franchement; un homme qui marche en dormant, qui gesticule en dormant, qui fait des discours dans lesquels il attaque le roi, toujours en dormant, ventre de biche! ce n'est point naturel, cela; arri��re, Belz��buth, _vade retro, Satanas!_
Et Chicot fit faire un ��cart �� son cheval.
--Ainsi, dit Gorenflot, vous aussi vous m'abandonnez, monsieur Chicot. _Tu quoque, Brute._ Ah! ah! je n'aurais jamais cru cela de votre part.
Et le moine d��sesp��r�� essaya de moduler un sanglot.
Chicot eut piti�� de cet immense d��sespoir, qui n'en paraissait que plus terrible pour ��tre concentr��.
--Voyons, dit-il, que m'as-tu dit?
--Quand cela?
--Tout �� l'heure.
--H��las! je n'en sais rien, je suis pr��t �� devenir fou, j'ai la t��te pleine et l'estomac vide; mettez-moi sur la voie, monsieur Chicot.
--Tu m'as parl�� de voyager?
--C'est vrai, je vous ai dit que le r��v��rend prieur m'avait invit�� �� voyager.
--De quel c?t��? demanda Chicot.
--Du c?t�� o�� je voudrai, r��pondit le moine.
--Et tu vas?
--Je n'en sais rien. Gorenflot leva ses deux mains au ciel.--A la grace de Dieu! dit-il. Monsieur Chicot, pr��tez-moi deux ��cus pour m'aider �� faire mon voyage.
--Je fais mieux que
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