comme elle ne rencontra le canon du fusil qu'apr��s avoir rencontr�� la main du becca?o, trois de ses doigts tomb��rent �� terre.
Le becca?o poussa un rugissement de douleur et surtout de col��re.
--Heureusement, dit-il, que c'est �� la main gauche: il me reste la main droite pour te pendre!
Salvato fut garrott�� avec les cordes que l'on avait prises chez le boucher et emport�� dans un palais, au fond de la cave duquel on venait de trouver des cordes et dont on jetait les meubles et les habitants par la fen��tre.
Quatre heures sonnaient �� l'horloge de la Vicaria.
�� la m��me heure, le cur�� Antonio Toscano tenait la parole qu'il avait donn��e au jeune g��n��ral.
Comme toutes les heures de cette journ��e, c��l��bre dans les annales de Naples, furent marqu��es par quelques traits de d��vouement, d'h��ro?sme ou de cruaut��, je suis forc�� d'abandonner Salvato, si pr��caire que soit sa situation, pour dire �� quel point en ��tait le combat.
Apr��s la mort du g��n��ral Writz, le commandant en second Grimaldi avait pris la direction de la bataille. C'��tait un homme d'une force hercul��enne et d'un courage ��prouv��. Deux ou trois fois, les sanf��distes, lanc��s au del�� du pont par ces ��lans des montagnards auxquels rien ne r��siste, vinrent attaquer corps �� corps les r��publicains. C'��tait alors que l'on voyait le g��ant Grimaldi, se faisant une massue d'un fusil ramass�� �� terre, frapper avec la r��gularit�� d'un batteur en grange et abattre �� chaque coup un homme, avec son terrible fl��au.
En ce moment, on vit ce vieillard presque aveugle qui avait demand�� un fusil en promettant de s'approcher si pr��s de l'ennemi qu'il serait bien malheureux s'il ne le voyait pas;--en ce moment, disons-nous, on vit Louis Serio, tra?nant ses deux neveux plut?t qu'il n'��tait conduit par eux, s'avancer jusqu'au bord du Sebeto, o�� ils l'abandonn��rent. Mais, l��, il n'��tait plus qu'�� vingt pas des sanf��distes. Pendant une demi-heure, on le vit charger et d��charger son fusil avec le calme et le sang-froid d'un vieux soldat, ou plut?t avec le sto?que d��sespoir d'un citoyen qui ne veut pas survivre �� la libert�� de son pays. Il tomba enfin, et, au milieu des nombreux cadavres qui encombraient les abords du fleuve, son corps resta perdu ou plut?t oubli��.
Le cardinal comprit que jamais on ne forcerait le passage du pont tant que la double canonnade du fort de Vigliana et de la flottille de Caracciolo prendrait ses hommes en flanc.
Il fallait d'abord s'emparer du fort; puis, le fort pris, on foudroierait la flottille avec les canons du fort.
Nous avons dit que le fort ��tait d��fendu par cent cinquante ou deux cents Calabrais, command��s par le cur�� Antonio Toscano.
Le cardinal mit tout ce qu'il avait de Calabrais sous les ordres du colonel Rapini, Calabrais lui-m��me, et leur ordonna de prendre le fort, co?te que co?te.
Il choisissait des Calabrais pour combattre les Calabrais, parce qu'il savait qu'entre compatriotes la lutte serait mortelle: les luttes fratricides sont les plus terribles et les plus acharn��es.
Dans les duels entre ��trangers, parfois les deux adversaires survivent; nul n'a surv��cu d'��t��ocle et de Polynice.
En voyant le drapeau aux trois couleurs flottant au-dessus de la porte et en lisant la l��gende grav��e au-dessous du drapeau: Nous venger, vaincre ou mourir! les Calabrais, ivres de fureur, se ru��rent sur le petit fort, des haches et des ��chelles �� la main.
Quelques-uns parvinrent �� entamer la porte �� coups de hache; d'autres arriv��rent jusqu'au pied des murailles, o�� ils tent��rent d'appuyer leurs ��chelles; mais on e?t dit que, comme l'arche sainte, le fort de Vigliana frappait de mort quiconque le touchait.
Trois fois les assaillants revinrent �� la charge et trois fois furent repouss��s en laissant les approches du fort jonch��es de cadavres.
Le colonel Rapini, bless�� de deux balles, envoya demander du secours.
Le cardinal lui envoya cent Russes et deux batteries de canon.
Les batteries furent ��tablies, et, au bout de deux heures, la muraille offrait une br��che praticable.
On envoya alors un parlementaire au commandant: il offrait la vie sauve.
--Lis ce qui est ��crit sur la porte du fort, r��pondit le vieux pr��tre: Nous venger, vaincre ou mourir! Si nous ne pouvons vaincre, nous mourrons et nous nous vengerons.
Sur cette r��ponse, Russes et Calabrais s'��lanc��rent �� l'assaut.
La fantaisie d'un empereur, le caprice d'un fou, de Paul Ier, envoyait des hommes n��s sur les rives de la N��va, du Volga et du Don, mourir pour des princes dont ils ignoraient le nom, sur les plages de la M��diterran��e.
Deux fois ils furent repouss��s et couvrirent de leurs cadavres le chemin qui conduisait �� la br��che.
Une troisi��me fois, ils revinrent �� la charge, les Calabrais conduisant l'attaque. Au fur et �� mesure que ceux-ci d��chargeaient leurs fusils, ils les jetaient; puis, le couteau �� la main, ils s'��lan?aient dans l'int��rieur du fort. Les Russes les suivaient, poignardant avec leurs ba?onnettes tout ce qu'ils trouvaient
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