La dame de Monsoreau, vol 1 | Page 6

Alexandre Dumas, père
Henri e?t d? r��pondre.
Et le bouffon prit, en disant ces paroles, une pose de matamore si outr��e, que la moiti�� de la salle ��clata de rire. L'autre moiti�� ne rit pas, et c'��tait tout simple: la moiti�� qui riait riait de l'autre moiti��.
Cependant trois amis de Bussy, supposant qu'il allait peut-��tre y avoir rixe, ��taient venus se ranger pr��s de lui. C'��taient Charles Balzac d'Entragues, que l'on nommait plus commun��ment Antraguet, Fran?ois d'Audie, vicomte de Ribeirac, et Livarot.
En voyant ces pr��liminaires d'hostilit��s, Saint-Luc devina que Bussy ��tait venu de la part de Monsieur, pour amener quelque scandale ou adresser quelque d��fi. Il trembla plus fort que jamais, car il se sentait pris entre les col��res ardentes de deux puissants ennemis, qui choisissaient sa maison pour champ de bataille.
Il courut �� Qu��lus, qui paraissait le plus anim�� de tous, et, posant la main sur la garde de l'��p��e du jeune homme:
--Au nom du ciel! lui dit-il, ami, mod��re-toi et attendons.
--Eh! parbleu! mod��re-toi toi-m��me! s'��cria-t-il. Le coup de poing de ce butor t'atteint aussi bien que moi: qui dit quelque chose contre l'un de nous dit quelque chose contre tous, et qui dit quelque chose contre nous tous touche au roi.
--Qu��lus, Qu��lus, dit Saint-Luc, songe au duc d'Anjou, qui est derri��re Bussy, d'autant plus aux aguets qu'il est absent, d'autant plus �� craindre qu'il est invisible. Tu ne me fais pas l'affront de croire, je le pr��sume, que j'ai peur du valet, mais du ma?tre.
--Eh! mordieu! s'��cria Qu��lus, qu'a-t-on �� craindre quand on appartient au roi de France? Si nous nous mettons en p��ril pour lui, le roi de France nous d��fendra.
--Toi, oui; mais moi! dit piteusement Saint-Luc.
--Ah dame! dit Qu��lus, pourquoi diable aussi te maries-tu, sachant combien le roi est jaloux dans ses amiti��s?
--Bon! dit Saint-Luc en lui-m��me, chacun songe �� soi; ne nous oublions donc pas, et, puisque je veux vivre tranquille au moins pendant les quinze premiers jours de mon mariage, tachons de nous faire un ami de M. d'Anjou.
Et, sur cette r��flexion, il quitta Qu��lus et s'avan?a au-devant de Bussy.
Apr��s son impertinente apostrophe, Bussy avait relev�� la t��te et promen�� ses regards par toute la salle, dressant l'oreille pour recueillir quelque impertinence en ��change de celle qu'il avait lanc��e. Mais tous les fronts s'��taient d��tourn��s, toutes les bouches ��taient demeur��es muettes. Les uns avaient peur d'approuver devant le roi, les autres d'improuver devant Bussy.
Ce dernier, voyant Saint-Luc s'approcher, crut enfin avoir trouv�� ce qu'il cherchait.
--Monsieur, dit Bussy, est-ce �� ce que je viens de dire que je dois l'honneur de l'entretien que vous paraissez d��sirer?
--A ce que vous venez de dire? demanda Saint-Luc de son air le plus gracieux. Que venez-vous donc de dire? Je n'ai rien entendu, moi. Non, je vous avais vu, et je d��sirais avoir le plaisir de vous saluer et de vous remercier, en vous saluant, de l'honneur que fait votre pr��sence �� ma maison.
Bussy ��tait un homme sup��rieur en toutes choses; brave jusqu'�� la folie, mais lettr��, spirituel et de bonne compagnie. Il connaissait le courage de Saint-Luc, et comprit que le devoir du ma?tre de maison l'emportait en ce moment sur la susceptibilit�� du raffin��. A tout autre, il e?t r��p��t�� sa phrase, c'est-��-dire sa provocation; mais il se contenta de saluer poliment Saint-Luc, et de r��pondre quelques mots gracieux �� son compliment.
--Oh! oh! dit Henri voyant Saint-Luc pr��s de Bussy, je crois que mon jeune coq a ��t�� chanter pouille au capitan. Il a bien fait, mais je ne veux pas qu'on me le tue. Allez donc voir, Qu��lus... Non, pas vous, Qu��lus, vous avez trop mauvaise t��te. Allez donc voir, Maugiron.
Maugiron partit comme un trait; mais Saint-Luc, aux aguets, ne le laissa point arriver jusqu'�� Bussy; et, revenant vers le roi, il lui ramena Maugiron.
--Que lui as-tu dit, �� ce fat de Bussy? demanda le roi.
--Moi, sire?
--Oui, toi.
--Je lui ai dit bonsoir, fit Saint-Luc.
--Ah! ah! voil�� tout? maugr��a le roi.
Saint-Luc s'aper?ut qu'il avait fait une sottise.
--Je lui ai dit bonsoir, reprit-il, en ajoutant que j'aurais l'honneur de lui dire bonjour demain matin.
--Bon! fit Henri; je m'en doutais, mauvaise t��te!
--Mais veuille Votre gracieuse Majest�� me garder le secret, ajouta Saint-Luc en affectant de parler bas.
--Oh! pardieu! fit Henri III, ce n'est pas pour te g��ner, ce que j'en dis. Il est certain que si tu pouvais m'en d��faire sans qu'il en r��sultat pour toi quelque ��gratignure....
Les mignons ��chang��rent entre eux un rapide regard, que Henri III fit semblant de ne pas avoir remarqu��.
--Car enfin, continua le roi, le dr?le est d'une insolence....
--Oui, oui, dit Saint-Luc. Cependant, un jour ou l'autre, soyez tranquille, sire, il trouvera son ma?tre.
--Heu! fit le roi, secouant la t��te de bas en haut, il tire rudement l'��p��e! Que ne se fait-il mordre par quelque chien enrag��! cela nous en d��barrasserait bien plus commod��ment.
Et il jeta un regard
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