La San-Felice, Tome 8 | Page 9

Alexandre Dumas, père
le portaient le d��pos��rent sur la table. D��cid�� �� ne pas ��changer une parole avec ses bourreaux, soit par le m��pris qu'il faisait d'eux, soit par la conviction que cette parole serait inutile, il se coucha sur le c?t�� comme un homme qui dort.
Alors, entre tous ces hommes, experts en torture, il fut d��battu de quel genre de mort mourrait Salvato.
Br?l�� �� petit feu, ��corch�� vif, coup�� en morceaux, Salvato pouvait supporter tout cela sans jeter une plainte, sans pousser un cri.
C'��tait du meurtre, et, aux yeux de ces hommes, le meurtre ne d��shonorait pas, n'humiliait pas, n'abaissait pas celui qui en ��tait la victime.
Le becca?o voulait autre chose. D'ailleurs, il d��clarait qu'ayant ��t�� d��figur�� et mutil�� par Salvato, Salvato lui appartenait. C'��tait son bien, sa propri��t��, sa chose. Il avait donc le droit de le faire mourir comme il voudrait.
Or, il voulait que Salvato mour?t pendu.
La pendaison est une mort ridicule, o�� le sang n'est point r��pandu,--le sang ennoblit la mort;--les yeux sortent de leurs orbites, la langue enfle et jaillit hors de la bouche, le patient se balance avec des gestes grotesques. C'��tait ainsi, pour qu'il mour?t dix fois, que Salvato devait mourir.
Salvato entendait toute cette discussion, et il ��tait forc�� de se dire que le becca?o, e?t-il ��t�� Satan lui-m��me, et, en sa qualit�� de roi des r��prouv��s, e?t-il pu lire en son ame, il n'e?t pas mieux devin�� ce qui s'y passait.
Il fut donc convenu que Salvato mourrait pendu.
Au-dessus de la table o�� ��tait couch�� Salvato se trouvait un anneau ayant servi �� suspendre un lustre.
Seulement, le lustre avait ��t�� bris��.
Mais on n'avait pas besoin du lustre pour ce que voulait faire le becca?o: on n'avait besoin que de l'anneau.
Il prit une corde dans sa main droite, et, si mutil��e que f?t sa main gauche, il parvint �� y faire un noeud coulant.
Puis il monta sur la table, et, de la table, comme il e?t fait d'un escabeau, sur le corps de Salvato, qui demeura aussi insensible �� la pression du pied immonde que s'il e?t ��t�� d��j�� chang�� en cadavre.
Il passa la corde dans l'anneau.
Tout �� coup il s'arr��ta; il ��tait ��vident qu'une id��e nouvelle venait de lui traverser l'esprit.
Il laissa le noeud coulant pendre �� l'anneau et jeta �� terre l'autre extr��mit�� de la corde.
--Oh! dit-il, camarades, je vous demande un quart d'heure, rien qu'un quart d'heure! Pendant un quart d'heure, promettez-moi de me le garder vivant, et je vous promets, moi, pour ce jacobin, une mort dont vous serez tous contents.
Chacun demanda au becca?o ce qu'il voulait dire et de quelle mort il entendait parler; mais le becca?o, refusant obstin��ment de r��pondre aux questions qui lui furent faites, s'��lan?a hors du palais et prit sa course vers la via dei Sospiri-dell'Abisso.

LXV
CE QU'ALLAIT FAIRE LE BECCA?O VIA DEI SOSPIRI-DELL'ABISSO
La via dei Sospiri-dell'Abisso, c'est-��-dire la rue des Soupirs-de-l'Ab?me, donnait d'un c?t�� sur le quai della strada Nuova, de l'autre sur le Vieux-March��, o�� se faisaient d'habitude les ex��cutions.
On l'appelait ainsi, parce qu'en entrant dans cette rue, les condamn��s, pour la premi��re fois, apercevaient l'��chafaud et qu'il ��tait bien rare que cette vue ne leur tirat point un amer soupir du fond des entrailles.
Dans une maison �� porte si basse qu'il semblait qu'aucune cr��ature humaine n'y p?t entrer la t��te lev��e, et dans laquelle on n'entrait, en effet, qu'en descendant deux marches et en se courbant, comme pour entrer dans une caverne, deux hommes causaient �� une table sur laquelle ��taient pos��s un fiasco de vin du V��suve et deux verres.
L'un de ces hommes nous est compl��tement ��tranger; l'autre est notre vieille connaissance Basso Tomeo, le p��cheur de Mergellina, le p��re d'Assunta et des trois gaillards que nous avons vus tirer le filet le jour de la p��che miraculeuse, qui fut le dernier jour des deux fr��res della Torre.
On se rappelle �� la suite de quelles craintes qui le poursuivaient �� Mergellina il ��tait venu demeurer �� la Marinella, c'est-��-dire �� l'autre bout de la ville.
En tirant ses filets, ou plut?t les filets de son p��re, Giovanni, son dernier fils, avait remarqu��, �� la fen��tre de la maison faisant le coin du quai de la strada Nuova et de la rue des Soupirs-de-l'Ab?me, fen��tre �� fleur de terre �� cause des deux marches �� l'aide desquelles on descendait dans l'appartement que, dans le jargon de nos constructeurs modernes, on appellerait un sous-sol,--Giovanni avait, disons-nous, remarqu�� une belle jeune fille dont il ��tait devenu amoureux.
Il est vrai que son nom semblait la pr��destiner �� ��pouser un p��cheur: elle s'appelait Marina.
Giovanni, qui arrivait de l'autre c?t�� de la ville, ne savait pas ce que personne n'ignorait du pont de la Madeleine �� la strada del Piliere: c'��tait �� qui appartenait cette maison �� porte basse et de qui ��tait fille cette belle fleur de gr��ve qui s'��panouissait ainsi
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