pièce, mais seulement la transcription
altérée évidemment par Besse, ce document n'en est pas moins très-important en ce qu'il
nous donne la date de la fondation de la ville actuelle de Carcassonne. En effet, en
exécution de ces lettres patentes, l'emplacement pour bâtir le nouveau bourg fut tracé au
delà de l'Aude, et comme cet emplacement dépendait de l'évêché, le roi indemnisa
l'évêque en lui donnant la moitié de la ville de Villalier. L'acte de cet échange fut passé à
Aigues-Mortes avec le sénéchal en août 1248.
Ce bourg est aujourd'hui la ville de Carcassonne, élevée d'un seul jet sur un plan régulier,
avec des rues alignées, coupées à angle droit, une place au centre et deux églises.
La prudence de Louis IX ne se borna pas à dégager les abords de la cité et à élever une
enceinte extérieure nouvelle, il fit bâtir la grosse défense circulaire appelée la Barbacane,
à la place de celle qui commandait le faubourg de Graveillant, lequel, rebâti plus tard, prit
son nom de cet ouvrage.
Il mit cette barbacane en communication avec le château, par des rampes fortifiées,
très-habilement conçues au point de vue de la défense de la place (fig. 16).
À la manière dont sont traitées les maçonneries de l'enceinte extérieure, il y a lieu de
croire que les travaux furent poussés activement, afin de mettre, au plus tôt, la cité à l'abri
d'un coup de main et pour donner le temps de réparer et d'agrandir l'enceinte intérieure.
Philippe le Hardi, lors de la guerre avec le roi d'Aragon, continua ces ouvrages avec
activité. Ils étaient terminés au moment de sa mort (1285). Carcassonne était la place
centrale des opérations entreprises contre l'armée aragonaise et un refuge assuré en cas
d'échec.
À la place de l'ancienne porte appelée Pressam ou Narbonnaise ou des Salins, Philippe le
Hardi fit construire une admirable défense, comprenant la porte Narbonnaise actuelle, la
tour du Trésau et les belles courtines voisines. Du côté de l'ouest-sud-ouest, sur l'un des
points vivement attaqués par l'armée de Trincavel, profitant du saillant que saint Louis
avait fait faire, il rebâtit toute la défense intérieure, c'est-à-dire les tours nos 39, 11, 40, 41,
42, 43 (porte de Razez, de Saint-Nazaire ou des Lices), ainsi que les hautes courtines
intermédiaires (fig. 16), de manière à mieux commander la vallée de l'Aude et l'extrémité
du plateau. Un fait curieux donne la date certaine de cette partie de l'enceinte qui
enveloppait l'évêché. En août 1280, à Paris, le roi Philippe permit à Isar, alors évêque de
Carcassonne, de pratiquer quatre fenêtres grillées dans la courtine adossée à l'évêché,
après avoir pris l'avis du sénéchal, et sous la condition expresse que ces fenêtres seraient
murées en temps de guerre, sauf à pouvoir les rouvrir, la guerre terminée. Le roi
s'obligeait à faire, à ses dépens, les égouts pour l'écoulement des eaux de l'évêché, à
travers la muraille, et à l'évêque était réservée la jouissance des étages de la tour dite de
l'Évêque (tour carrée nº11, à cheval sur les deux enceintes), jusqu'au crénelage, sans
préjudice des autres droits du prélat, sur le reste des murailles de la ville. Or, ces quatre
fenêtres n'ont point été ouvertes après coup, elles ont été bâties en élevant la courtine, et
elles existent encore entre les tours nos 39, 11 et 40; donc ces courtines et tours datent de
1280. Du côté du midi et du sud-est, Philippe le Hardi fit couronner, exhausser et même
reconstruire sur quelques points les tours des Visigoths, ainsi que les anciennes courtines.
Du côté du nord, on répara également les parties dégradées des murs anciens et on éleva
une large barbacane devant l'entrée du château dans l'intérieur de la ville.
L'enceinte extérieure, que je regarde comme antérieure de quelques années aux
réparations entreprises par Philippe le Hardi, pour améliorer l'enceinte intérieure--et je
vais en donner des preuves certaines tout à l'heure--est bâtie en matériaux (grès)
irréguliers et disposés sans choix, mais présentant des parements unis, tandis que toutes
les constructions de la fin du XIIIe siècle sont parementées en pierres ciselées sur les
arêtes, et forment des bossages rustiques qui donnent à ces constructions un aspect
robuste et d'un grand effet. Tous les profils des tours de l'enceinte intérieure, réparée par
Philippe le Hardi, sont identiques; les culs-de-lampe des arcs des voûtes et les quelques
rares sculptures, telles, par exemple, que la statue de la Vierge et la niche placées
au-dessus de la porte Narbonnaise, appartiennent incontestablement à la fin du XIIIe
siècle.
Dans ces constructions, les matériaux sont de même nature, provenant des mêmes
carrières et le mode d'appareil uniforme; partout on rencontre ces bossages, aussi bien
dans les parties complètement neuves, comme celles de l'ouest, du sud-ouest et de l'est,
que dans les portions complétées ou restaurées, sur les constructions visigothes et
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