ne sera pas longue.
Les jeunes gens ��chang��rent un serrement de main et un sourire, puis Luisa se leva et sortit.
A peine la porte fut-elle referm��e derri��re Luisa, que Salvato ferma les yeux, comme il avait l'habitude de le faire quand la jeune femme n'��tait plus l��.
Michele, croyant qu'il voulait dormir, s'approcha de Nina.
--Qui ��tait-ce donc? demanda-t-il �� demi-voix, avec cette curiosit�� na?ve de l'homme �� demi sauvage dont l'instinct n'est point soumis aux convenances de la soci��t��.
Nina, qui avait parl�� tr��s-bas �� sa ma?tresse, haussa la voix d'un demi-ton et de mani��re que Salvato, qui n'avait point entendu ce qu'elle disait �� sa ma?tresse, entendit ce qu'elle disait �� Michele.
--C'est ce jeune banquier si riche et si ��l��gant, dit-elle; tu le connais bien!
--Bon! r��pliqua Michele, voil�� que je connais les banquiers, moi!
--Comment! tu ne connais pas M. Andr�� Backer?
--Qu'est-ce que c'est que cela, M. Andr�� Backer?
--Comment! tu ne te rappelles pas? Ce joli gar?on blond, un Allemand ou un Anglais, je ne sais pas bien, mais qui a fait sa cour �� madame avant qu'elle ��pousat le chevalier.
--Ah! oui, oui. N'est-ce pas chez lui que Luisa a toute sa fortune?
--Justement, tu y es.
--C'est bon. Lorsque je serai colonel, lorsque j'aurai des ��paulettes et le sabre que M. Salvato m'a promis, il ne me manquera qu'un cheval comme celui sur lequel se prom��ne M. Andr�� Backer pour ��tre ��quip�� compl��tement.
Nina ne r��pondit point; elle avait, tandis qu'elle parlait, tenu son regard arr��t�� sur le bless��, et, au fr��missement presque imperceptible des muscles de son visage, elle avait compris que le pr��tendu dormeur n'avait point perdu une parole de ce qu'elle avait dit �� Michele.
Pendant ce temps, Luisa ��tait pass��e au salon, o�� l'attendait la visite annonc��e; au premier moment, elle eut peine �� reconna?tre Andr�� Backer; il ��tait v��tu en costume de cour, avait coup�� ses longs favoris blonds �� l'anglaise, ornement que, soit dit en passant, d��testait le roi Ferdinand; il portait au cou la croix de commandeur de Saint-Georges Constantinien, et la plaque sur l'habit; il avait la culotte courte et l'��p��e au c?t��.
Un l��ger sourire passa sur les l��vres de Luisa. A quelle intention le jeune banquier lui faisait-il, dans un pareil costume, c'est-��-dire dans un costume de cour, une pareille visite �� onze heures et demie du matin? Sans doute, elle allait le savoir.
Au reste, hatons-nous de dire que Andr�� Backer, de race anglo-saxonne, ��tait un charmant gar?on de vingt-six �� vingt-huit ans, blond, frais, rose, avec la t��te carr��e des faiseurs de chiffres, le menton accentu�� du sp��culateur ent��t�� aux affaires, et la main spatul��e des compteurs d'argent.
Tr��s-��l��gant et habituellement plein de d��sinvolture, il ��tait un peu emprunt�� sous ce costume dont il n'avait pas l'habitude et qu'il portait avec tant de complaisance, que, sans affectation et comme par hasard, il s'��tait plac�� devant une glace pour voir l'effet que faisait la croix de Saint-Georges �� son cou et la plaque du m��me ordre sur sa poitrine.
--Oh! mon Dieu, cher monsieur Andr��, lui dit Luisa apr��s l'avoir regard�� un instant et lui avoir laiss�� faire un respectueux salut, comme vous voil�� splendide! Je ne m'��tonne point que vous ayez insist��, non pour me voir sans doute, mais pour que j'aie le plaisir de vous voir dans toute votre gloire. O�� allez-vous donc comme cela? car je pr��sume que ce n'est point pour me faire une visite d'affaires que vous avez rev��tu ce costume de cour.
--Si j'eusse cru, madame, que vous eussiez pu avoir plus de plaisir �� me voir avec ce costume que sous mes habits ordinaires, je n'eusse point attendu jusqu'aujourd'hui pour le rev��tir; non, madame, je sais, au contraire, que vous ��tes une de ces femmes intelligentes qui, en choisissant toujours le v��tement qui leur convient le mieux, font peu d'attention �� la fa?on dont les autres sont v��tus; ma visite est un effet de ma volont��; mais ce costume, sous lequel je me pr��sente �� vous, est le r��sultat des circonstances. Le roi a daign��, il y a trois jours, me faire commandeur de l'ordre de Saint-Georges Constantinien, et m'inviter �� d?ner �� Caserte pour aujourd'hui.
--Vous ��tes invit�� par le roi �� d?ner �� Caserte aujourd'hui? fit Luisa avec une expression de surprise qui indiquait un degr�� d'��tonnement peu flatteur pour les droits que pouvait se croire le jeune banquier �� ��tre admis �� la table du roi, le plus lazzarone des hommes dans les rues, le plus aristocrate des rois dans son chateau. Ah! mais je vous en fais mon compliment bien sinc��re, monsieur Andr��.
--Vous avez raison de vous ��tonner, madame, de voir un pareil honneur fait au fils d'un banquier, r��pliqua le jeune homme, un peu piqu�� de la fa?on dont Luisa le f��licitait; mais n'avez-vous pas entendu raconter qu'un jour Louis XIV, si aristocrate qu'il f?t, invita �� d?ner avec
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