La San-Felice | Page 9

Alexandre Dumas, père
parce que c'��taient d'honn��tes gens...
--Et la seconde?
--Parce qu'ils sont morts.
--Ah! ah! c'est sur les Backer, alors?
--Justement.
--En ce cas, c'est autre chose.
--Vous avez confiance?
--Oui.
--C'est bien heureux!
Mejean ��teignit sa lanterne. Il avait trouv�� un banquier qui, en temps de r��volution, payait �� vue une lettre de change: c'��tait plus que Diog��ne ne demandait �� Ath��nes.
Salvato pressa de ses pieds la terre qui recouvrait le coffret. En cas de retour de son p��re, l'absence du billet devait lui dire que Salvato ��tait venu.
Tous deux reprirent le m��me chemin qu'ils avaient d��j�� suivi et rentr��rent au chateau Saint-Elme aux premiers rayons du jour. Les nuits, au mois de juin, sont, on le sait, les plus courtes de l'ann��e.
Luisa attendait debout et tout habill��e le retour de Salvato: son inqui��tude ne lui avait point permis de se coucher.
Salvato lui raconta tout ce qui s'��tait pass��.
Luisa prit un papier et ��crivit dessus un ordre �� la maison Backer de payer, �� son d��bit et �� vue, une somme de vingt mille francs.
Puis, tendant le papier �� Salvato:
--Tenez, mon ami, dit-elle, portez cela au colonel; le pauvre homme dormira mieux avec cette lettre de change sous son oreiller. Je sais bien, ajouta-t-elle en riant, qu'�� d��faut des vingt mille francs, il lui reste notre t��te; mais je doute que toutes les deux ensemble, une fois coup��es, il les estimat vingt mille francs.
L'esp��rance de Luisa fut tromp��e, comme l'avait ��t�� celle de Salvato. Le juge Speciale ��tait arriv�� la veille de Procida, o�� il avait fait pendre trente-sept personnes, et il avait mis, au nom du roi, le s��questre sur la maison Backer.
Depuis la veille, les payements avaient cess��.

LXXXVI
LA BIENVENUE DE SA MAJEST��
D��s le 25 juin, avant qu'il e?t appris de la bouche m��me de Ruffo que celui-ci se s��parait de la coalition, Nelson avait envoy�� au colonel Mejean l'intimation suivante:
?Monsieur, Son ��minence le cardinal Ruffo et le commandant en chef de l'arm��e russe vous ont fait sommation de vous rendre: je vous pr��viens que, si le terme qui vous �� ��t�� accord�� est outrepass�� de deux heures, vous devrez en subir les cons��quences, et que je n'accorderai plus rien de ce qui vous a ��t�� offert.
?NELSON.?
Pendant les jours qui suivirent cette sommation, c'est-��-dire du 26 au 29, Nelson fut occup�� �� faire arr��ter les patriotes, �� marchander la trahison du fermier et �� faire pendre Caracciolo; mais cette oeuvre de honte termin��e, il put s'occuper de l'arrestation des patriotes qui n'��taient point encore entre ses mains et du si��ge du chateau Saint-Elme.
En cons��quence, il fit descendre �� terre Troubridge avec treize cents Anglais, tandis que le capitaine Baillie se joignait �� lui avec cinq cents Russes.
Pendant les six premiers jours, Troubridge fut second�� par son ami le capitaine Ball; mais, celui-ci ayant ��t�� envoy�� �� Malte, il fut remplac�� par le capitaine Benjamin Hollowel, celui-l�� m��me qui avait fait cadeau �� Nelson d'un cercueil taill�� dans le grand mat du vaisseau fran?ais l'Orient.
Quoi qu'en aient dit les historiens italiens, une fois accul�� au pied de ses murailles, Mejean, qui, par ses n��gociations, avait compromis l'honneur national, voulut sauver l'honneur fran?ais.
Il se d��fendit courageusement, et le rapport �� lord Keith, de Nelson, qui se connaissait en courage, rapport qui commence par ces mots: ?Pendant un combat acharn�� de huit jours, dans lequel notre artillerie s'est avanc��e �� cent quatre-vingts yards des foss��s...? en est un ��clatant t��moignage.
Pendant ces huit jours, le cardinal ��tait rest�� les bras crois��s sous sa tente.
Dans la nuit du 8 au 9 juillet, on signala deux batiments que l'on crut reconna?tre, l'un pour anglais, l'autre pour napolitain, et qui, passant �� l'ouest de la flotte anglaise, faisaient voile vers Procida.
Le matin du 9, en effet, on vit dans le port de cette ?le deux vaisseaux, dont l'un, le Sea-Horse, portait le pavillon anglais, et l'autre, la Sir��ne, portait non-seulement le pavillon napolitain, mais encore la banni��re royale.
Le 9, au matin, le cardinal recevait du roi cette lettre, sans grande importance pour notre histoire, mais qui prouvera du moins que nous n'avons laiss�� passer aucun document sans l'avoir lu et utilis��.
?Procida, 9 juillet 1799.
?Mon ��minentissime,
?Je vous envoie une foule d'exemplaires d'une lettre que j'ai ��crite pour mes peuples. Faites-la-leur conna?tre imm��diatement, et rendez-moi compte de l'ex��cution de mes ordres par Simonetti, avec lequel j'ai longuement caus�� ce matin. Vous comprendrez ma d��termination �� l'��gard des employ��s du barreau.
?Que Dieu vous garde comme je le d��sire.
?Votre affectionn��,
?FERDINAND B.?
Le roi ��tait attendu de jour en jour. Le 2 juillet, il avait re?u les lettres de Nelson et de Hamilton qui lui annon?aient la mort de Caracciolo et qui le pressaient de venir.
Le m��me jour, il ��crivait au cardinal, dont il n'avait point encore re?u la d��mission:
?Palerme, 2 juillet 1799.
?Mon ��minentissime,
?Les lettres que je re?ois aujourd'hui, et celle surtout que j'ai re?ue dans la soir��e du 20, m'ont
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