s'��tait remari��. Mous ne savons pas la part que sa belle-m��re (matrigna) a pu prendre aux premi��res ann��es de sa vie, et �� son ��ducation. Quoi qu'il en soit, celle-ci para?t avoir ��t�� tr��s soign��e, et l'on ne peut s'emp��cher de remarquer que tout, dans ses habitudes d'extr��me politesse, dans la d��licatesse et le raffinement de son langage, semblerait porter l'empreinte d'une ��ducation f��minine.
Boccace affirme qu'il montra une aptitude pr��coce aux ��tudes th��ologiques et philosophiques. C'��tait l�� du reste le champ o�� s'exer?ait �� peu pr��s exclusivement la scolastique d'alors. Dante nous apprend lui-m��me[8] que ce ne fut qu'apr��s la mort de B��atrice, par cons��quent entre vingt-cinq et trente ans, qu'il se mit �� suivre les ��coles des religieux et des philosophes, s'en ��tant sans doute tenu jusque-l�� �� des ��tudes ��l��mentaires, et que, ?grace �� ce qu'il savait de grammaire et �� sa propre intelligence, il se mit en ��tat au bout de trente mois d'��tude de venir chercher des consolations dans les ��crits de Boece et de Tullius? (c'est ainsi qu'il appelle toujours Cic��ron). Il ne para?t gu��re avoir su le grec, qui du reste n'��tait encore que peu r��pandu �� cette ��poque. Mais il acquit de bonne heure des notions de tout. Il ��tait familier avec la cosmographie et avec l'astrologie (astronomie) de ce temps-l��.
Il avait beaucoup de go?t pour les arts, la musique surtout, et il avait ��tudi�� le dessin aupr��s de son ami Giotto et de Cimabue. Quant �� la po��sie,bien ?qu'il se f?t de bonne heure exerc�� �� rimer?, c'est �� son amour pour B��atrice, morte en 1290, qu'il rapporte lui-m��me le d��veloppement de ses instincts po��tiques.
On para?t assez incertain au sujet de la part qu'a pu prendre �� son ��ducation Brunetto Latini, dont il parle dans la Com��die avec des expressions d'une reconnaissance attendrie.[9]
Brunetto Latini ��tait n�� �� Florence en 1210; il y est mort en 1284. Il ��tait en 1263 �� Paris, et il a fait un long s��jour en France. Il ne rentra �� Florence qu'en 1266, avec les autres exil��s Guelfes. Ce n'est donc qu'apr��s l'age de dix-neuf ans que Dante a pu s'entretenir avec lui, car il ne s'est agi peut-��tre que d'un commerce plut?t intellectuel et aflectueux que d'un enseignement proprement dit.
On ne peut pas prendre �� la lettre les t��moignages excessifs que nous trouvons dans la Vita nuova de la passion de Dante pour B��atrice. Il ne faudrait pas nous le repr��senter, comme on pourrait ��tre tent�� de le faire, passant son temps �� courir les rues �� la recherche de cette beaut�� dont son coeur ne pouvait se d��tacher. Ce serait, dit M. Del Lungo, en faire un Dante ridicule.[10]
S'il a pu concevoir d��s son enfance une passion qui ne devait jamais s'��teindre (en d��pit d'��clipses passag��res), on doit croire que, dans cette ame extraordinaire, la pens��e et l'imagination n'ont pas d? montrer une moindre pr��cocit��.
Le d��sordre o�� vivait la soci��t�� d'alors, les r��volutions incessantes que subissait le gouvernement de son pays, le spectacle humiliant et scandaleux qu'offrait le gouvernement de l'��glise, depuis le tr?ne de saint Pierre jusqu'aux derni��res ramifications du monde eccl��siastique, ont d? faire ��clore de bonne heure, dans cette t��te puissante et dans ce coeur d'une merveilleuse sensibilit��, bien des r��ves ��tranges et des conceptions extraordinaires, s'agiter bien des doutes cuisans, peut-��tre m��me se former d��j�� des fantasmagories d��lirantes.
Dante menait pendant cette premi��re jeunesse une vie assez retir��e[11], et ne para?t pas avoir pr��cis��ment v��cu dans le monde, comme nous entendons ce mot, o�� peut-��tre sa situation personnelle ne l'appelait pas, et dont son propre caract��re pouvait l'��loigner. Cependant il avait des amis parmi les jeunes gens de son age, et il para?t les avoir choisis parmi les jeunes litt��rateurs les plus distingu��s, les rimeurs, comme on les appelait alors, et il ��tait lui-m��me un rimeur.
Du reste, il ne nous ��claire pas lui-m��me sur son genre de vie et ses habitudes. On peut remarquer que, soit dans les r��cits en prose de la Vita nuova, soit dans les vers qu'ils encadrent, il ne s'��carte pas un instant de ce qui touche �� B��atrice, qu'il s'agisse d'incidens quelconques ou de sa propre pens��e.
Les moeurs ��taient sans doute tr��s relach��es �� Florence. Boccace nous dit que c'est un sujet d'��tonn��ment (una piccola maraviglia) qu'alors qu'on fuyait tout plaisir honn��te, et qu'on ne songeait qu'�� se procurer des plaisirs conformes alla propria lascivia, Dante ait pu aimer autrement.[12] Du reste, le po��te a exprim�� lui-m��me l'��tonnement que pourrait causer l'empire que ?tant de jeunesse avait pu exercer sur ses passions et ses impulsions?.[13]
Cependant, si la puret�� de sa passion pour B��atrice n'a subi aucune tache, il ne para?t pas que l'on puisse en dire autant pour ce qui concerne d'autres p��riodes de son existence.
La virulente admonestation qu'il se fait adresser par l'Ombre de B��atrice au
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