des tetes
Plus
mornes que la mort sous leurs boucles defaites
Au soleil matinal.
Comme un mineur qui suit une veine infeconde,
J'ai fouille nuit et
jour l'existence profonde
Sans trouver le filon.
J'ai demande la vie a l'amour qui la donne,
Mais vainement; je n'ai jamais aime personne
Ayant au monde un nom.
J'ai brule plus d'un coeur dont j'ai foule la cendre,
Mais je restai
toujours comme la Salamandre,
Froid au milieu du feu.
J'avais un ideal frais comme la rosee,
Une
vision d'or, une opale irisee
Par le regard de Dieu;
Femme, comme jamais sculpteur n'en a petrie,
Type reunissant
Cleopatre et Marie,
Grace, pudeur, beaute;
Une rose mystique, ou nul ver ne se cache,
Les ardeurs du volcan et la neige sans tache
De la virginite!
Au carrefour douteux, Y grec de Pythagore,
J'ai pris la branche
gauche et je chemine encore
Sans arriver jamais.
Trompeuse volupte, c'est toi que j'ai suivie,
Et
peut-etre, o vertu! l'enigme de la vie;
C'est toi qui la savais.
Que n'ai-je, comme Faust, dans ma cellule sombre,
Contemple sur le
mur la tremblante penombre
Du microcosme d'or!
Que n'ai-je, feuilletant cabales et grimoires,
Aupres de mon fourneau, passe les heures noires
A chercher le tresor!
J'avais la tete forte, et j'aurais lu ton livre
Et bu ton vin amer, Science,
sans etre ivre
Comme un jeune ecolier.
J'aurais contraint Isis a relever son voile;
Et du plus haut des cieux fait descendre l'etoile
Dans mon noir atelier.
N'ecoutez pas l'amour car c'est un mauvais maitre;
Aimer, c'est
ignorer, et vivre c'est connaitre.
Apprenez, apprenez;
Jetez et rejetez a toute heure la sonde;
Et
plongez plus avant sous cette mer profonde
Que n'ont fait vos aines.
Laissez Leviathan souffler par ses narines,
Laissez le poids des mers
au fond de vos poitrines
Presser votre poumon.
Fouillez les noirs ecueils qu'on n'a pu
reconnaitre,
Et dans son coffre d'or vous trouverez peut-etre
L'anneau de Salomon!
VIII.
Ainsi parla don Juan, et sous la froide voute,
Las, mais voulant aller
jusqu'au bout de la route,
Je repris mon chemin.
Enfin je debouchai dans une plaine morne
Qu'un ciel en feu fermait a l'horizon sans borne,
D'un cercle de carmin.
Le sol de cette plaine etait d'un blanc d'ivoire,
Un fleuve la coupait
comme un ruban de moire
Du rouge le plus vif.
Tout etait ras; ni bois, ni clocher, ni tourelle,
Et le vent ennuye la balayait de l'aile
Avec un ton plaintif.
J'imaginai d'abord que cette etrange teinte,
Cette couleur de sang dont
cette onde etait peinte,
N'etait qu'un vain reflet;
Que la craie et le tuf formaient ce blanc
d'ivoire,
Mais je vis que c'etait (me penchant pour y boire)
Du vrai sang qui coulait.
Je vis que d'os blanchis la terre etait couverte,
Froide neige de morts,
ou nulle plante verte,
Nulle fleur ne germait;
Que ce sol n'etait fait que de poussiere
d'homme,
Et qu'un peuple a remplir Thebes, Palmyre et Rome
Etait la qui dormait.
Une ombre, dos voute, front penche, dans la brise
Passa. C'etait bien
LUI, la redingote grise
Et le petit chapeau.
Un aigle d'or planait sur sa tete sacree,
Cherchant, pour s'y poser, inquiete effaree,
Un baton de drapeau.
Les squelettes tachaient de rajuster leurs tetes,
Le spectre du tambour
agitait ses baguettes
A son pas souverain;
Une immense clameur volait sur son passage,
Et cent mille canons lui chantaient dans l'orage
Leur fanfare d'airain.
Lui ne paraissait pas entendre ce tumulte,
Et, comme un Dieu de
marbre, insensible a son culte,
Marchait silencieux;
Quelquefois seulement, comme a la derobee,
Pour retrouver au ciel son etoile tombee
Il relevait les yeux
Mais le ciel empourpre d'un reflet d'incendie,
N'avait pas une etoile,
et la flamme agrandie
Montait, montait toujours.
Alors, plus pale encor qu'aux jours de
Sainte-Helene,
Il refermait ses bras sur sa poitrine pleine
De gemissements sourds.
Quand il fut devant nous: Grand empereur, lui dis-je,
Ce mot
mysterieux que mon destin m'oblige
A chercher ici-bas,
Ce mot perdu que Faust demandait a son livre,
Et don Juan a l'amour, pour mourir ou pour vivre,
Ne le sauriez-vous pas?
O malheureux enfant! dit l'ombre imperiale,
Retourne-t'en la-haut, la
bise est glaciale
Et je suis tout transi.
Tu ne trouverais pas, sur la route, d'auberge
Ou rechauffer tes pieds, car la mort seule heberge
Ceux qui passent ici.
Regarde... C'en est fait. L'etoile est eclipsee,
Un sang noir pleut du
flanc de mon aigle blessee
Au milieu de son vol.
Avec les blancs flocons de la neige eternelle,
Du haut du ciel obscur, les plumes de son aile
Descendent sur le sol.
Helas! je ne saurais contenter ton envie;
J'ai vainement cherche le
mot de cette vie,
Comme Faust et don Juan,
Je ne sais rien de plus, qu'au jour de ma
naissance,
Et pourtant je faisais dans ma toute-puissance,
Le calme et l'ouragan.
Pourtant l'on me nommait par excellence, L'HOMME:
L'on portait
devant moi l'aigle et les faisceaux, comme
Aux vieux Cesars romains:
Pourtant j'avais dix rois pour me tenir ma
robe,
J'etais un Charlemagne emprisonnant le globe
Dans une de mes mains.
Je n'ai rien vu de plus du haut de la colonne
Ou ma gloire, arc-en-ciel
tricolore, rayonne
Que vous
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.