vent n'a point tenu, mais nous allons avoir un grain.
--Sans compter, milord, r��pondit Henry, que nous sommes en mauvaise position pour le recevoir. Nous aurions d? faire m��me route que la Minerve.
Nelson ne put r��primer un mouvement de mauvaise humeur.
--Je n'aime pas plus que Votre Seigneurie cet orgueilleux Caracciolo qui la commande; mais il faut convenir, milord, que le compliment que vous vouliez bien me faire tout �� l'heure, lui aussi le m��rite. C'est un v��ritable homme de mer, et la preuve, c'est qu'en passant entre Capri et le cap Campanella, il a au vent Capri,--qui va adoucir pour lui la violence du grain que nous recevrons, sans en perdre une goutte de pluie ni une bouff��e de vent,--et sous le vent tout le golfe de Salerne.
Nelson se tourna avec inqui��tude vers la masse noire qui se dressait devant lui et qui, du c?t�� du sud-ouest, ne pr��sente aucun abri.
--Bon! dit-il, nous sommes �� un mille de Capri.
--Je voudrais en ��tre �� dix milles, dit Henry entre ses dents, mais pas assez bas, cependant, pour que Nelson ne l'entend?t pas.
Une rafale d'ouest passa, pr��curseur du grain dont parlait Henry.
--Faites amener les perroquets et serrez le vent.
--Votre Seigneurie ne craint point pour la mature? demanda Henry.
--Je crains la c?te, voil�� tout, r��pondit Nelson.
Henry, de cette voix pleine et sonore du marin qui commande aux vents et aux flots, r��p��ta le commandement, qui s'adressait �� la fois aux matelots de quart et au timonier:
--Amenez les perroquets! Lofez!
Le roi avait entendu cette conversation et ce commandement sans rien y comprendre; seulement, il avait devin�� qu'on ��tait menac�� d'un danger et que ce danger venait de l'ouest.
Il acheva donc de monter sur la dunette, et, quoique Nelson n'entend?t gu��re mieux l'italien que, lui, Ferdinand, n'entendait l'anglais, il lui demanda:
--Est-ce qu'il y a du danger, milord?
Nelson s'inclina, et, se tournant vers Henry:
--Je crois que Sa Majest�� me fait l'honneur de m'interroger, dit-il. R��pondez, Henry, si vous avez compris ce qu'a demand�� le roi.
--Il n'y a jamais de danger, sire, r��pondit Henry, sur un batiment command�� par milord Nelson, parce que sa pr��voyance va au-devant de tous les dangers; seulement, je crois que nous allons avoir un grain.
--Un grain de quoi? demanda le roi.
--Un grain de vent, r��pondit Henry ne pouvant s'emp��cher de sourire.
--Je trouve le temps assez beau cependant, dit le roi en regardant, au-dessus de sa t��te, la lune qui glissait sur un ciel ouat�� de nuages laissant entre eux des intervalles d'un bleu fonc��.
--Ce n'est point au-dessus de notre t��te qu'il faut regarder, sire. C'est l��-bas, �� l'horizon, devant nous. Votre Majest�� voit-elle cette ligne noire qui monte lentement dans le ciel et qui n'est s��par��e de la mer, aussi sombre qu'elle, que par un trait de lumi��re, qui semble un fil d'argent? Dans dix minutes elle ��clatera au-dessus de nous.
Une seconde bouff��e de vent passa, charg��e d'humidit��; sous sa pression, le Van-Guard s'inclina et g��mit.
--Carguez la grande voile! dit Nelson laissant Henry continuer la conversation avec le roi et jetant ses commandements sans transmission interm��diaire. Halez bas le grand foc!
Cette manoeuvre fut ex��cut��e avec une promptitude qui indiquait que l'��quipage en comprenait l'importance, et le vaisseau, d��charg�� d'une partie de sa toile, navigua sous sa brigantine, sous ses trois huniers et sous son petit foc.
Nelson se rapprocha de Henry et lui dit quelques mots en anglais.
--Sire, dit Henry, Sa Seigneurie me prie de faire observer �� Votre Majest�� que, dans quelques minutes, le grain va s'abattre sur nous, et que, si elle reste sur le pont, la pluie n'aura pas plus de respect pour elle que pour le dernier de nos midshipmen.
--Puis-je rassurer la reine et lui dire qu'il n'y a pas de danger? demanda le roi, qui n'��tait point fach�� d'��tre rassur�� lui-m��me en passant.
--Oui, sire, r��pondit Henry. Avec l'aide de Dieu, milord et moi r��pondons de tout.
Le roi descendit, toujours suivi de Jupiter, qui, soit redoublement de malaise, soit pressentiment comme en ont parfois les animaux �� l'approche du danger, le suivit en g��missant. Comme l'avait annonc�� Henry, quelques minutes s'��taient �� peine ��coul��es, que le grain s'abattait sur le Van-Guard et qu'avec un effroyable accompagnement de tonnerre et un d��luge de pluie, il d��clarait la guerre �� toute la flotte.
Ferdinand jouait de malheur: apr��s qu'il avait ��t�� trahi par la terre, la mer �� son tour le trahissait.
Malgr�� l'assurance que lui avait donn��e le roi en descendant pr��s d'elle, la reine, aux premi��res secousses qu'��prouva le vaisseau et aux premiers g��missements qu'il poussa, comprit que le Van-Guard ��tait aux prises avec l'ouragan. Plac��e imm��diatement au-dessous du pont, elle entendait sans en rien perdre ce pi��tinement press�� et irr��gulier des matelots qui indique le danger par les efforts que l'on fait pour lutter contre lui. Elle ��tait assise sur son lit, avec toute sa famille group��e autour d'elle, et Emma,
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